Source image : CC Licence Paternité Partage Certains droits réservés par ©HTO3 1
Epernay, c’est… comment dire. Pas très grand. Joli mignon charmant romantique typique tout ça, hein, mais pas très grand. Le gros avantage d’Epernay, finalement, c’est le champagne. Parce que Marnie n’a pas le moindre doute : sans le champagne, jamais, au grand jamais, les pédaleurs fous du Tour de France n’auraient eu l’idée de s’arrêter à Epernay. C’est que les mecs, ils veulent bien jouer du mollet et passer des heures le matériel posé sur une selle inconfortable, mais faudrait songer à les hydrater, quand même. Manquerait plus qu’ils nous fassent un coup de grisou.
Alors pour une fois, Marnie se félicite 1) d’être Sparnacienne, 2) d’avoir mis un bon coup de pied au N de son prénom parce que franchement, Marine, ce n’est pas un prénom de star. Or Marnie – pas Marine – a les deux pieds sur le sentier de la gloire. Puisqu’il se trouve que les pédaleurs fous vont venir faire chauffer la coupette à Epernay, que Marnie vit à Epernay, et que Marnie connait la mère du colocataire du type qui gérait les castings des hôtesses. Balèze, hein.
Elle a joué de la ficelle, cravaché les récalcitrants et récompensé les plus dociles, et la voilà, Marnie, prête à refiler des fleurs à un type ruisselant en lycra moulant. Le pied, quoi. Soyons lucides, le type en lycra, Marnie s’en tamponne la queue de cheval, le cuissot glabre l’attire modérément. Sans parler du bronzage bigoût. En revanche, la foule massée à ses pieds l’attire beaucoup. Caméras, appareils photos et regards avides de Tour de France, le début de la gloire, Marnie, souris, applaudis !
Et voilà. Marnie l’a fait. Le type est arrivé avec l’air d’avoir passé trois jours à dos de chameau sans selle, elle a souri, il s’est approché, elle a tendu la main, il lui a fait la bise. Là, elle s’est jugée ultra professionnelle. Parce que Marnie est de ces femmes pour qui les embrassades post-compétition sportives ont toujours fait partie d’un vaste mystère planétaire : qui sont ces gens pour qui un corps ruisselant, collant et odorant n’est pas un obstacle ? En l’occurrence, Marnie s’est laissée ventouser par une éponge humide à casquette, sans broncher et même – il faudra vérifier les photos, mais elle est confiante – avec le sourire. Alors que l’autre fille, elle, a fait la grimace. Amatrice.
Récapitulons. Tour de France, jour de gloire, type en collant. Foule incluant forcément l’avenir de Marnie, sous la forme d’un riche mari / imprésario clairvoyant / producteur non pervers / mécène anonyme / tout autre profil incluant compte en banque décent et vision d’avenir fleurie. Même un excité de la pédale, elle pourrait envisager la chose, tout dépendrait de combien pèse son cycliste en lycra. Au sens figuré.
Elle était en train de scruter la foule avec un sourire à quarante-huit dents. Elle applaudissait élégamment, mains en croix, biceps contractés et ventre rentré, visualisant déjà les titres des journaux : « Marnie, la véritable star du Tour de France à Epernay ». A côté, l’éponge en lycra vert levait les bras en signe de victoire, l’aisselle commodément orientée vers les narines de Marnie. Qui se disait aussi, sous ses quarante-huit dents, nom de Deutz, encore deux minutes et je luis fais bouffer un stick Narta. Et c’est là, subitement, que les émanations sudoripares sont devenues le cadet de ses soucis.
Au bout du bras gauche gainé de lycra vert, soit juste au-dessus de la glorieuse queue de cheval de Marnie, se tenait le bouquet de fleurs. Remis par l’autre fille, Marnie s’étant chargée de refiler le maillot vert, symbole de…. euh… du fait que le type avait bien pédalé, sans doute. Pourquoi ? Parce que Marnie est allergique au pollen, aux graminées, aux herbacées, globalement, donc, à tout ce qui produit plus de spores qu’un bouquet en plastique. Rien de grave. Un simple rhume des foins. Sauf qu’un rhume des foins, ça ne colle ni avec un jour de gloire, ni avec une jolie robe blanche, encore moins avec un sourire à quarante-huit dents. La preuve, Marnie avait de plus en plus de mal à rayonner sous les assauts rageurs du bouquet.
Imaginez-vous, pour imager la sensation, continuer à sourire l’air de rien avec une poivrière dans chaque narine. Et ce, sans mentionner les piments dans les yeux, le palais assailli d’insectes ou les le poil à gratter dans la gorge. Oui, c’est compliqué, surtout quand on décide de ne pas céder. Toute à sa recherche de mécène, Marnie a serré les fesses et attendu que ça passe, attendu, attendu, attendu, jusqu’au moment où son corps a décidé qu’elle commençait à le gonfler sérieux, la midinette. C’est donc avec un éternuement aux sonorités d’orchestre à vent que la belle réserve de Marnie a volé en éclats, tirant un couinement de frayeur au pédaleur en lycra.
Silence. Marnie, la morve au nez et le maquillage aquarellé, sentait bien que c’était foutu. Son potentiel mécène disparaissait avec son fond de teint. C’est là que l’obsédé de la grimpette s’est approché, concerné, et c’était plutôt gentil, même Marnie veut bien l’admettre. Sauf qu’il avait toujours le bouquet de fleurs à la main, le gazon maudit. Et que le corps de Marnie a décidé d’en remettre une couche. Et que l’éternuement suivant, avec élan s’il vous plait, a expédié la tête blonde de notre hôtesse en plein menton sportif, que le sportif en avait quand même plein les mollets glabres après sa course, en tout cas trop pour tenir le choc. Et que quand il s’est vautré, il a embarqué la tête blonde avec lui.
Relayons en quelques phrases l’information telle que relatée dans les médias dès le lendemain matin, ayant fait beaucoup pour la notoriété du Tour de France, d’Epernay et du type en maillot vert : « L’étrangeté de la scène n’eut d’équivalent que la stupeur du cycliste, lorsque l’hôtesse enrhumée lui arracha le bouquet de fleurs. Pour s’excuser ? Certainement pas. Pour le gifler à coups de pivoines. Suite à quoi la demoiselle tenta de s’éclipser dignement, omettant que pour descendre de scène, mieux vaut emprunter les marches. »
Alors pour une fois, Marnie se félicite 1) d’être Sparnacienne, 2) d’avoir mis un bon coup de pied au N de son prénom parce que franchement, Marine, ce n’est pas un prénom de star. Or Marnie – pas Marine – a les deux pieds sur le sentier de la gloire. Puisqu’il se trouve que les pédaleurs fous vont venir faire chauffer la coupette à Epernay, que Marnie vit à Epernay, et que Marnie connait la mère du colocataire du type qui gérait les castings des hôtesses. Balèze, hein.
Elle a joué de la ficelle, cravaché les récalcitrants et récompensé les plus dociles, et la voilà, Marnie, prête à refiler des fleurs à un type ruisselant en lycra moulant. Le pied, quoi. Soyons lucides, le type en lycra, Marnie s’en tamponne la queue de cheval, le cuissot glabre l’attire modérément. Sans parler du bronzage bigoût. En revanche, la foule massée à ses pieds l’attire beaucoup. Caméras, appareils photos et regards avides de Tour de France, le début de la gloire, Marnie, souris, applaudis !
Et voilà. Marnie l’a fait. Le type est arrivé avec l’air d’avoir passé trois jours à dos de chameau sans selle, elle a souri, il s’est approché, elle a tendu la main, il lui a fait la bise. Là, elle s’est jugée ultra professionnelle. Parce que Marnie est de ces femmes pour qui les embrassades post-compétition sportives ont toujours fait partie d’un vaste mystère planétaire : qui sont ces gens pour qui un corps ruisselant, collant et odorant n’est pas un obstacle ? En l’occurrence, Marnie s’est laissée ventouser par une éponge humide à casquette, sans broncher et même – il faudra vérifier les photos, mais elle est confiante – avec le sourire. Alors que l’autre fille, elle, a fait la grimace. Amatrice.
Récapitulons. Tour de France, jour de gloire, type en collant. Foule incluant forcément l’avenir de Marnie, sous la forme d’un riche mari / imprésario clairvoyant / producteur non pervers / mécène anonyme / tout autre profil incluant compte en banque décent et vision d’avenir fleurie. Même un excité de la pédale, elle pourrait envisager la chose, tout dépendrait de combien pèse son cycliste en lycra. Au sens figuré.
Elle était en train de scruter la foule avec un sourire à quarante-huit dents. Elle applaudissait élégamment, mains en croix, biceps contractés et ventre rentré, visualisant déjà les titres des journaux : « Marnie, la véritable star du Tour de France à Epernay ». A côté, l’éponge en lycra vert levait les bras en signe de victoire, l’aisselle commodément orientée vers les narines de Marnie. Qui se disait aussi, sous ses quarante-huit dents, nom de Deutz, encore deux minutes et je luis fais bouffer un stick Narta. Et c’est là, subitement, que les émanations sudoripares sont devenues le cadet de ses soucis.
Au bout du bras gauche gainé de lycra vert, soit juste au-dessus de la glorieuse queue de cheval de Marnie, se tenait le bouquet de fleurs. Remis par l’autre fille, Marnie s’étant chargée de refiler le maillot vert, symbole de…. euh… du fait que le type avait bien pédalé, sans doute. Pourquoi ? Parce que Marnie est allergique au pollen, aux graminées, aux herbacées, globalement, donc, à tout ce qui produit plus de spores qu’un bouquet en plastique. Rien de grave. Un simple rhume des foins. Sauf qu’un rhume des foins, ça ne colle ni avec un jour de gloire, ni avec une jolie robe blanche, encore moins avec un sourire à quarante-huit dents. La preuve, Marnie avait de plus en plus de mal à rayonner sous les assauts rageurs du bouquet.
Imaginez-vous, pour imager la sensation, continuer à sourire l’air de rien avec une poivrière dans chaque narine. Et ce, sans mentionner les piments dans les yeux, le palais assailli d’insectes ou les le poil à gratter dans la gorge. Oui, c’est compliqué, surtout quand on décide de ne pas céder. Toute à sa recherche de mécène, Marnie a serré les fesses et attendu que ça passe, attendu, attendu, attendu, jusqu’au moment où son corps a décidé qu’elle commençait à le gonfler sérieux, la midinette. C’est donc avec un éternuement aux sonorités d’orchestre à vent que la belle réserve de Marnie a volé en éclats, tirant un couinement de frayeur au pédaleur en lycra.
Silence. Marnie, la morve au nez et le maquillage aquarellé, sentait bien que c’était foutu. Son potentiel mécène disparaissait avec son fond de teint. C’est là que l’obsédé de la grimpette s’est approché, concerné, et c’était plutôt gentil, même Marnie veut bien l’admettre. Sauf qu’il avait toujours le bouquet de fleurs à la main, le gazon maudit. Et que le corps de Marnie a décidé d’en remettre une couche. Et que l’éternuement suivant, avec élan s’il vous plait, a expédié la tête blonde de notre hôtesse en plein menton sportif, que le sportif en avait quand même plein les mollets glabres après sa course, en tout cas trop pour tenir le choc. Et que quand il s’est vautré, il a embarqué la tête blonde avec lui.
Relayons en quelques phrases l’information telle que relatée dans les médias dès le lendemain matin, ayant fait beaucoup pour la notoriété du Tour de France, d’Epernay et du type en maillot vert : « L’étrangeté de la scène n’eut d’équivalent que la stupeur du cycliste, lorsque l’hôtesse enrhumée lui arracha le bouquet de fleurs. Pour s’excuser ? Certainement pas. Pour le gifler à coups de pivoines. Suite à quoi la demoiselle tenta de s’éclipser dignement, omettant que pour descendre de scène, mieux vaut emprunter les marches. »