Tamara est une fée. Une fée du dé, une virtuose de la pelote, une qui bougonne dans son absence de barbe en tâtant du sergé, en soupesant de la flanelle, en comptant ses longueurs de satin. Vous voyez, quoi. Le genre à transformer ses rideaux en Dolce & Gabbana en vingt minutes et encore, seulement parce que sa machine à coudre traîne de la canette. Oui, Cendrillon, Disney tout ça, voilà, Tamara c’est ça, mais sans la robe de souillon.
Alors quand Chouchou leur a réservé deux semaines de vacances, son fil n’a fait qu’un tour - c’est qu’elle aime les défis, Tamara - elle a décidé de leur créer une garde-robe autonome. Qu’est-ce-que la garde-robe autonome ? C’est celle qui contient tout ce qu’il faut, où il faut, quand il faut, mais que personne d’autre n’a. Et si personne d’autre ne l’a, c’est parce que c’est elle qui l’a fait. Ouais. Tamara allait repousser les limites du DIY, voilà ce qu’elle a décidé, les yeux dans ceux de Chouchou qui agitait fièrement le guide de voyage.
J-60. Coudre des robes et des tee-shirts à la chaîne, aligner des kilomètres de paréo et de shorts, fastoche. J-30. Fabriquer des tongs, moins fastoche.
J-15. Persuader Chouchou de porter des tongs en tissu, carrément difficile, lui faire comprendre que la bagatelle attendra l’achèvement d’un modèle particulièrement compliqué de chemise à découpes, mission impossible.
J-5. Chouchou regardait de travers son nouveau bob à carreaux. Même pas mal, c’est avec la fierté de la mère couveuse que Tamara a finalement emballé son œuvre dans du papier de soie pour peupler la valise. Garde-robe autonome pour deux personnes, et ouais, on est fée du dé ou on ne l’est pas.
Jour J. Alors voilà, elle y était. Sable chaud, soleil changeant, mer… agitée, mais mer quand même. Chouchou était fier comme Artaban dans son short maison, celui avec la poche sur la cuisse pour transporter son portable. Même qu’elle lui avait waterproofé la poche, en plus. Chouchou avait galamment expédié quelques gouttelettes sur l’ouvrage, histoire de prouver à sa dulcinée à quel point il avait confiance en ses talents.
Quelques gouttelettes. Pas plus. Quelques gouttelettes qui n’ont pas suffi à rappeler à Tamara un infime détail. C’est qu’à vouloir assortir le short avec la chemise, la robe avec le paréo, le maillot de bain avec le sac… oui, bon. Elle s’est laissée déborder. Elle a fait sa sélection de tissu avec la passion d’une Castafiore, a mélangé, assorti, découpé, choisi les motifs sur leur couleur, les matières sur leur douceur. Et le comble, pour elle qui a pensé à doubler la poche de Chouchou, est de ne pas avoir pensé à waterproofer le reste. Dont, les maillots de bain.
Un maillot en lycra déjà, ça a tendance à coller au coquillage, soyons lucides. Mais ça a le mérite de sécher vite. Et pour peu qu'on tire un peu, le coquillage retrouve son mystère. Le coton, en revanche… Oui, voilà. Lui en short rayé, elle en bikini fleuri et qu’il était beau, son bikini ! Volanté sous les seins, avec d’adorables petits nœuds sur les hanches… un travail d’orfèvre. Dans une jolie cotonnade d’été toute fine, ce à quoi elle n’a pas pensé une seconde quand elle a chopé la main de Chouchou pour l’entraîner dans l’eau. Pas chaude, l’eau.
Ah ça, ils ont fait sensation. Quand ils sont ressortis main dans la main, peau perlée et cheveu ruisselant, la plage entière n’avait d’yeux que pour eux, et elle a pensé ça y est, je vais rentrer le carnet de commande plein à craquer. Lui, un poil surpris, d’abord. Puis gêné. Puis agacé. Et carrément furax, quand on a commencé à rire sur leur passage. C’est là, se dira plus tard Tamara, quand Chouchou se sera enfermé dans la salle de bains pour soigner sa virilité bafouée. C’est là qu’il s’est tourné vers elle. Et c’est là que son regard énamouré a viré au hibou tachycarde.
Imaginez donc la couturière, altière, la cotonnade collée au coquillage au point de pouvoir dénombrer les survivants du génocide pileux. Le volant plaqué au téton et le téton prêt à crever le triangle. Imaginez Artaban qui dans un geste chevaleresque, vole devant sa donzelle pour en cacher la pudeur exposée, avant que son cerveau n’émette une minuscule objection et ne lui ordonne de baisser les yeux. Froide, l’eau. Et si le portable dans sa poche doublée se dessinait à la touche près, il en allait de même pour son mat dans la tempête, son phare dans la nuit, dorénavant plus proche du sac de mini billes sous le coton rayé.
Sous le coup de la panique, les réactions ne sont pas toujours les plus censées. Ni les meilleures pour la santé de votre couple. Non, Tamara n’a pas ri, encore qu’elle l’aurait fait si elle avait réussi à se décoller la cotonnade du coquillage. Impossible. La cotonnade mouillée, ça fait ventouse. Alors quoi ? Alors elle a fui.
Elle a lâché Chouchou et piqué un sprint jusqu’à son sac avant de poursuivre sa course folle jusqu’à la chambre d’hôtel. Erreur : la serviette de Chouchou était dans son sac. Il a dû faire tout le trajet les mains plaquées sur les mini billes. Et depuis une heure qu’il est dans la salle de bain, persuadé d’avoir attrapé un rhume de billes remettant en cause ses capacités de reproduction, elle sent bien qu’elle va devoir lui coudre une cape de Superman pour le sortir de là.
Alors quand Chouchou leur a réservé deux semaines de vacances, son fil n’a fait qu’un tour - c’est qu’elle aime les défis, Tamara - elle a décidé de leur créer une garde-robe autonome. Qu’est-ce-que la garde-robe autonome ? C’est celle qui contient tout ce qu’il faut, où il faut, quand il faut, mais que personne d’autre n’a. Et si personne d’autre ne l’a, c’est parce que c’est elle qui l’a fait. Ouais. Tamara allait repousser les limites du DIY, voilà ce qu’elle a décidé, les yeux dans ceux de Chouchou qui agitait fièrement le guide de voyage.
J-60. Coudre des robes et des tee-shirts à la chaîne, aligner des kilomètres de paréo et de shorts, fastoche. J-30. Fabriquer des tongs, moins fastoche.
J-15. Persuader Chouchou de porter des tongs en tissu, carrément difficile, lui faire comprendre que la bagatelle attendra l’achèvement d’un modèle particulièrement compliqué de chemise à découpes, mission impossible.
J-5. Chouchou regardait de travers son nouveau bob à carreaux. Même pas mal, c’est avec la fierté de la mère couveuse que Tamara a finalement emballé son œuvre dans du papier de soie pour peupler la valise. Garde-robe autonome pour deux personnes, et ouais, on est fée du dé ou on ne l’est pas.
Jour J. Alors voilà, elle y était. Sable chaud, soleil changeant, mer… agitée, mais mer quand même. Chouchou était fier comme Artaban dans son short maison, celui avec la poche sur la cuisse pour transporter son portable. Même qu’elle lui avait waterproofé la poche, en plus. Chouchou avait galamment expédié quelques gouttelettes sur l’ouvrage, histoire de prouver à sa dulcinée à quel point il avait confiance en ses talents.
Quelques gouttelettes. Pas plus. Quelques gouttelettes qui n’ont pas suffi à rappeler à Tamara un infime détail. C’est qu’à vouloir assortir le short avec la chemise, la robe avec le paréo, le maillot de bain avec le sac… oui, bon. Elle s’est laissée déborder. Elle a fait sa sélection de tissu avec la passion d’une Castafiore, a mélangé, assorti, découpé, choisi les motifs sur leur couleur, les matières sur leur douceur. Et le comble, pour elle qui a pensé à doubler la poche de Chouchou, est de ne pas avoir pensé à waterproofer le reste. Dont, les maillots de bain.
Un maillot en lycra déjà, ça a tendance à coller au coquillage, soyons lucides. Mais ça a le mérite de sécher vite. Et pour peu qu'on tire un peu, le coquillage retrouve son mystère. Le coton, en revanche… Oui, voilà. Lui en short rayé, elle en bikini fleuri et qu’il était beau, son bikini ! Volanté sous les seins, avec d’adorables petits nœuds sur les hanches… un travail d’orfèvre. Dans une jolie cotonnade d’été toute fine, ce à quoi elle n’a pas pensé une seconde quand elle a chopé la main de Chouchou pour l’entraîner dans l’eau. Pas chaude, l’eau.
Ah ça, ils ont fait sensation. Quand ils sont ressortis main dans la main, peau perlée et cheveu ruisselant, la plage entière n’avait d’yeux que pour eux, et elle a pensé ça y est, je vais rentrer le carnet de commande plein à craquer. Lui, un poil surpris, d’abord. Puis gêné. Puis agacé. Et carrément furax, quand on a commencé à rire sur leur passage. C’est là, se dira plus tard Tamara, quand Chouchou se sera enfermé dans la salle de bains pour soigner sa virilité bafouée. C’est là qu’il s’est tourné vers elle. Et c’est là que son regard énamouré a viré au hibou tachycarde.
Imaginez donc la couturière, altière, la cotonnade collée au coquillage au point de pouvoir dénombrer les survivants du génocide pileux. Le volant plaqué au téton et le téton prêt à crever le triangle. Imaginez Artaban qui dans un geste chevaleresque, vole devant sa donzelle pour en cacher la pudeur exposée, avant que son cerveau n’émette une minuscule objection et ne lui ordonne de baisser les yeux. Froide, l’eau. Et si le portable dans sa poche doublée se dessinait à la touche près, il en allait de même pour son mat dans la tempête, son phare dans la nuit, dorénavant plus proche du sac de mini billes sous le coton rayé.
Sous le coup de la panique, les réactions ne sont pas toujours les plus censées. Ni les meilleures pour la santé de votre couple. Non, Tamara n’a pas ri, encore qu’elle l’aurait fait si elle avait réussi à se décoller la cotonnade du coquillage. Impossible. La cotonnade mouillée, ça fait ventouse. Alors quoi ? Alors elle a fui.
Elle a lâché Chouchou et piqué un sprint jusqu’à son sac avant de poursuivre sa course folle jusqu’à la chambre d’hôtel. Erreur : la serviette de Chouchou était dans son sac. Il a dû faire tout le trajet les mains plaquées sur les mini billes. Et depuis une heure qu’il est dans la salle de bain, persuadé d’avoir attrapé un rhume de billes remettant en cause ses capacités de reproduction, elle sent bien qu’elle va devoir lui coudre une cape de Superman pour le sortir de là.