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J-45 . H-5



        Il est bien. Au chaud. Confiant, tout dodelinant dans ses replis, un peu tressautant peut-être mais c’est qu’on est en retard. Ah, s’il avait su où elle les emmène… il aurait bien trouvé quelque chose. Il aurait implosé, pour sûr. Mais puisqu’on ne le tient jamais au courant de rien, à dix pas de la trahison, il est toujours blotti dans le cocon de sa bonne nature. Il est comme ça, Hardy. Bonne pâte. La peau geint, les trapèzes regimbent, lui ne bronche même pas. Il est au-dessus de ça. 
        Et puis comment pourrait-il deviner, d’ailleurs ? Dix ans qu’elle ressasse, réfléchit, tergiverse, évalue, soupèse, discute, questionne, bref, brasse de l’air sans jamais passer à l’acte. Il est censé faire du voudou ? Lire dans les vergetures ? Et puis quoi, encore ?
D’autant que si la première fois qu’elle en a parlé, il a failli s’en arracher le téton, depuis le temps, hein… Elle parle beaucoup, agit peu et ça lui convient pas trop mal, à Hardy. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?  Lui, il aime le simple. Bosser, dormir, se faire papouiller. Choper toutes les molécules de chocolat sans que la commission digestive le remarque. Papoter avec Laurel. Ce genre de trucs.
        Alors comment vouliez-vous qu’il la renifle, l’entourloupe ? Il y avait bien des rumeurs chez les ouvriers du nord, mais ce n’était ni la première ni la dernière fois, même Laurel était d’accord avec ça. Du vent, de l’air, des clous, pas la peine de s’inquiéter sauf que comme d’habitude, sans rien dire, Laurel s’est préparé malgré tout. Hardy, que dalle.
Une trentaine de minutes après la fin de leur marche forcée, écrasé contre Laurel dans sa cage dentelée, vaguement affaissé mais très détendu, il n’est préparé à rien. Il ne le sent vraiment pas venir, le vent du boulet. Pas même la première brise.
        Il est un peu surpris, certes. Voire un tantinet perturbé. En moins de dix secondes la laine, puis le coton, les cotons n°2 et 3 –c’est qu’il fait frais, ce matin– et même la cage, tout s’envole, or en général, lorsque les épaisseurs disparaissent à cette allure, le Reproducteur se tient juste derrière, les mains tendues. 
        Le Reproducteur n’est pas là. Ou si on en a changé, on a fait une sacrée mauvaise affaire, conclut Hardy face au vieux bedonnant le détaillant insolemment sous sa paupière plissée. 
        Battu par les vents, nez bas et vaguement embarrassé, il se presse contre Laurel. Laurel, le sage, le cadet, qui s’étonne sans un trémolo de ne pas reconnaître le décor. Vrai, constate Hardy, scannant la plus grande surface possible du coin de l’œil. C’est moche, c’est froid, on se croirait chez les anticorps, et ça ne lui dit rien qui vaille. Limite ça sent les embrouilles, même. 
Puis soudain, sans même demander ou au minium avertir, le type bedonnant avance une main froide. Hardy s’en étouffe d’indignation. Il se doutait bien que ses lunettes dissimulaient un vieux fourbe ! Tous les mêmes ! Pervers ! Goujat, mufle, sagouin ! Bouc lubrique ! 
        Laurel éclate de rire, obligeant Hardy à se calmer. Il ne fait que les ausculter, explique Laurel. Du calme. Hardy fronce le nez, à peine rassuré. Un inconnu, quand même. Et aux mains froides. Fut une époque où on était plus à cheval sur les manières.
Il s’essaye aux exercices de méditation de Laurel, histoire de ne pas s’en boucher les canaux de colère. En plus d’avoir les mains froides, le bedonnant les soupèse comme des tournedos, la mine concentrée. Avant d’annoncer tout à trac que Laurel est plus mince et plus haut.
        Nom d’une glande. Hardy ne trouve même pas de répartie. Qui que soit ce type, il outrepasse la politesse la plus élémentaire sans un mot d’excuse et la Propriétaire ne dit rien, elle ne les défend même pas, se contentant de confirmer qu’elle avait remarqué. Encore heureux que tu avais remarqué, grognasse ! Depuis le temps que je te prête ma courbe généreuse ! 
Hardy bout de rage, à tel point qu’il ne comprend pas tout de suite. Laurel a toujours été plus rapide. Moins futé, mais plus rapide. Plus zen, aussi.
        Trois fois rien, chuchote l’homme aux mains froides tandis que la cage se réajuste. Anesthésie, pas douloureux, ajoute-t-il à la première épaisseur de coton. Cicatrices ? Demande-t-elle à la seconde. Réduction, décrète-t-il à la troisième. Opération, pas anodin. La laine reprend sa place. Hardy vacille, l’aréole en déconfiture.
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