Source image : CC BY-SA 2.0 January sur Wikimedia Commons
Elle était contente, au départ. Puisque replaçons les choses dans le contexte : Fleur est une scientifique de cœur. Chiffres, comptes, commerce, numérique… pipi de chat. Elle vous explicite la cryptographie comme d’autres raconteraient la pâte à crêpes, quant à vous faire un bilan, c’est les yeux fermés et les mains liées dans le dos avec un câble HDMI. Et pourtant, son rêve secret à Fleur, n’était qu’art, culture et nourritures spirituelles. Elle vous en bouche un coin, la jolie dame, hein. Ouais. Et pourtant, elle qui croyait avoir tout vu, tout lu, tout tu, tout supporté et tout admiré, elle est restée comme deux ronds de flanc après quelques heures dans ses nouveaux escarpins.
Escarpins au sens figuré, bien sûr, mais pardonnez-la, elle va trop vite en besogne. Reprenons dans l’ordre. Fleur travaillait d’arrache-pied du côté des touristes, du commerce et de l’étranger, ce qui dit comme ça, parait un chouïa barbare. Pour être honnête, ça l’est, et pas folichon, avec ça. Mais comme quoi, Fleur a bien fait de se coltiner les touristes, puisque Manuel a apprécié. Manuel, c’est son big boss. Enfin, officiellement, il y a Oui-Oui juste au-dessus, mais c’est plutôt pour la déco. Manuel, donc, était sacrément content du courage de sa Fleur, vu que si elle n’avait pas empoigné le ministère par les noix à l’époque, il se serait trouvé avec un sac de nœud sur les bras. Trop de métaphores ? Alors disons que personne n’en voulait. Voilà.
Non, ces choses-là ne se savent pas. Mais c’est qu’il y a Muchu, au Commerce extérieur, du Développement du tourisme et des Français de l'étranger (prononcez « mouchou »). Aucun rapport avec Michou mais tout avoir avec le dragon miniature de Mulan : beaucoup de bruit, beaucoup de dégâts, et indétrônable. Fonctionnaire, quoi. Depuis longtemps, avec belle-famille en haut lieu décisionnaire. Bref, Muchu, alias Josiane, pourrit la vie de quiconque met le pied au ministère du Commerce extérieur, du Développement du tourisme et des Français de l'étranger, et ce depuis près de vingt ans.
Du coup, personne ne veut plus y pointer un mocassin, pensez-vous. Sauf Fleur. Mais si Fleur y a pointé non le mocassin, plutôt l’escarpin, c’était d’une, par pur dévouement, de deux, par pure stratégie, de trois, par habitude. Oui, parce qu’avant Muchu, Fleur était ministre des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique. Et qu’au ministère des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique, il y avait Getz. Comme Leo Getz dans l’Arme Fatale, vous visualisez ? Pas méchant, vraiment. Même pas vraiment incompétent. Simplement insupportable, capable de vous planter l’index dans la pulpe du biceps jusqu’à ce que vous daigniez le remarquer, et ce en pleine réunion avec Oui-Oui.
Fleur a découvert, à cette époque, qu’on peut avoir eu son bac à 16 ans, sortir de l’Ena et maîtriser les comptes de l’état bien plus facilement que certaines pulsions meurtrières. Elle a même fini par supprimer de son bureau tous les ciseaux ou coupe-papiers, de peur de finir par débarrasser Getz de son index envahissant. Alors voilà, Muchu, à côté, c’était Lassie. Fleur n’a pas laissé passer l’opportunité, et du coup, Manuel l’a à la bonne. Résultat, cette semaine, enfin, le sacrifice a payé : Fleur a dit adieu aux flammèches de Muchu, a pris ses cliques et ses claques et investi la Culture.
Oui, la Culture. Et Fleur ne peut que vous laisser entendre le pied de nez avec coup de pied retourné et double mandale dans la face, pour ceux qui tout au long de son ascension, ont opposé culture française et regard bridé, comme si la cuisse de grenouille se transmettait par l’ADN. Bref, lui demanderez-vous. D’où peut bien venir la nouille dans le potage, alors que tout n’était que bouquets, cartons d’invitations et accolades dans la vie de Fleur ? Voyez-vous, c’est seulement son troisième ministère, à Fleur. Elle est encore fraîche. Et elle sait bien qu’entre vieux ministres et jeunes ministres, il y a des choses qu’on ne se dit pas, des légendes qu’on ne confirme pas. Pourquoi ? Parce que ça permet aux vieux qui savent de refiler la patate chaude aux jeunes qui ne savent pas.
Fleur, en tant que jeune ministre, s’est dit qu’un, ça arrive. Deux, c’est moche, mais c’est une coïncidence. Sauf que là, c’est son troisième ministère et qu’au troisième boulet inamovible en trois ministères, elle commence à comprendre le principe même du ministère. C’est comme une église : chacun a sa gargouille, que tout le monde déteste mais que personne ne voudrait perdre. Ça, c’est pour le côté porte-bonheur de la gargouille. Ces grands benêts avec lesquels elle travaille sont persuadés que débarrasser un ministère de sa gargouille mènerait le pays direct à la récession, et que d’ailleurs le boxon actuel, c’est à cause de Marylise : à peine arrivée à la Fonction publique, elle a voulu montrer l’exemple en virant le parasite de service. Boum. Crise.
Alors bon, Fleur veut bien garder l’esprit ouvert. Mais de là à se dire que virer un incapable surpayé va empêcher la relance… malheureusement, quoi qu’elle en pense, elle n’aura pas le dernier mot, les vieux de la vieille ont trop de copains, elle va bien devoir se faire une raison. Il a peut-être des qualités, aussi, Simplet. Il est gentil. C’est bien, ça, d’être gentil, parce que ni Getz ni Muchu n’étaient particulièrement sympas.
Simplet, lui, est tellement gentil qu’avant même l’arrivée de sa nouvelle patronne, il avait empli son bureau de bouquets de roses du sol au plafond. Avec les épines. Il a fallu 45 minutes pour que Fleur puisse prendre possession du bureau, sous le regard ravi de Simplet claironnant « des fleurs pour Fleur », persuadé de s’être faufilé direct dans les petits papiers de sa boss. Mais oui, ça partait d’une bonne intention, et Fleur aurait sans doute oublié l’incident si sous les bouquets de roses, on n’avait pas découvert autre chose.
Une bombe ? Non, Simplet ne cherche qu’à répandre le bonheur. Allez savoir comment, mais ses neurones miniatures ont réussi à se convaincre qu’investir dans un caniche géant de Jeff Koons sur les deniers publics afin de décorer le bureau de Fleur était une bonne idée. Fleur, qui doit maintenant trouver un moyen de rattraper/couvrir/justifier le trou dans la caisse, tout en vivant avec l’idée que son chef comptable, s’il sait compter, est sujet à des fontes de matière grise régulières, sans qu’elle ne puisse même le changer de poste. Il en va de l’avenir de la France.
Escarpins au sens figuré, bien sûr, mais pardonnez-la, elle va trop vite en besogne. Reprenons dans l’ordre. Fleur travaillait d’arrache-pied du côté des touristes, du commerce et de l’étranger, ce qui dit comme ça, parait un chouïa barbare. Pour être honnête, ça l’est, et pas folichon, avec ça. Mais comme quoi, Fleur a bien fait de se coltiner les touristes, puisque Manuel a apprécié. Manuel, c’est son big boss. Enfin, officiellement, il y a Oui-Oui juste au-dessus, mais c’est plutôt pour la déco. Manuel, donc, était sacrément content du courage de sa Fleur, vu que si elle n’avait pas empoigné le ministère par les noix à l’époque, il se serait trouvé avec un sac de nœud sur les bras. Trop de métaphores ? Alors disons que personne n’en voulait. Voilà.
Non, ces choses-là ne se savent pas. Mais c’est qu’il y a Muchu, au Commerce extérieur, du Développement du tourisme et des Français de l'étranger (prononcez « mouchou »). Aucun rapport avec Michou mais tout avoir avec le dragon miniature de Mulan : beaucoup de bruit, beaucoup de dégâts, et indétrônable. Fonctionnaire, quoi. Depuis longtemps, avec belle-famille en haut lieu décisionnaire. Bref, Muchu, alias Josiane, pourrit la vie de quiconque met le pied au ministère du Commerce extérieur, du Développement du tourisme et des Français de l'étranger, et ce depuis près de vingt ans.
Du coup, personne ne veut plus y pointer un mocassin, pensez-vous. Sauf Fleur. Mais si Fleur y a pointé non le mocassin, plutôt l’escarpin, c’était d’une, par pur dévouement, de deux, par pure stratégie, de trois, par habitude. Oui, parce qu’avant Muchu, Fleur était ministre des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique. Et qu’au ministère des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique, il y avait Getz. Comme Leo Getz dans l’Arme Fatale, vous visualisez ? Pas méchant, vraiment. Même pas vraiment incompétent. Simplement insupportable, capable de vous planter l’index dans la pulpe du biceps jusqu’à ce que vous daigniez le remarquer, et ce en pleine réunion avec Oui-Oui.
Fleur a découvert, à cette époque, qu’on peut avoir eu son bac à 16 ans, sortir de l’Ena et maîtriser les comptes de l’état bien plus facilement que certaines pulsions meurtrières. Elle a même fini par supprimer de son bureau tous les ciseaux ou coupe-papiers, de peur de finir par débarrasser Getz de son index envahissant. Alors voilà, Muchu, à côté, c’était Lassie. Fleur n’a pas laissé passer l’opportunité, et du coup, Manuel l’a à la bonne. Résultat, cette semaine, enfin, le sacrifice a payé : Fleur a dit adieu aux flammèches de Muchu, a pris ses cliques et ses claques et investi la Culture.
Oui, la Culture. Et Fleur ne peut que vous laisser entendre le pied de nez avec coup de pied retourné et double mandale dans la face, pour ceux qui tout au long de son ascension, ont opposé culture française et regard bridé, comme si la cuisse de grenouille se transmettait par l’ADN. Bref, lui demanderez-vous. D’où peut bien venir la nouille dans le potage, alors que tout n’était que bouquets, cartons d’invitations et accolades dans la vie de Fleur ? Voyez-vous, c’est seulement son troisième ministère, à Fleur. Elle est encore fraîche. Et elle sait bien qu’entre vieux ministres et jeunes ministres, il y a des choses qu’on ne se dit pas, des légendes qu’on ne confirme pas. Pourquoi ? Parce que ça permet aux vieux qui savent de refiler la patate chaude aux jeunes qui ne savent pas.
Fleur, en tant que jeune ministre, s’est dit qu’un, ça arrive. Deux, c’est moche, mais c’est une coïncidence. Sauf que là, c’est son troisième ministère et qu’au troisième boulet inamovible en trois ministères, elle commence à comprendre le principe même du ministère. C’est comme une église : chacun a sa gargouille, que tout le monde déteste mais que personne ne voudrait perdre. Ça, c’est pour le côté porte-bonheur de la gargouille. Ces grands benêts avec lesquels elle travaille sont persuadés que débarrasser un ministère de sa gargouille mènerait le pays direct à la récession, et que d’ailleurs le boxon actuel, c’est à cause de Marylise : à peine arrivée à la Fonction publique, elle a voulu montrer l’exemple en virant le parasite de service. Boum. Crise.
Alors bon, Fleur veut bien garder l’esprit ouvert. Mais de là à se dire que virer un incapable surpayé va empêcher la relance… malheureusement, quoi qu’elle en pense, elle n’aura pas le dernier mot, les vieux de la vieille ont trop de copains, elle va bien devoir se faire une raison. Il a peut-être des qualités, aussi, Simplet. Il est gentil. C’est bien, ça, d’être gentil, parce que ni Getz ni Muchu n’étaient particulièrement sympas.
Simplet, lui, est tellement gentil qu’avant même l’arrivée de sa nouvelle patronne, il avait empli son bureau de bouquets de roses du sol au plafond. Avec les épines. Il a fallu 45 minutes pour que Fleur puisse prendre possession du bureau, sous le regard ravi de Simplet claironnant « des fleurs pour Fleur », persuadé de s’être faufilé direct dans les petits papiers de sa boss. Mais oui, ça partait d’une bonne intention, et Fleur aurait sans doute oublié l’incident si sous les bouquets de roses, on n’avait pas découvert autre chose.
Une bombe ? Non, Simplet ne cherche qu’à répandre le bonheur. Allez savoir comment, mais ses neurones miniatures ont réussi à se convaincre qu’investir dans un caniche géant de Jeff Koons sur les deniers publics afin de décorer le bureau de Fleur était une bonne idée. Fleur, qui doit maintenant trouver un moyen de rattraper/couvrir/justifier le trou dans la caisse, tout en vivant avec l’idée que son chef comptable, s’il sait compter, est sujet à des fontes de matière grise régulières, sans qu’elle ne puisse même le changer de poste. Il en va de l’avenir de la France.
