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Source image :  CC Martin/x1klima sur Flickr
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Il est des phrases particulièrement désagréables à entendre, surtout lorsqu’elles sont justes et qu’elles sortent de la bouche de votre mère. Par exemple ? « Tu pourras faire ce que tu veux, tes gamins suivront ton exemple, pas ton avis ». Celle-ci, Joséphine l’a détestée direct. Qu’est-ce-qu’elle en sait, d’abord, hein ? A son époque, les choses étaient différentes, l’éducation était différente, d’ailleurs Joséphine elle-même est très, très différente de sa mère. Elle l’adore, entendons-nous bien, encore plus quand elle s’occupe de ce qui la regarde et l’éducation des petits-enfants n’en fait partie que dans ses rêves. Joséphine a donc très proprement envoyé bouler sa génitrice : ses enfants feraient ce que leur demanderait leur mère, parce qu’un enfant sait reconnaître l’autorité quand il la croise.

Sauf que ça ne s’est pas tout à fait passé comme ça. Ils ont commencé à la contredire sitôt en âge de parler, elle aurait dû se douter que son mari transmettrait de mauvais gènes. Mais maman, c’est pas bleu. Mais maman, il fait pas beau. Nan j’en veux pas. Nan c’est moche. J’aime pas ta jupe. Papa il le fait mieux. Mais maman je veux pas aller à la gym j’aime pas ça et les autres filles elles sont trop nulles, d’abord toi t’y vas même pas. Voilà. Ilona, six ans. Joséphine, 42, mouchée. Et pour parler simplement, les boules.

Ce n’est pas faute d’avoir essayé mais comme on dit, impossible d’aimer tout le monde et Joséphine n’aime pas le sport. Ou est-ce le sport qui ne l’aime pas ? Elle a tenté le modern jazz (foulure), la danse classique (la honte), le yoga (lent… tellement lent…), la zumba (dix séances de kiné), la marche en ville (ah, les gaz d’échappement), la marche en forêt (ah, la gadoue), le jogging (deux cent mètres avant la crise d’apoplexie), la boxe (cocard), l’aquagym (traumatisme du maillot de bain) et le step (re-foulure, elle a manifestement la cheville fragile). Elle a chaussé des baskets et des chaussons, lâché un demi-salaire dans des tenues de gym ultra techniques, suivi les copines et le mari. Rien. Elle s’ennuie. Ou elle tombe, ou elle se ridiculise ou elle se fait mal, souvent les trois en même temps, d’où la conclusion : le corps de Joséphine n’aime pas le sport, il faut vivre en paix avec son corps, Joséphine ne fait pas de sport.

On ne peut pas dire qu’elle soit statique, non plus, elle a deux enfants ! Toute femme dotée d’une descendance en bas âge en a douloureusement conscience : pour attirer l’attention de votre marmaille, posez-vous dans un coin avec la ferme intention de vous reposer. Effet immédiat. Alors non, on ne peut pas dire qu’elle ne bouge pas, entre l’école et le boulot, les cours de dessin et les réunions, les goûters d’anniversaire et les repas à préparer. Liste non exhaustive, voire carrément simpliste.

Malheureusement, le « je t’aime de tout mon gros cœur de maman mais tu me tues » n’est pas un concept facile à appréhender par des enfants. Elle s’est donc sagement contentée d’agir en silence, mais voilà, l’enfant a la répartie aussi futée qu’assassine et non, Joséphine n’avait pas prévu le retour de manivelle en pleine tronche avec élan. Elle en fut très irritée, avouons-le. Se faire mettre le nez dedans par ses gamins a quelque chose d’anti-naturel. Non, elle ne fait pas de sport au sens strict du terme. Oui, elle veut que ses enfants fassent du sport au sens strict du terme,  parce que le corps de ses enfants est jeune et qu’il ne sait pas vraiment ce qu’il aime. Joséphine, elle, le sait. C’est elle qui l’a fait.

Où a-t-elle commencé ? Elle ne se souvient même plus. Elle sait seulement qu’on va en enfer pour moins que ça. Mais voilà ce qui arrive à une mère qu’on accule, elle perd vingt ans d’expérience d’un coup, catapultée dans la peau d’une ado fautive en un centième de seconde. C’est bien ce qui s’est passé ce jour-là. C’est sorti tout seul. Direct, comme ça, les yeux dans les mirettes innocentes de la chair de sa chair, une logorrhée arrogante et sans appel, de celles sur lesquelles on ne revient jamais sous peine de perdre toute crédibilité parentale or Joséphine y tient, au peu de crédibilité parentale qui lui reste.

Déjà, quand ils sont rentrés bourrés avec Philippe, la semaine dernière, ils ont perdu un bon paquet de points. C’est qu’Ilona avait fait un cauchemar, qu’elle avait réveillé son frère, et que réfuter la présence de monstres sanguinaires en bégayant, c’est compliqué. Vérifier sous le lit en titubant, encore plus.

Bref. Sa crédibilité parentale a peut-être survécu, mais son estime de soi, en revanche, commence à piquer sacrément du nez. Voilà à quoi elle pense, le nez dans son journal sous les rayons du soleil matinal : à la médaille en papier fabriquée par son amour de petite fille la veille. Maman si tu reviens cinq minutes plus vite, je te donnerai ma médaille. Est-ce-qu’elle n’aurait pas rapetissé sous le regard goguenard de son mari ? La sensation fut tellement vive qu’elle se demande, quand même.

Mais comment ? Comment expliquer à une gamine de six ans et son grand frère que maman, le nez dans la mouise, a décidé de mentir effrontément à sa progéniture ? Comment leur avouer que non, maman ne parcourt pas tous les samedis matins vingt kilomètres à vélo ? Comment révéler, à voix haute et les yeux dans les yeux, que maman descend de sa monture au coin de la rue pour aller s’acheter un petit noir et deux croissants boulottés en douce avec le journal sur un banc du parc ? Tout ça tandis que son adorable fille chronomètre fidèlement son temps sur une montre rose, à la maison ?
​
Oh, l’abominable cercle vicieux. En plus elle a froid, sur son banc, et elle doit malgré tout s’asperger d’eau avant de rentrer pour simuler jusqu’au bout la sportive ruisselante de sueur. Inutile de dire qu’elle en veut énormément à sa propre mère : si celle-ci lui avait donné le goût du sport dans sa jeunesse, jamais elle ne se trouverait dans le camp des mères indignes. Elle risque d’aller en enfer à cause de sa mère. Qui a osé, la semaine dernière, proférer à la suite deux impardonnables énormités : 1) je te l’avais bien dit 2) et si tu te mettais réellement au sport ? Si Joséphine n’avait pas été si désespérée, elle en aurait pleuré de rire. 

Mamzette xx

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