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Mary-Kate est agacée. Elle essaye pourtant d’arrêter, à cause des rides. Mais parfois, c’est comme demander à Casimir de ne plus être orange : une perte de temps. Alors Mary-Kate a cédé, elle assume, elle est agacée, et ni Olivier, ni Ashley ne parviendront à la calmer. Non mais franchement, faudrait penser à remettre les smartphones à l’heure, quand même, 28 ans d’âge, 27 ans et six mois de carrière, les enfants chéries des USA, les entrepreneuses à succès, le rêve américain à boucles blondes, tout ça tout ça, et ça ne leur donnerait même pas un peu de crédit ? Rien, pas le droit à l’erreur ?
C’est que, voyez-vous, son cher et tendre est un type célèbre. Apparemment, son demi-frère serait même encore plus célèbre que lui en France, et Olivier, ça a tendance à lui titiller l’ego. Mettez-vous à sa place, le pauvre, on l’appelle le demi-frère de, ou le fiancé de, mais jamais par son nom. Forcément, ça a tendance à chiffonner l’honneur, un truc pareil. Voire, à établir un semblant de compétitivité, qu’Olivier a décidé de coiffer au poteau en demandant la main de Mary-Kate avec un caillou aussi discret que des fesses de Kardashian.
Non que Mary-Kate s’en plaigne. Elle aime bien les cailloux qui brillent, ça complète parfaitement son look étudié de business woman-bobo-clodo. Non, le problème, c’est que Mary-Kate, côté courbes, se rapproche plus du chihuahua que de ladite Kardashian. Et que glisser pareil caillou à pareil doigt, c’est comme orner un cupcake d’un gâteau à trois étages en espérant que rien ne s’écroule. Evidemment, que le caillou est fuyant. Elle l’a déjà perdu trois fois, pour tout vous dire, mais Olivier y tient, au symbole de son statut social, au point qu’il semble avoir développé un flair de chien de chasse pour le retrouver sous les coussins du canapé ou dans les replis d’un manteau. Mary-Kate cherche la paix dans son ménage. Elle arbore son caillou.
Sauf que ? Sauf que, cette fois, le timing était catastrophique. Elles étaient là, pomponnées, maquillées, l’équipe make-up avait plié bagage, Olivier était rentré, le tapis rouge attendait de brin ferme les sœurs Olsen, sœurs Olsen sur le départ, lorsque Mary-Kate a chassé une mouche. Oui, une mouche, comme quoi l’insecte est fourbe, puisque sitôt ce ridicule geste achevé, elle a vu son caillou traverser la pièce comme une fusée. L’annulaire avait lâché prise et sans rien tenter pour retenir sa couronne, laissé s’échapper le divin symbole.
Fort heureusement, Mary-Kate a vu le caillou atterrir sous le canapé. Fort malheureusement, Spinee, le labrador d’Ashley, aussi. Spinee est très joueuse. Spinee a pensé baballe, joujou, trop cool, et Spinee a volé sous le canapé à la poursuite du caillou. Mary-Kate, elle, a pensé caillou avalé, complexité de la récupération et désespoir d’Olivier quant à sa rivalité fraternelle. N’écoutant que son instinct, elle a plongé à la suite de Spinee. La suite, justement, parlons-en. Avez-vous déjà tenté de jouer au sumo avec un crâne de labrador dans l’espace réduit que représente un dessous de canapé ? Mary-Kate était en chemin quand elle a perçu l’issue du challenge et à la dernière seconde, relevé la tête pour éviter les mâchoires canines. Manque de chance, juste au-dessus se trouvait l’assise en bois du canapé. Le canapé a gagné.
La bonne nouvelle, c’est que Spinee, terrifiée par le son du crâne de sa maîtresse sur le canapé, a abandonné toute velléité de jeu et regagné son panier sans demander son reste. Mary-Kate, vaguement sonnée, a récupéré son caillou avec un sourire vacillant, qui a cessé de vaciller sitôt qu’elle a croisé le regard d’Ashley. Là, le sourire a chu, et Mary-Kate a laissé libre cours au torrent de noms d’oiseaux fréquemment provoqué par la rencontre d’un front avec un canapé en bois dur.
La loi de Murphy implique qu’une poisse ne débarque jamais seule. Et lorsqu’Ashley, horrifiée, a constaté la coloration violette teintant peu à peu le front de sa jumelle, son sang n’a fait qu’un tour. Pas le temps de rappeler les maquilleurs. Qu’à cela ne tienne, la frangine était actuellement en plein apprentissage du contouring, cette méthode révolutionnaire consistant à repeindre un visage à coups de fards pour mieux en redessiner les proportions. Un art véritable, auquel Ashley se vantait d’exceller. Ou presque. Confiance, frangine, enfin ! Depuis le temps qu’elle s’entraînait, elle se sentait tout à fait capable de répéter l’opération sur un visage tiers, qui plus est semblable au sien en tous points. C’est donc avec beaucoup d’empressement qu’elle a décidé de faire acte de charité et de dissimuler l’ecchymose de Mary-Kate.
Que dire ? Mary-Kate n’a pas vraiment cherché. Pour tout dire, c’est à peine si elle a effleuré son reflet du regard, concentrée qu’elle était sur le bleu, qui avait bel et bien disparu sous trois centimètres de fards et de fond de teint. Elles étaient en retard, or Mary-Kate a horreur d’être en retard. Bobo-clodo, d’accord, mais femme d’affaire, elle vous l’a dit. Elle a donc attrapé sa sœur et gagné à la hâte la limousine, rassurée sur son état. C’est confiante qu’elle a arpenté le tapis rouge et offert son plus beau profil au photographe, respirant très lentement pour ne pas transpirer et faire couler le fond de teint. Quant à la douleur, quelques coupettes de champagne grand cru bien placées ont tôt fait de la dissiper.
Il lui a donc fallu attendre le lendemain et une migraine monumentale, entre ecchymose et gueule de bois, pour découvrir les photos de la soirée. Et les commentaires de la planète entière, déplorant les abus de chirurgie esthétique de Mary-Kate Olsen, son visage figé et ses nouvelles proportions faciales. Du coup, maintenant, affalée devant son petit déjeuner et tournant autour de son annulaire le caillou coupable sous le regard implorant de Spinee sur son bacon, elle s’interroge. Elle se demande si elle va faire avaler son fond de teint à Ashley ou mettre son caillou au clou pour acheter une bague en plastique Hello Kitty. Voire les deux, et tant pis pour le statut d’Olivier. Dès qu’elle aura pris un bain d’aspirine.