Source image : Rihanna_ 2TOP Wallpapers, Fashion, music, CC BY 2.0 Flickr
Elle était catégorique, pourtant. Les poilus, elle en avait soupé. Star ou pas, l’overdose de poilus indélicats guette la femme à chaque coin de relation, et Rihanna y était : plus de patience, plus de courage, rien. Ras la perruque, des testostéronés. Elle allait prendre une année sabbatique de poilus. Une année imberbe, comme ça, en toute légèreté, le temps de retrouver le goût du poil. 2015 serait lisse et doux, sans aucun obstacle, au moins du côté masculin. L’absence est parfois bien plus simple que l’excès.
Comment son plan a-t-il bien pu dérailler, lui demanderez-vous ? A cause de Google, vous répondra-t-elle. Oui. Google. Google actualités, pour être plus précise. Vous le savez, Riri est une fille un chouïa overbookée. Entre deux hôtels, deux avions, deux tournées, pas toujours simple de se tenir au courant du monde, plongée qu’elle est dans son microcosme à paillettes. Et pourtant, sa maman le lui a appris très tôt, aux imbéciles la violence, aux faibles d’esprits l’obscurantisme, vas-y ma chouquette, lis la composition des céréales ou le ticket de caisse, suis la vie des fourmis ou les news de 13h, mais ne t’arrête jamais d’apprendre ou tu finiras le cerveau fripé comme une vielle fesse. Merci maman. Parce que c’est toujours agréable de faire la nique à ceux qui ne voient pas plus loin que sa croupe.
Bref. Voilà pourquoi, entre deux hôtels, deux avions, deux tournées, voire deux soirées people ou deux cérémonies VIP, Rihanna maîtrise Google Actus comme son coiffeur le bigoudi. Et voilà comment, ce jour-là, dans sa loge fleurie avant un énième plateau télé – et quand Rihanna dit plateau télé, elle ne veut pas dire sushis devant The Voice, mais thé avec Oprah Winfrey devant les caméras – elle est tombée sur le titre de cet article : « Deux trous noirs sur le point d'entrer en collision ». « L’évènement libérera autant d’énergie que 100 millions d’explosions de supernovas ».
Son sang n’a fait qu’un tour et sa pulpeuse babine a chu jusqu’au menton. 100 millions d’explosions de supernovas ? Non, pour être honnête, elle ne vous dira pas qu’elle savait exactement à quoi comparer la puissance de 100 millions d’explosions de supernovas. Mais elle se doutait bien, tout de même, qu’on ne parlait pas d’un court-circuit de grille-pain. Qu’auriez-vous fait, à sa place ? Cliqué sur l’article pour lire la suite ? Oui, ça a du sens. Sauf que c’est le moment qu’a choisi Oprah pour frapper à sa porte et que quand Oprah frappe, on lâche la tablette, même quand on est Rihanna. Voilà donc comment l’apocalyptique nouvelle s’est évaporée dans les méandres du web. Parce que quand Riri est revenue, les nouvelles fraîches avait pris la place de la valse de trous noirs, et que Riri était en retard, et que Riri n’avait pas le temps, et que Riri, parce qu’elle était en retard et qu’elle n’avait pas le temps, a commis ue erreur de débutante : elle a sauté à la conclusion sans preuve. 100 millions d’explosions de supernovas. Dès demain, tous les médias annonceraient la fin du monde.
Alors bon. Mettez-vous à sa place. Vous êtes jeune et célibataire. Votre tableau de chasse sentimental sent le moisi. Votre score au lovomètre a l’élégance d’une limace anémique. Vous êtes tout de même un tantinet traumatisée à l’idée de vous faire gober par un trou noir avant d’avoir réussi votre vie sentimentale, d’autant que vous êtes une chic fille, pas trop vilaine et plutôt marrante. A peine un thé et un cookie dans l’estomac, en retard, pas le temps, et vous voilà obligée d’aller boire du champagne dans un club branché alors que vous venez d’apprendre la fin programmée de votre monde. Vous êtes dans un ascenseur griffé Chanel, avec une robe assez décente pour vous coller des courants d’air jusqu’au nombril et un garde du corps qui fait trois fois votre taille en hauteur comme en largeur, prête à débarquer dans une soirée VIP. Faites un effort, projetez-vous.
Riri vous répète donc la question : vous auriez fait quoi, à sa place ? Elle, elle a décidé que non. Elle ne quitterait pas ce monde sans un dernier tour de piste. Au diable les conventions, plus le temps pour la subtilité, c’est d’une Louboutin résolue qu’elle s’est élancée dans le club pour mieux scanner les tables. Au premier poilu aperçu – et quand Riri dit poilu, elle veut dire ZZ Top en devenir – elle a contrôlé les signes vitaux. Pas d’alliance. Pas de fille à moins de deux mètres. Une bande de potes autour d’un seau ç champagne. A peine si elle a noté les gardes du corps, occupée qu’elle était à marcher droit sur sa cible. A peine si elle a compris contre quoi elle butait, quand elle a voulu contourner un gorille, a transpercé le pied du second avec sa Louboutin et atterri à plat ventre dans les petits fours, expédiant le contenu de trois coupes de champagne sur le poilu lui-même qui ça alors, comme c’est amusant, ressemblait à s’y méprendre à Jack de Titanic, derrière la barbe.
Oui, forcément que vous, vous pigez. Vous n’avez pas la croupe en l’air dans la section VIP d’une boîte de nuit devant Leonardo Di Caprio, que vous avez failli emballer sans lui demander son avis à cause d’un trou noir. Riri a eu besoin de deux secondes supplémentaires, le temps que son garde du corps allume le calumet de la paix avec ses congénères, pour se souvenir d’un autre conseil maternel utile. Mon donut, quand on s’étale, on assume, parce qu’on ne va pas en plus s’excuser d’être ridicule alors qu’on a déjà le moral en forme d’étron. Riri a donc ravalé sa furieuse envie de ramper sous la banquette pour décocher son plus beau sourire à une légende vivante que quand même, elle aurait volontiers rangé sous sa couette, grève de poils ou pas. Ce qui tombait plutôt bien, puisque la fin du monde délivrait Riri de son année imberbe, que dans le genre poilu, Léo se posait là, et que passée la mine perplexe, il avait opté pour l’œil qui pétille. Or quand Leo se fait pétiller la pupille, Riri vous garantit que c’est chaud la Louboutin.
Non, elle ne l’a pas su avant le lendemain. Et quand Rihanna dit le lendemain, c’est le lendemain à 4h du matin, quand le ZZ Top a galamment proposé de lui relever le lovomètre, et que Riri a expliqué en quoi il était essentiel qu’un tel exploit se déploie fissa, rapport à la fin du monde. Croyez-la ou pas, mais plutôt que d’acquiescer poliment pour mieux la renverser sur la banquette, Leo a tenu à rectifier l’information : il avait lu l’article. Non mais vraiment, vous la croyez ? Non seulement il avait lu l’article, mais le choc des trous noirs n’aurait pas lieu avant une poignée de millions d’années, ce qui laissait à Riri le temps de désinfecter tranquillement son tableau de chasse. Vu qu’elle était d’accord, c’est là qu’elle l’a renversé sur la banquette. Là, probablement, qu’elle a manqué de discrétion, expliquant pourquoi vous savez tout sur la potentielle idylle naissante de Leo et Rihanna, mais rien sur la rencontre des trous noirs.