Non, elle n’a pas laissé tomber ses clés. Et non, elle n’est pas non plus en plein remake de Roméo et Juliette, c’est plus grave que ça. Encore que son Jules tout neuf est bien en bas, là, entre une voiture de luxe et une crotte de chien, un nez hilare levé vers elle et qu'il perd beaucoup de points, avec ce nez hilare. Parce que ça n’a vraiment rien de drôle.
Elle l’a rencontré deux jours plus tôt chez Julie. Elle n’avait pas le temps, pas la place, presque pas l’envie, d’autant qu’Iseult est loin d’être une romantique. Le coup de foudre ? Soyons séreux. Une alchimie éthylique, tout au plus. Là où l’affaire se complique, c’est que soit le punch était sacrément corsé, soit quelqu’un, là-haut, se fend la poire puisque deux jours plus tard, l’alchimie est toujours là. Probablement plus éthylique, quand même.
A quoi ça tient, dans ce cas ? Iseult est bien embêtée, quand elle se retrouve à roucouler comme une quiche devant son Jules tout neuf. Une invasion rose de sa matière grise, un désastre. Elle minaude, elle tournicote ses mèches, elle met des jupes et elle rit comme une bimbo devant un milliardaire russe. Elle, Iseult ! Elle qui rapport à la croix de son prénom, s’est fait une gloire de démonter les romans d’amour avec le doigté d’un mécano prodige.
La jupe, tout ça, c’est à cause de la jupe. Iseult est une intello. Une intello ne porte pas de jupes, elle a mieux à faire, et puisqu’elle a voulu s’exhiber le cuissot dans une petite robette blanche datant de ses années lycée, la voilà en situation précaire totalement indigne de son statut.
Mais c’était le matin, elle était encore ensuquée, son Jules tout neuf lui a fait des mamours et dit plein de jolies choses gentilles que ses neurones assoupis ont pris plein pot, vlan, comme ça au réveil, pas le temps de traiter, de brancher les pare-feu et les filtres anti-cucuterie, rien, cul-sec. Elle s’est étouffée sous la tendresse et a gloussé sous la couette. Ouais. Elle. Iseult. Elle mourrait plutôt que de l’avouer, sauf que maintenant, il y a une preuve.
Qu’il parte travailler, bon. Ça arrive, son Jules tout neuf a un job, c’est une bonne chose, en soi. Elle a même refermé la porte derrière lui sans se coller au battant en soupirant comme la veille, elle était plutôt fière. Et puis elle a oublié qu’elle était fière et couru au balcon pour voir s’éloigner le responsable de sa débilité nouvelle. Pourquoi ? Qu’est-ce-qui lui est passé par le cortex ? Elle n’a pas réfléchi, et c’est bien son problème : Iseult n’a pas l’habitude de ne pas réfléchir.
Si au moins il s’était contenté de lui faire signe, un petit coucou gentil, à l’extrême limite un poutou soufflé, bon, il n’y avait personne dans la rue, elle aurait pu tolérer, mais non. Il s’est mis à lui clamer des mots d’amour depuis le trottoir. Et qu’est-ce-qu’elle a fait, au lieu de hausser un sourcil circonspect ? Elle a renchéri. Et oui. Invasion rose, on vous dit. Avant d’avoir pu comprendre, elle le suppliait d’oublier le boulot et de remonter, ou au moins de lui laisser son tee-shirt pour le garder près d’elle jusqu’à ce soir. Elle en rougit rien que d’y penser, c’est proprement navrant. Et quoi ? Elle comptait sniffer son vieux polo toute la journée ? C’est qu’elle a des logiciels à coder, elle, elle n’a pas le temps de se shooter à l’aisselle chauffée !
Mais bon, elle l’a fait. Malheureusement. Puisque loin de s’enfuir à toutes jambes comme n’importe quel mâle normalement constitué face à pareil débordement émotionnel, son Jules tout neuf a souri avec ravissement et le ravissement sur un barbu tatoué, elle vous jure que ça vaut son pesant de cacahuètes. C’est sans doute ce qui l’a faite basculer, non ? Non. C’est la bêtise, point.
Bien évidemment, il a réclamé un échange. Il arracherait son tee-shirt si elle faisait de même, c’était donnant-donnant, lui aussi voulait la savoir avec lui durant sa journée de travail, ce n’était que justice. Ah, la surenchère. Arme du faible, et Iseult, depuis deux jours, est plus que faible. Elle est pitoyable. Elle a donc surenchéri. Elle s’est éloignée de la rambarde et a fait glisser sa culotte jusqu’à ses pieds.
Vous voyez ? Avec un pantalon d’intello bien sage, jamais elle n’aurait fait un truc pareil. Jamais. Mais il semblerait que la jupe aille de pair avec la perte de ses facultés intellectuelles, puisqu’elle l’a bel et bien fait, sa culotte de coton blanc a atterri sur le dallage. Courant d’air. Elle n’a pas bronché. Elle a ramassé le coton d’un orteil sous le regard émerveillé de son Jules tout neuf, s’est rapprochée du balcon et d’un grand geste plein d’emphase, a expédié la chose vers le trottoir.
Forcément, c’est le moment qu’ont choisi les puissances supérieures pour lui rappeler que rien ne vaut un peu de jugeote. La culotte de coton blanc a accroché le pot de fleurs ornant la rambarde, l’élastique a tiré, Iseult a tout lâché, trop tard. Le pot de fleurs s’est écrasé non sur son Jules tout neuf, ni sur la crotte de chien, mais sur le capot de la voiture de luxe. Qui s’est mise à hurler de rage, toutes alarmes déployées.
Et voilà. Iseult la scientifique, Iseult l’intello, cul nu sous sa robe blanche, plantée sur le balcon tandis que les fenêtres s’ouvrent peu à peu pour dénicher l’origine du tintouin. Les voisins pointent le nez, son Jules tout neuf est mort de rire, et sa culotte blanche orne les branches nues du peuplier.
Elle l’a rencontré deux jours plus tôt chez Julie. Elle n’avait pas le temps, pas la place, presque pas l’envie, d’autant qu’Iseult est loin d’être une romantique. Le coup de foudre ? Soyons séreux. Une alchimie éthylique, tout au plus. Là où l’affaire se complique, c’est que soit le punch était sacrément corsé, soit quelqu’un, là-haut, se fend la poire puisque deux jours plus tard, l’alchimie est toujours là. Probablement plus éthylique, quand même.
A quoi ça tient, dans ce cas ? Iseult est bien embêtée, quand elle se retrouve à roucouler comme une quiche devant son Jules tout neuf. Une invasion rose de sa matière grise, un désastre. Elle minaude, elle tournicote ses mèches, elle met des jupes et elle rit comme une bimbo devant un milliardaire russe. Elle, Iseult ! Elle qui rapport à la croix de son prénom, s’est fait une gloire de démonter les romans d’amour avec le doigté d’un mécano prodige.
La jupe, tout ça, c’est à cause de la jupe. Iseult est une intello. Une intello ne porte pas de jupes, elle a mieux à faire, et puisqu’elle a voulu s’exhiber le cuissot dans une petite robette blanche datant de ses années lycée, la voilà en situation précaire totalement indigne de son statut.
Mais c’était le matin, elle était encore ensuquée, son Jules tout neuf lui a fait des mamours et dit plein de jolies choses gentilles que ses neurones assoupis ont pris plein pot, vlan, comme ça au réveil, pas le temps de traiter, de brancher les pare-feu et les filtres anti-cucuterie, rien, cul-sec. Elle s’est étouffée sous la tendresse et a gloussé sous la couette. Ouais. Elle. Iseult. Elle mourrait plutôt que de l’avouer, sauf que maintenant, il y a une preuve.
Qu’il parte travailler, bon. Ça arrive, son Jules tout neuf a un job, c’est une bonne chose, en soi. Elle a même refermé la porte derrière lui sans se coller au battant en soupirant comme la veille, elle était plutôt fière. Et puis elle a oublié qu’elle était fière et couru au balcon pour voir s’éloigner le responsable de sa débilité nouvelle. Pourquoi ? Qu’est-ce-qui lui est passé par le cortex ? Elle n’a pas réfléchi, et c’est bien son problème : Iseult n’a pas l’habitude de ne pas réfléchir.
Si au moins il s’était contenté de lui faire signe, un petit coucou gentil, à l’extrême limite un poutou soufflé, bon, il n’y avait personne dans la rue, elle aurait pu tolérer, mais non. Il s’est mis à lui clamer des mots d’amour depuis le trottoir. Et qu’est-ce-qu’elle a fait, au lieu de hausser un sourcil circonspect ? Elle a renchéri. Et oui. Invasion rose, on vous dit. Avant d’avoir pu comprendre, elle le suppliait d’oublier le boulot et de remonter, ou au moins de lui laisser son tee-shirt pour le garder près d’elle jusqu’à ce soir. Elle en rougit rien que d’y penser, c’est proprement navrant. Et quoi ? Elle comptait sniffer son vieux polo toute la journée ? C’est qu’elle a des logiciels à coder, elle, elle n’a pas le temps de se shooter à l’aisselle chauffée !
Mais bon, elle l’a fait. Malheureusement. Puisque loin de s’enfuir à toutes jambes comme n’importe quel mâle normalement constitué face à pareil débordement émotionnel, son Jules tout neuf a souri avec ravissement et le ravissement sur un barbu tatoué, elle vous jure que ça vaut son pesant de cacahuètes. C’est sans doute ce qui l’a faite basculer, non ? Non. C’est la bêtise, point.
Bien évidemment, il a réclamé un échange. Il arracherait son tee-shirt si elle faisait de même, c’était donnant-donnant, lui aussi voulait la savoir avec lui durant sa journée de travail, ce n’était que justice. Ah, la surenchère. Arme du faible, et Iseult, depuis deux jours, est plus que faible. Elle est pitoyable. Elle a donc surenchéri. Elle s’est éloignée de la rambarde et a fait glisser sa culotte jusqu’à ses pieds.
Vous voyez ? Avec un pantalon d’intello bien sage, jamais elle n’aurait fait un truc pareil. Jamais. Mais il semblerait que la jupe aille de pair avec la perte de ses facultés intellectuelles, puisqu’elle l’a bel et bien fait, sa culotte de coton blanc a atterri sur le dallage. Courant d’air. Elle n’a pas bronché. Elle a ramassé le coton d’un orteil sous le regard émerveillé de son Jules tout neuf, s’est rapprochée du balcon et d’un grand geste plein d’emphase, a expédié la chose vers le trottoir.
Forcément, c’est le moment qu’ont choisi les puissances supérieures pour lui rappeler que rien ne vaut un peu de jugeote. La culotte de coton blanc a accroché le pot de fleurs ornant la rambarde, l’élastique a tiré, Iseult a tout lâché, trop tard. Le pot de fleurs s’est écrasé non sur son Jules tout neuf, ni sur la crotte de chien, mais sur le capot de la voiture de luxe. Qui s’est mise à hurler de rage, toutes alarmes déployées.
Et voilà. Iseult la scientifique, Iseult l’intello, cul nu sous sa robe blanche, plantée sur le balcon tandis que les fenêtres s’ouvrent peu à peu pour dénicher l’origine du tintouin. Les voisins pointent le nez, son Jules tout neuf est mort de rire, et sa culotte blanche orne les branches nues du peuplier.