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Source image : Licence Paternité Certains droits réservés par Y.Caradec sur Flickr
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Non, Martine n’a rien d’une joueuse de tennis. Même pas amateur. Elle voudrait bien, mais quand elle s’est renseignée à l’époque, on lui a expliqué qu’il fallait se lever tôt pour s’entraîner et que le jeu ne consistait pas qu’à taper dans la balle, mais également à courir après la balle. Martine veut bien courir après de soldes, un bus ou son chat, mais des balles, hein… Non, elle n’est pas non plus ramasseuse de balles. Elle a passé l’âge. D’ailleurs si elle a tenu des balles de tennis, c’était essentiellement version boules chinoises, chapelet ou autre triture-moi-que-je-te-calme : sans ses boules, Martine a la panique facile. Et non, Martine n’est pas non plus groupie de tennisman, encore qu’elle ne cracherait pas sur un Djokovic au goûter, mais là n’est pas le sujet.

Martine est une femme tout ce qu’il y a de plus normale, une femme active un tantinet flippée qui aime les macarons et les soirées entre copines. Voilà, on y est. Les copines. Elle ne pouvait pas imaginer que ses grognasses de copines prendraient pour argent comptant un pari d’ivrogne shootée à la glace caramel beurre salé. Sûr que la glace caramel beurre salé ne tiendrait pas la route face à un jury. Y a de drôles de trucs, dans cette glace, des trucs qui font lâcher ses boules chinoises et dire des choses idiotes, voire, relever des paris stupides et irréalisables.

Bref, toujours est-il que les grognasses ont noté. Elles ont profité de ce que Martine avait perdu ses boules pour la lancer sur les balles, et l’ont gavée de caramel beurre salé avant de lui faire signer sa promesse. Signer ! Non mais franchement, quel genre de copines osent faire signer ! Celles qui tiennent à toi, ont-elles effrontément soutenu, tu dois sortir de ta coquille, ça suffit. Et pour lui éclater la coquille, à Martine, elles ont cogné au seul endroit sensible : les boules de glace.

S’incruster sur un court de Roland Garros, ben voyons. N’importe quoi. Martine a géré le problème comme elle gère tous les problèmes : elle a évité d’y penser, persuadée que l’affaire tomberait à l’eau. C’était ça, ou s’assommer avec ses boules chinoises, sauf que ça n’a servi à rien puisque les grognasses ont débarqué ce matin avec deux flacons d’autobronzant et la tenue d’Anna Kournikova prépubère. Elle a protesté, on l’a ignorée, elle a refusé, on lui a piqué ses boules. T’inquiète, qu’elles ont dit, c’est pour ton bien. Laisse-toi faire. Or Martine sait très bien se laisser faire, puisque ça lui permet de ne pas penser à ses problèmes. On lui a rendu ses boules.

Alors oui, certes, il y a pire, comme problème. Sauf que Martine a oublié de vous dire : elle est timide. Mais timide, comme dans plus de dix regards braqués sur elle, syncope. Et si elle n’en a jamais vraiment fait, de syncope, c’est uniquement grâce à son attirail. Deux boules chinoises dans la main droite, un chapelet d’urgence au poignet gauche et deux balles anti-stress dans le sac à main. Même ses copines savent qu’on ne plaisante pas avec ses boules, d’où les trois balles de tennis en lieu et place des boules chinoises, histoire de faire raccord. Martine s’en tape, tant qu’elle a un truc rond à triturer.

Elle s’est donc laissée faire. On lui a barbouillé d’autobronzant le moindre centimètre de chair dépassant de la micro-jupette d’Anna Kournikova, elle n’a pas moufté. On lui a fait une queue de cheval digne de Sheila, elle n’a rien dit. On l’a poussée dans le bus et elle n’a pas bronché. Même quand on l’a tirée dans les gradins, elle n’a pas cherché à savoir qui avait payé quoi, elle s’est sagement assise à sa place, tiraillée entre son sens de l’honneur et le besoin urgent de se cacher sous les strapontins, les balles en mode ultrasonique. Elle a laissé les grognasses élaborer divers scénarios pour la faire descendre jusqu’au court. Elle, elle suivait des yeux les imprudents volatiles au-dessus des balles à 200 km/h, se disant que tiens, si elle avait des ailes, elle volerait tout là-haut pour couvrir ses copines de fiente.

Et c’est là que tout a basculé. Qui était sur le court, ce jour-là ? Elle aurait du mal à le dire. Des hommes, mais qui… en tous cas, des bras cassés, mais de gros bras cassés. Capables de frapper une balle très très fort et très très de travers, déstabilisés par le flash d’un appareil photo, c’est ce qu’on dira après, ça, elle s’en souvient. Puisque dans son état second, les yeux rivés aux pigeons, Martine n’a pas vu la balle arriver.

Elle s’est réveillée dans les vestiaires de Roland Garros entourée de secouristes, Martine, et imaginez un peu. Un énorme œuf de pigeon sur le front, possible commotion cérébrale, qu’ils ont dit, mais surtout, surtout… plus de boules. Pas de balles, pas de sac à main, pas de chapelet, rien, que dalle, le vide abyssal, zéro boules, Martine a basculé. Non mais c’est vrai, quoi, trop c’est trop, elle veut bien se laisser faire, être gentille mignonne toute sage, gérer ses angoisses et baisser les yeux, faut pas lui piquer ses boules. Martine a donc fait la seule chose censée : elle est partie à la recherche d’un truc rond à triturer. Autrement dit, elle a pété les plombs.

Un vrai labyrinthe, ces vestiaires. Poursuivie par les secouristes, puis par les membres du staff, puis par les vigiles, elle a marché sur une raquette, dérapé sur une serviette, tenté d’arracher la boule d’un trophée, puis déboulé comme une furie sur la terre battue. Des balles. Des balles, enfin ! Le regard rivé à la boule jaune qui la libèrerait enfin de son angoisse rampante, Martine a foncé jusqu’à être arrêtée par le filet. Qu’elle a heurté de plein fouet, révélant l’envers de sa micro-jupette, comme quoi les grognasses auraient pu penser à lui fournir le shorty assorti plutôt qu’une culotte en coton.

C’est là, seulement, les neurones douchés par un silence assourdissant, que Martine a fait le point. Deux joueurs perplexes. Tiens. Il ressemble à Djokovic, celui-là. Trois vigiles, cinq membres de staff et deux secouristes. Et, oh, disons quelques centaines de paires d’yeux ahuries braqués sur elle, affalée sur le filet, transférant lentement mais sûrement l’autobronzant de ses cuisses au maillage blanc. Vous auriez fait quoi, à sa place ? Martine a cligné, s’est dit qu’elle avait gagné son pari haut la main et s’est concentrée sur sa syncope.

Mamzette xx

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