J 210 . H 0
Hardy pousse un nouveau soupir, juste histoire de couvrir celui de Laurel. Il est bien, constate-t-il, la face aplatie contre le torse brûlant. C’est marrant. Il adorait le torse de l’ancien Reproducteur, mais ça, c’était parce qu’il ne connaissait pas encore le nouveau. Il est plus doux. Le poil moins agressif, la peau plus tendre, la pression mieux maîtrisée.
Et puis ses doigts sont moins calleux, et sur leurs nez rafistolés, aux sensations exacerbées par les raccordements nerveux tous frais, c’est mieux. Sans même mentionner le fait qu’il les appelle Les Beaux Gosses. Ça en jette, Les Beaux Gosses, hein.
Quel coup de bol, quand même. La période de vacance entre les deux Reproducteurs a été relativement réduite, et le comité ovarien dit qu’il a bon espoir, que la semence de celui-ci a l’air d’excellente qualité. La délégation cardiaque sort très lentement de sa torpeur, mais a du moins cessé sa grève. Quant à la direction cérébrale, ils sont tous emballés, là-haut. Le nouveau Reproducteur a un cerveau, un vrai, un bien rangé et bien stable. Fiable, quoi.
La main s’éloigne du dos, et même les pontes de la colonne ne peuvent retenir un infime grognement. Ouais. Même les pontes sont dingues du nouveau. C’est qu’il excelle en massages, aussi. En parlant de massage, Hardy fronce allègrement le nez. Il ne sent toujours pas grand-chose au niveau des flancs mais au centre, on est opérationnels. Et enthousiastes.
Ah, heureusement qu’il était là. Sans lui, rien ne serait jamais arrivé, ni l’opération, ni le nouveau Reproducteur, et les autres poules mouillées en seraient encore à se plaindre dans leur coin. Ouais, se répète-t-il, ignorant superbement le chœur de protestations agacées. Heureusement qu’il était là.