Poupette est une
fille bien dans ses chaussettes, une femme droite dans ses bottes, une à
poigne, une qui sait ce qu’elle veut et qui joue de la phalange comme d’autres
jouent du… oui, bon. Elle cogne, quoi. Mais seulement quand on lui tâte la
marchandise sans permission. Elle avait quinze ans quand elle a décidé que Marguerite
c’était vraiment trop naze, comme prénom. Elle en a conclu 1) que jamais, au
grand jamais, elle n’utiliserait les noms des grands parents pour ses futurs
enfants, 2) que tant qu’à s’appeler comme une grand-mère, elle préférait celle
de Sophie Marceau dans La boum à la
sienne, qui lui faisait cracher son chewing-gum avant d’entrer chez elle.
Poupette, donc. Ce fut la première décision de son adolescence, la seconde étant de devenir une artiste. Elle s’est dit après tout on ne nait pas artiste, ce n’est pas dans les gênes, ça doit bien s’apprendre. Et elle a appris. Elle a ouvert les yeux, regardé, lu, admiré, écouté, voyagé, testé, pris des cours. Elle a dessiné, peint, sculpté, gravé, écrit, composé, chanté, brodé, découpé, fleuri, posé… et tout un tas de choses dont on préfère ne pas parler ici. Jusqu’à, un jour, la révélation.
Comme quoi on apprend des choses, à l’école : Poupette y a appris l’esprit d’entreprise et le management. Elle s’est dit artiste c’est bien, mais il me faut une idée, un truc à moi, quelque chose que personne ne fait. Et forcément, rapport au succès de ses décisions précédentes, elle n’a pas douté une seconde de la sagesse de celle-ci. Parce que sur le papier, sculpter avec de la fumée, ça claque, non ? Elle, elle a trouvé que si. Sauf que voilà, cinq ans qu’elle s’entraîne, et rien à faire. Son palais ne veut pas collaborer.
Poupette, donc. Ce fut la première décision de son adolescence, la seconde étant de devenir une artiste. Elle s’est dit après tout on ne nait pas artiste, ce n’est pas dans les gênes, ça doit bien s’apprendre. Et elle a appris. Elle a ouvert les yeux, regardé, lu, admiré, écouté, voyagé, testé, pris des cours. Elle a dessiné, peint, sculpté, gravé, écrit, composé, chanté, brodé, découpé, fleuri, posé… et tout un tas de choses dont on préfère ne pas parler ici. Jusqu’à, un jour, la révélation.
Comme quoi on apprend des choses, à l’école : Poupette y a appris l’esprit d’entreprise et le management. Elle s’est dit artiste c’est bien, mais il me faut une idée, un truc à moi, quelque chose que personne ne fait. Et forcément, rapport au succès de ses décisions précédentes, elle n’a pas douté une seconde de la sagesse de celle-ci. Parce que sur le papier, sculpter avec de la fumée, ça claque, non ? Elle, elle a trouvé que si. Sauf que voilà, cinq ans qu’elle s’entraîne, et rien à faire. Son palais ne veut pas collaborer.
STOP !! Lecteur/trice, le
moment est venu de choisir ta suite. Oui oui. Flashpic sur mesure.
Si tu aimes le mommy
porn et que happily ever after, c’est là
Comme quoi, dans la vie, ça vaut la peine de persévérer.
Parce que sans ces décisions d’adolescente, Poupette n’aurait pas été ce
jour-là dans sa chambre, en pleine séance de ronds de fumée pas ronds, avec une
confiance absolue en sa valeur. Lorsque le livreur de chez Darty aurait sonné à
la porte pour la nouvelle machine à laver, elle ne lui aurait pas ouvert en
pull et chaussettes – uniquement en pull et chaussettes.
Elle n’aurait pas décidé dans la minute que celui-ci, avec sa fossette au menton et sa tignasse de travers, elle le voulait là, maintenant tout de suite – après une rapide inspection d’annulaire, tout de même, parce que Poupette a des principes, elle ne viole pas les hommes mariés. Sans ses cinq ans d’exercices de langue pour maîtriser les ronds de fumée, elle n’aurait pas osé plaquer Mr Darty au mur pour le patin de sa vie, le genre de patin avec triple salto et twerk de l’organe buccal. Alors Mr Darty, hein… il en a oublié jusqu’à la machine à laver, parce que ce n’est pas tous les jours qu’on se fait nettoyer le palais avec tant de virtuosité. Il en avait tout le matériel qui dansait la gigue. Un peu surpris, quand même, mais le cerveau n’était plus irrigué, alors… alors c’est seulement après, quand elle en a eu fini avec lui, qu’il s’est dit nom d’un Samsung, cette amazone de la bagatelle, je m’en vais la bichonner, pas question qu’elle me file entre les pattes. Elle l'avait drainé jusqu'à la gaine, la bougresse, et c'est qu'en plus elle avait de la conversation. Il a allumé une clope, histoire de récupérer. Et là, au regard qu’elle lui a lancé quand il a, par habitude, aligné les ronds de fumée, il s’est senti le roi du monde. Il a pensé anneau et roses blanches, et il n'a toujours pas compris comment. |
Si tu aimes les têtes
de mort et que life is a bitch, lis plutôt ça
Mais oui voilà, tout retombe un jour ou l’autre, hein.
Poupette ne s’en doutait pourtant pas, affalée sur son lit en chaussettes, tentant
une énième position de bouche pour atteindre le paradis du rond de fumée. Pas une
seconde elle n’aurait pu imaginer que cinq ans de ronds de fumée allongée sur le
dos au même endroit, ça pouvait causer quelques dommages. Pour tout dire son
lustre, elle ne le remarquait pas des masses, concentrée comme elle était.
Et pourtant après cinq ans, le lustre en a eu marre. Voilà. Il a rendu l’âme. Le beau lustre en papier est tombé directement sur Poupette qui bien sûr, au dernier moment, s’est protégée de ses mains. La cigarette a traversé le papier du lustre, le lustre a pris feu, Poupette s’est levée. Elle a versé sa bouteille d’eau sur le brasier mais la couette synthétique, ça crame vite, et le temps qu’elle aille chercher plus d’eau, elle s’est dit qu’elle ferait mieux de se faire la malle et d’appeler les pompiers, sauf que son portable était sur la couette et la couette en feu. Poupette étant ce qu’elle est, elle y a cru. Elle a raté. Elle n’a pas récupéré le portable mais sa chevelure a pris feu à la faveur d’une étincelle fugueuse. Quand la poisse s’y colle, elle ne s’arrête pas en chemin, et c’est en détalant dans l’escalier de l’immeuble en mode Médusa pyromane que Poupette a glissé sur ses chaussettes en laine. L’addition était salée, a-t-elle conclu en basculant par-dessus la rampe sur laquelle restait accroché son petit cachemire. Ah, que n’avait-elle été moins arrogante, à se croire capable de tout ? A trop négliger le monde pour mieux le plier à sa volonté, voilà ce qu’elle y gagnait. Finir sa courte vie plantée sur le portemanteau du hall d’entrée à moitié à poil. Life is a bitch. |