Page blanche. Totale. Des centaines de lectrices attendent leur post du jour mais rien, pas une idée, le vide abyssal, déconfiture totale pour Eglantine et très franchement, c’est une première.
La faute au farniente, peut-être ? Contaminée par la vague de flemmardise qui sature le bungalow ? Pourtant sur le papier, ça semblait une excellente idée. Détente, oubli, recharger ses batteries, se dépolluer le cerveau et le remplir de jolies pensées toute pures, d’idées foisonnantes, de soleil, de cocktails, de testostérone en shorty. Elle n’avait pas songé à l’effet boomerang, le sable blanc qui déteint sur la page.
Voilà, tout ça c’est la faute de Titine et ses idées à la noix. Si sa BFF ne lui avait pas proposé une semaine dans la maison de famille au soleil, jamais elle ne se serait trouvée sèche comme un cheveu mal décoloré devant son clavier. Mais elle était bien consciente que si elle parlait farniente à ses lectrices au mois de janvier, elle risquait d’en perdre quelques-unes, voire, de se ramasser une volée de bois vert bien sentie. Genre « y en a qui s’embêtent pas », « ça rapporte le blog » ou « merci d’être en phase avec ton public qui trime dans la grisaille », et elle aurait beau arguer du bungalow prêté ou de son banquier très fâché, elle aurait du mal à les convaincre.
Il lui fallait une idée drôle, vivante, vécue, sauf qu’elle ne vivait rien d’autre qu’une grève totale de neurones et c’est comme ça, par sens du devoir, qu’elle a décidé de partir à la recherche de l’inspiration. Pour ceux qui ne le savent pas, l’inspiration se cache fréquemment sur la plage, juste là où une troupe de shortys joue au volley, c’est pas de bol, fallait bien s’y coller. Eglantine s’est dévouée.
Sur la plage, l’inspiration brillait malheureusement par son absence, le filet de volley pendait mollement, la testostérone faisait la sieste à l’ombre et Eglantine s’est dit tant mieux, après tout, puisqu’elle avait oublié d’enfiler son bikini tue-mouche. Elle était plutôt en mode femme d’intérieur, là. Espadrille élimées, short trop grand, tee-shirt de nuit et à vous elle peut l’avouer, rien d’autre dessous que sa vieille culotte cosy. Elle ne pouvait pas savoir.
Elle ne pouvait vraiment, vraiment pas deviner où l’inspiration l’attendait. Le sixième sens de l’écrivain, pourtant, l’y a poussée sans coup férir et c’est d’un pas ramolli par le sable dans ses espadrilles qu’elle a commencé à arpenter le ponton s’avançant dans la mer, se grattouillant machinalement le nombril.
Les poissons ? L’eau ? Le soleil ? Elle a énuméré toutes les pitoyables idées d’article qui traversaient son cerveau engourdi et a quitté ses espadrilles pour en vider le sable, navrée par son manque d’imagination. Rien, elle n’avait rien, pas le bout de la queue d’une bonne idée. Sur la plage, une femme promenait son chien, seule compagne d’infortune. Eglantine a plongé les mains dans ses poches, et c’est là que l’inspiration a déboulé.
La bande des shortys a surgi à côté du filet de volley, toute en mèches décolorées et peau dorée, rires gras et voix tonitruantes, au moment où Eglantine découvrait dans sa poche un papier plié. Ils lui ont fait peur. Elle a lâché le papier. Persuadée que ce morceau de papier recelait une idée, parce qu’elle avait cette tendance, Eglantine, à noter ses idées sur des post-it – une aberration à l’ère du smartphone, ne le racontez surtout pas à ses lectrices– elle s’est penchée pour ramasser le morceau de papier.
Réaction en chaîne, le destin, la chkoumoune, appelez ça comme vous voulez, la femme sur la plage avait manifestement perdu le contrôle de son chien qui a déboulé à toutes pattes sur le ponton. Alors qu’Eglantine, fesses en l’air et nez en bas, tendait la main, il lui a percuté l’arrière des mollets. Elle a plongé tête la première.
Le shorty est galant, sachez-le. La bande au grand complet, témoin de ses cris d’orfraie, s’est précipitée pour la sortir de l’eau. Elle s’est retrouvée debout sur le ponton en moins de deux. Dégoulinante, son short trop grand sur les chevilles, sa vieille culotte cosy bien visible et son tee-shirt de nuit blanc plaqué sur les tétons.
C’est là qu’elle a trouvé son inspiration. Pas sur le post-it, non, lui était parti nourrir les poissons, ou peut-être était-il coincé dans les revers du short à ses pieds, mais peu importe. De l’utilité d’un maillot de bain. Voilà. Si elle ne mourait pas de honte dans la minute, elle tenait son article.
La faute au farniente, peut-être ? Contaminée par la vague de flemmardise qui sature le bungalow ? Pourtant sur le papier, ça semblait une excellente idée. Détente, oubli, recharger ses batteries, se dépolluer le cerveau et le remplir de jolies pensées toute pures, d’idées foisonnantes, de soleil, de cocktails, de testostérone en shorty. Elle n’avait pas songé à l’effet boomerang, le sable blanc qui déteint sur la page.
Voilà, tout ça c’est la faute de Titine et ses idées à la noix. Si sa BFF ne lui avait pas proposé une semaine dans la maison de famille au soleil, jamais elle ne se serait trouvée sèche comme un cheveu mal décoloré devant son clavier. Mais elle était bien consciente que si elle parlait farniente à ses lectrices au mois de janvier, elle risquait d’en perdre quelques-unes, voire, de se ramasser une volée de bois vert bien sentie. Genre « y en a qui s’embêtent pas », « ça rapporte le blog » ou « merci d’être en phase avec ton public qui trime dans la grisaille », et elle aurait beau arguer du bungalow prêté ou de son banquier très fâché, elle aurait du mal à les convaincre.
Il lui fallait une idée drôle, vivante, vécue, sauf qu’elle ne vivait rien d’autre qu’une grève totale de neurones et c’est comme ça, par sens du devoir, qu’elle a décidé de partir à la recherche de l’inspiration. Pour ceux qui ne le savent pas, l’inspiration se cache fréquemment sur la plage, juste là où une troupe de shortys joue au volley, c’est pas de bol, fallait bien s’y coller. Eglantine s’est dévouée.
Sur la plage, l’inspiration brillait malheureusement par son absence, le filet de volley pendait mollement, la testostérone faisait la sieste à l’ombre et Eglantine s’est dit tant mieux, après tout, puisqu’elle avait oublié d’enfiler son bikini tue-mouche. Elle était plutôt en mode femme d’intérieur, là. Espadrille élimées, short trop grand, tee-shirt de nuit et à vous elle peut l’avouer, rien d’autre dessous que sa vieille culotte cosy. Elle ne pouvait pas savoir.
Elle ne pouvait vraiment, vraiment pas deviner où l’inspiration l’attendait. Le sixième sens de l’écrivain, pourtant, l’y a poussée sans coup férir et c’est d’un pas ramolli par le sable dans ses espadrilles qu’elle a commencé à arpenter le ponton s’avançant dans la mer, se grattouillant machinalement le nombril.
Les poissons ? L’eau ? Le soleil ? Elle a énuméré toutes les pitoyables idées d’article qui traversaient son cerveau engourdi et a quitté ses espadrilles pour en vider le sable, navrée par son manque d’imagination. Rien, elle n’avait rien, pas le bout de la queue d’une bonne idée. Sur la plage, une femme promenait son chien, seule compagne d’infortune. Eglantine a plongé les mains dans ses poches, et c’est là que l’inspiration a déboulé.
La bande des shortys a surgi à côté du filet de volley, toute en mèches décolorées et peau dorée, rires gras et voix tonitruantes, au moment où Eglantine découvrait dans sa poche un papier plié. Ils lui ont fait peur. Elle a lâché le papier. Persuadée que ce morceau de papier recelait une idée, parce qu’elle avait cette tendance, Eglantine, à noter ses idées sur des post-it – une aberration à l’ère du smartphone, ne le racontez surtout pas à ses lectrices– elle s’est penchée pour ramasser le morceau de papier.
Réaction en chaîne, le destin, la chkoumoune, appelez ça comme vous voulez, la femme sur la plage avait manifestement perdu le contrôle de son chien qui a déboulé à toutes pattes sur le ponton. Alors qu’Eglantine, fesses en l’air et nez en bas, tendait la main, il lui a percuté l’arrière des mollets. Elle a plongé tête la première.
Le shorty est galant, sachez-le. La bande au grand complet, témoin de ses cris d’orfraie, s’est précipitée pour la sortir de l’eau. Elle s’est retrouvée debout sur le ponton en moins de deux. Dégoulinante, son short trop grand sur les chevilles, sa vieille culotte cosy bien visible et son tee-shirt de nuit blanc plaqué sur les tétons.
C’est là qu’elle a trouvé son inspiration. Pas sur le post-it, non, lui était parti nourrir les poissons, ou peut-être était-il coincé dans les revers du short à ses pieds, mais peu importe. De l’utilité d’un maillot de bain. Voilà. Si elle ne mourait pas de honte dans la minute, elle tenait son article.