Source image : Licence Paternité Certains droits réservés par Kashklick sur Flickr
Ah, la saison des mariages. Elle l’attendait de pied ferme, Sarah. Non pas qu’elle soit vraiment romantique, enfin pas plus que la normale. Disons que si elle ne la réclame pas, elle ne laissera pas dormir dehors l’Apollon qui lui fera la sérénade au clair de lune une rose entre les dents. Mais si elle aime les mariages, Sarah, les raisons en sont simples et tiennent en trois points parfaitement définis : 1) le champagne. 2) la fiesta. 3) son prénom. Parce que qui s’appelle Sarah, et a subi toute sa jeunesse l’humour douteux Princesse Sarah, voit dans l’occasion d’enfiler du tulle rose un pied de nez aux esprits étriqués. Vous savez, ceux qui se moquent de vos frusques en vous demandant combien d’allumettes vous avez vendues. Non ? Seulement elle, alors.
Quoiqu’il en soit, Sarah adore les mariages parce que c’est plus ou moins la seule occasion d’enfiler une robe de bal, une vraie. Alors quand Jojo s’est mariée, elle s’est dit que si certes, le mariage risquait de valoir le détour -rapport à l’iroquoise punk de Jojo -elle pourrait tout du moins siffler le champagne au goulot et danser sur les tables en faisant craquer le tulle de sa robe rose. Ça, c’était la théorie, parce que Jojo est ce qu’elle est. Et que Jojo a horreur qu’on la contredise.
La mariée à l’arcade percée avait décidé, elle, que le meilleur moyen de faire c… de contredire ses géniteurs, pardon, était le contrepied. Quel contrepied, hormis un marié en kilt ? Une mariée en noir avec diadème en épingles à nourrice. Ce qui admettons-le, était du plus bel effet avec son iroquoise violette. Sauf que pour encadrer comme il se doit le slim en cuir noir, il fut décidé que les demoiselles d’honneur se devaient d’être en blanc. Ce qui n’arrangeait pas du tout les affaires de la demoiselle d’honneur nommée Sarah, bien décidée à étrenner son tulle rose.
Elle a bien essayé de faire entendre raison à sa douce Jojo, pourtant. Qui une bière à la main, a décrété que le jour où sa demoiselle d’honneur serait en rose, les ministres seraient en jarretière. Dilemme. Sarah adore Jojo. Mais Sarah adore aussi le tulle rose. Elle a donc décidé que couper la poire en deux était un bon compromis, choisi de porter la robe blanche à la mairie et la rose au dîner, s’est autocongratulée gaiment, toute guillerette en imaginant le tulle rose voleter lors de son traditionnel french cancan sur la table des mariés. C’est là que s’est pointé le grain de sable. Quand elle a oublié d’en avertir Jojo.
Puisque jusqu’au dîner, tout s’est déroulé sans anicroches : Sarah a joué son rôle en robe blanche et lorsque le maire a dégluti pour la huitième fois face à l’iroquoise de Jojo, resplendissante sous son voile noir, Sarah a commencé à songer à son tulle. Ah, le tulle. Le roi du coucou-caché, celui-là. Elle en avait tourné des têtes, avec son tulle. Ajoutez-y un bustier et emballez c’est pesé, quand Sarah ne s’endort pas sous une table, elle rentre rarement seule. D’ailleurs elle avait repéré un charmant spécimen dans un coin qui dans ses Doc Martens jaune fluo, paraissait tout indiqué.
La voici donc, à la que-leu-leu avec les quatre autres immaculées conceptions, trépignant d’impatience. Enfin, le dîner est arrivé. Enfin, la procession a atteint le charmant moulin orné de signes « Anarchie » -les parents de la mariée avaient réservé le lieu, la mariée pris en main la décoration- choisi pour l’évènement. Un adorable moulin, faisons abstraction de l’anarchie, avec un vrai lavoir antique comme bassin d’agrément. Enfin, Sarah a pu s’éclipser aux toilettes pour se parer de tulle. Princesse Sarah, à toi les Doc jaunes, ça va twister dans le moulin.
Ou pas. Parce que si à peine sortie des commodités toute en froufrous, Sarah a eu le temps de repérer la réserve de champagne et la table des mariés, de remonter son bustier et de décocher un sourire incendiaire –de son propre point de vue, du moins- à monsieur Doc jaunes, elle n’a pas eu le temps d’atteindre la salle de réception. Jojo l’a vue.
Jojo, sortie s’aérer le cuir noir à coups de nicotine, a vu s’avancer vers elle une meringue géante parfum framboise, et disons… Hulk, vous visualisez bien ? Jojo a quelques gênes Hulkiens, sous l’iroquoise. Or Jojo n’a qu’un principe dans la vie : crache. La vérité à tout prix, l’honnêteté à toute épreuve, même quand vraiment, Sarah s’en passerait bien. Puisqu’en l’occurrence, Sarah n’a pas menti, elle a omis. Mais Jojo n’a pas réfléchi, elle a foncé.
Résumons ainsi : Jojo fonce en mode corrida, le piercing fulminant. Sarah fait ce qu’elle peut, à savoir encaisser 50 kilos de cuir noir en pétard en plein cœur du tulle rose, sans grande résistance. La mêlée bascule par-dessus le bord du lavoir. A ce point du spectacle, pensez, l’assistance se bouscule pour avoir les meilleures places parce qu’un mariage pareil décidément, on n’en voit pas tous les jours. Certains regrettent seulement la présence de robes en lieu et place des bikinis.
Sous l’eau, Sarah se disait qu’elle était mal embarquée, rapport à la difficulté de s’expliquer sans se noyer. Elle a donc décidé de remonter à la surface coûte que coûte et c’est là, en trois secondes et demie environ, qu’elle s’est coincé le tulle dans le diadème en épingles à nourrices. Le diadème en épingles à nourrices était solidement fixé à l’iroquoise violette. Iroquoise elle-même fermement implantée sur le crâne de Jojo, qui quand on la contrarie, a tendance à ne pas faire de quartier. Jojo a donc fini par s’extraire en furie du lavoir, abandonnant là une Sarah très dépitée tandis que la moitié de son tulle rose se faisait la malle avec le diadème.
Alors voilà. En bustier dans un lavoir et sous le regard de ces quiches immaculées que sont ses collègues demoiselles d’honneur, Sarah envisage ses options. 1) sortir dignement, opérer un raid dans la réserve de champagne et faire le deuil de la Princesse. 2) attendre patiemment l’hypothermie et faire le deuil de la Princesse. 3) choper la cravate de monsieur Doc jaune, le faire basculer dans le lavoir, faire bouillir le bain et éviter l’hypothermie. Et faire le deuil de la Princesse. Pour le 4, s’excuser auprès de Jojo et lui cramer l’iroquoise, elle verra plus tard. Il semblerait bien que la cravate se rapproche.
Quoiqu’il en soit, Sarah adore les mariages parce que c’est plus ou moins la seule occasion d’enfiler une robe de bal, une vraie. Alors quand Jojo s’est mariée, elle s’est dit que si certes, le mariage risquait de valoir le détour -rapport à l’iroquoise punk de Jojo -elle pourrait tout du moins siffler le champagne au goulot et danser sur les tables en faisant craquer le tulle de sa robe rose. Ça, c’était la théorie, parce que Jojo est ce qu’elle est. Et que Jojo a horreur qu’on la contredise.
La mariée à l’arcade percée avait décidé, elle, que le meilleur moyen de faire c… de contredire ses géniteurs, pardon, était le contrepied. Quel contrepied, hormis un marié en kilt ? Une mariée en noir avec diadème en épingles à nourrice. Ce qui admettons-le, était du plus bel effet avec son iroquoise violette. Sauf que pour encadrer comme il se doit le slim en cuir noir, il fut décidé que les demoiselles d’honneur se devaient d’être en blanc. Ce qui n’arrangeait pas du tout les affaires de la demoiselle d’honneur nommée Sarah, bien décidée à étrenner son tulle rose.
Elle a bien essayé de faire entendre raison à sa douce Jojo, pourtant. Qui une bière à la main, a décrété que le jour où sa demoiselle d’honneur serait en rose, les ministres seraient en jarretière. Dilemme. Sarah adore Jojo. Mais Sarah adore aussi le tulle rose. Elle a donc décidé que couper la poire en deux était un bon compromis, choisi de porter la robe blanche à la mairie et la rose au dîner, s’est autocongratulée gaiment, toute guillerette en imaginant le tulle rose voleter lors de son traditionnel french cancan sur la table des mariés. C’est là que s’est pointé le grain de sable. Quand elle a oublié d’en avertir Jojo.
Puisque jusqu’au dîner, tout s’est déroulé sans anicroches : Sarah a joué son rôle en robe blanche et lorsque le maire a dégluti pour la huitième fois face à l’iroquoise de Jojo, resplendissante sous son voile noir, Sarah a commencé à songer à son tulle. Ah, le tulle. Le roi du coucou-caché, celui-là. Elle en avait tourné des têtes, avec son tulle. Ajoutez-y un bustier et emballez c’est pesé, quand Sarah ne s’endort pas sous une table, elle rentre rarement seule. D’ailleurs elle avait repéré un charmant spécimen dans un coin qui dans ses Doc Martens jaune fluo, paraissait tout indiqué.
La voici donc, à la que-leu-leu avec les quatre autres immaculées conceptions, trépignant d’impatience. Enfin, le dîner est arrivé. Enfin, la procession a atteint le charmant moulin orné de signes « Anarchie » -les parents de la mariée avaient réservé le lieu, la mariée pris en main la décoration- choisi pour l’évènement. Un adorable moulin, faisons abstraction de l’anarchie, avec un vrai lavoir antique comme bassin d’agrément. Enfin, Sarah a pu s’éclipser aux toilettes pour se parer de tulle. Princesse Sarah, à toi les Doc jaunes, ça va twister dans le moulin.
Ou pas. Parce que si à peine sortie des commodités toute en froufrous, Sarah a eu le temps de repérer la réserve de champagne et la table des mariés, de remonter son bustier et de décocher un sourire incendiaire –de son propre point de vue, du moins- à monsieur Doc jaunes, elle n’a pas eu le temps d’atteindre la salle de réception. Jojo l’a vue.
Jojo, sortie s’aérer le cuir noir à coups de nicotine, a vu s’avancer vers elle une meringue géante parfum framboise, et disons… Hulk, vous visualisez bien ? Jojo a quelques gênes Hulkiens, sous l’iroquoise. Or Jojo n’a qu’un principe dans la vie : crache. La vérité à tout prix, l’honnêteté à toute épreuve, même quand vraiment, Sarah s’en passerait bien. Puisqu’en l’occurrence, Sarah n’a pas menti, elle a omis. Mais Jojo n’a pas réfléchi, elle a foncé.
Résumons ainsi : Jojo fonce en mode corrida, le piercing fulminant. Sarah fait ce qu’elle peut, à savoir encaisser 50 kilos de cuir noir en pétard en plein cœur du tulle rose, sans grande résistance. La mêlée bascule par-dessus le bord du lavoir. A ce point du spectacle, pensez, l’assistance se bouscule pour avoir les meilleures places parce qu’un mariage pareil décidément, on n’en voit pas tous les jours. Certains regrettent seulement la présence de robes en lieu et place des bikinis.
Sous l’eau, Sarah se disait qu’elle était mal embarquée, rapport à la difficulté de s’expliquer sans se noyer. Elle a donc décidé de remonter à la surface coûte que coûte et c’est là, en trois secondes et demie environ, qu’elle s’est coincé le tulle dans le diadème en épingles à nourrices. Le diadème en épingles à nourrices était solidement fixé à l’iroquoise violette. Iroquoise elle-même fermement implantée sur le crâne de Jojo, qui quand on la contrarie, a tendance à ne pas faire de quartier. Jojo a donc fini par s’extraire en furie du lavoir, abandonnant là une Sarah très dépitée tandis que la moitié de son tulle rose se faisait la malle avec le diadème.
Alors voilà. En bustier dans un lavoir et sous le regard de ces quiches immaculées que sont ses collègues demoiselles d’honneur, Sarah envisage ses options. 1) sortir dignement, opérer un raid dans la réserve de champagne et faire le deuil de la Princesse. 2) attendre patiemment l’hypothermie et faire le deuil de la Princesse. 3) choper la cravate de monsieur Doc jaune, le faire basculer dans le lavoir, faire bouillir le bain et éviter l’hypothermie. Et faire le deuil de la Princesse. Pour le 4, s’excuser auprès de Jojo et lui cramer l’iroquoise, elle verra plus tard. Il semblerait bien que la cravate se rapproche.