Source image : CC BY-SA 2.0
Guillaume Paumier / Flickr
C’est bien, aussi, quand les choses tournent dans le bon sens. Parce que pour être honnête, et vous savez que Ségolène est une femme positive, elle commençait à en avoir ras le brushing des histoires qui pédalent dans la semoule. Non mais c’est vrai, quand même. Ségolène, c’est la reine du Tipiak. Alors certes, elle est ministre et oui, c’est plutôt chic sur un CV, surtout qu’elle s’est tricoté une liste de titres aux petits oignons, au fil des années. En fait de ce côté-là, il semblerait qu’elle ait la Louboutin bordée de nouilles. Mais ? Mais la vie professionnelle, ça ne fait pas tout. Et côté vie privée, entre François, sa Valérie, les boulettes et les lapsus, Ségolène se sent en droit s’autoproclamer reine du Tipiak, que ça vous plaise ou non.
Si la bonne nouvelle vient de ladite sphère privée ? Pas vraiment, mais en poussant un poil, Ségolène se dit qu’elle arrivera bien à la faire rentrer dans la case. C’est que voyez-vous, Ségolène a horreur de faire le plein. Depuis toujours. Enfin, non, mais presque : depuis le jour où elle a arrosé les mocassins paternels, dans une station-service de Fort-de-France. Et le pare-brise. Et le chien. Et ses ballerines, et sa mère et le patron de son père, vu que dans sa partie imaginaire de tir sur cible, elle a oublié d’enlever le doigt de la gâchette et pointé la pompe à essence sur l’intérieur de la jeep. Papa ne plaisantait pas avec ces choses-là.
Vous comprendrez donc, qu’après ça, Ségolène soit restée légèrement traumatisée. Elle peut, bien sûr. Elle est capable de mettre le bidule dans le machin et d’appuyer sur le truc. Mais la seule partie de l’affaire qui ne lui colle pas de suées, finalement, c’est la partie où elle insère la carte bleue dans la fente : là, elle maîtrise à la perfection. Des années d’entraînement. Elle ne vous cachera pas qu’au quotidien, ses angoisses pétrolières ne furent pas des plus simples à gérer, mais pourquoi croyez-vous qu’elle se soit acoquinée à François si jeune ? Elle avait 25 ans, et elle en avait surtout plein les pattes de traîner ses copines à la station service. C’est qu’elles commençaient à rechigner, les pimbêches.
François trouvait tout ça charmant, une coquetterie de faible femme, les hommes adorent les faibles femmes. La seule fois où il a osé formuler le concept à voix haute, Ségolène lui a repeint les lunettes à la Bolognese, histoire de bien lui faire comprendre que si elle le laissait lui faire le plein, c’était uniquement par bonté envers ses archaïques concepts de donzelle en détresse. Et que s’il ramenait le sujet sur la table une nouvelle fois, elle irait se trouver un nouveau tarzan sans lunettes pour lui tenir la pompe à essence. C’est ce qui a fini par arriver, d’accord, mais ça, c’était l’effet Tipiak.
L’avantage de devenir députée/politique/ministre, pour Ségolène, se situe du côté des chauffeurs. Il se trouve que les gaillards font le plein eux-mêmes. L’inconvénient d’être ministre en 2014, c’est que la voiture de fonction avec chauffeur le week-end pour aller assister aux crémaillères des enfants, ça passe limite côté contribuable. Mais, elle l’a dit, on est en 2014. Et en 2014, le monde héberge de fantastiques petites voitures très chères, mais on n’est plus à un hic près, et très électriques. Celle de Ségolène s’appelle Mia. Parfois, elle lui donne même du Mia Cara, pour la remercier d’avoir une prise électrique.
Avec Mia, Ségolène branche le machin dans le bidule en trois dixièmes de secondes dans son garage, avant de partir en courant et de fermer la porte, des fois que Mia déciderait d’imploser. Pas vu, pas pris. Pas besoin de rester plantée à côté le temps que la gloutonne avale son kérosène nauséabond, surtout, en surveillant avec angoisse les gouttelettes filant le long du manche. Ce qui, vous l’aurez compris, rend Ségolène très heureuse.
Mieux, ça la rend forte. Bien sûr si vous lui demandiez, hors confessionnal, Ségolène vous expliquerait qu’il en va de son devoir de citoyenne, de sa responsabilité de ministre de l’écologie et de sa conscience d’être humain. Que d’ailleurs sa Mia est en partie produite en Poitou-Charentes, sa région, et qu’elle tient à soutenir l’économie de ses chers administrés. Qu’il faut «accélérer les choses parce qu'on a toutes les technologies possibles, et il faut vraiment qu'avec un marché de masse il y ait une voiture électrique grand public et pas chère sur le marché». Rien à voir avec la peur de mettre le feu à sa voiture. Ou à la station essence. Ou au pare-brise., et au le chien, et à ses ballerines, et sa mère et au patron de son père.
Vous plaisantez ? Ségolène est une grande fille, merci. D’ailleurs elle n’est pour rien dans la volonté potentielle du gouvernement de François, elle n’a pas proposé de faire rouler les ministres en électrique. Et François, traumatisé par l’épisode de la Bolognese, s’est bien gardé d’évoquer le sujet avec elle, pensez-vous. Non, il se trouve simplement que Ségolène est une femme d’avenir. En avance sur son temps. En avance sur ses collègues. C’est en tous cas ce que claironnent les médias et voilà, pour une fois que les médias sont de son côté – hors « pauvre femme bafouée regardez avec quel goujat elle a fait sa vie », merci Valérie, pour une fois que les médias l’encensent comme une visionnaire et non comme une wannabee politique au relooking raté coachée par un agent artistique, oui, Ségolène est contente.
Pour la peine, elle a décidé d’offrir un nouvel autocollant à Mia, un sticker « gouvernement vert » sur l’arrière train. Tendance. Peut-être même qu’elles iront se faire une séance de drive-in écolo, toutes les deux, avec un paquet de graines de tournesol, garées sur une colline de banlieue pour admirer le film 3D du coucher de soleil. Ségolène n’est pas encore sûre, mais elle aime vivre dangereusement, il n’est pas dit qu’elle n’aille pas plutôt voir passer les trains avec Mia. A moins que Mia ne se sente faiblarde de la batterie, auquel cas elles rentreront célébrer à la maison, avec des ampères pour Mia et un verre de blanc pour Ségolène devant Danse avec les stars. Tiens, c’est bien, ça, aussi. Ségolène vous l’a dit, elle aime vivre dangereusement.