Elle était en bonne société. Elle était censée se tenir. Censée honorer sa famille, redorer le blason, polir l’écusson de Papa, sacrément élimé depuis que Maman s’est fait la malle avec Gigi, son kiné. Est-ce-que Capucine lui en veut ? Pas vraiment. Comment en vouloir à quelqu’un qui a trouvé la lumière ? Oui, bon. Comment en vouloir à quelqu’un qui a pété les plombs ? Maman a vu les étoiles, parlé aux fleurs et écouté les papillons. Les papillons lui ont suggéré de chevaucher la table de massage. On ne lutte pas contre ce genre d’épiphanie.
Bref, Capucine n’en veut pas – pas tant que ça – à Maman, tout comme elle n’en veut pas –pas tant que ça – à Papa qui persiste à lui faire tenir le rôle de Mater familias depuis la défection de l’original. C’est qu’avec des frangins ayant dépassé la vingtaine, la mater familias, comment dire… sa fratrie s’en tape un peu. Ça les arrange seulement quand Capucine se cogne la robe en mousseline et les talons dans la pelouse pour incarner la présence féminine à la Garden party de Papa. Et laissez-la vous dire qu’une Garden party de chirurgiens esthétiques, ça n’a rien de la soirée mousse.
Elle a tout essayé. Elle s’est empiffrée de petits fours et à vouloir parler la bouche pleine, en a recraché la moitié sur le décolleté en plastique de Madame… euh… zut. Elle a ri à des blagues pas dôles, admiré le nouveau fessier de la femme du Dr… euh… machin-chose. Elle a compté les invités, compté les serveurs, compté les petits fours. Quand elle a commencé à compter les brins d’herbe, elle s’est dit qu’elle devait trouver autre chose.
Elle a tiré sur sa robe, souri, serré des mains, vidé trois verres, raconté son dernier lumbago et avoué ne pas mettre d’antirides sous les couinements horrifiés d’une assemblée de fronts figés. Elle a tiré à nouveau sur sa robe, marché sur la Louboutin gauche du Dr… mince alors. Elle a lancé la balle Hermès de Christian, le labrador, et s’est enfoncée dans la pelouse jusqu’à la semelle. Elle a essayé de se raisonner et de ne rien casser.
C’est ton rôle, Capucine, peu importe si le serveur tatoué t’intéresse plus que la dernière greffe capillaire du Dr Truc. Peu importe s’il te sourit avec la discrétion de Coyote à deux griffes de choper Bip-Bip, aussi, puisque tu n’es pas prête de virer cette p*** de robe en mousseline, cette jolie robe vaporeuse si gentiment offerte par Papa, pour un coût moyen de 200€ par épaisseur de tissu. Cette jolie robe si bien coupée, si bien pensée, avec son énorme étiquette cousue dans le décolleté du dos.
Parce que son vrai problème, à Capucine, ce n’était même pas l’armée de zombies bronzés, ni même ses talons dans la pelouse, encore moins le vent qui lui plaquait la mousseline au croupion, et certainement pas Coyote et ses tatouages. C’était cette étiquette sadique.
Il faut savoir que Capucine, la douce fille sage, gère assez mal la douleur. Ça l’énerve. Mais ça l’énerve, comme dans volcan en éruption, Mentos dans du Coca ou Hulk sous ecstasy. Alors oui, après une heure de flagellation ininterrompue par deux millimètres de tissu, elle était… disons, sur une échelle de 1 à 10, au niveau 18 de l’éruption.
Si bien qu’après une dernière tentative désespérée pour ne pas penser à l’étiquette dont les coins vicieux lui labourait la peau du dos, elle a cédé et s’est déhanchée dans un sens puis dans l’autre, pour déplacer, ne serait-ce que d’un demi-centimètre, l’étiquette cannibale. P*** de s*** de… c’est là, quand elle a échoué à déplacer la chose mais qu’elle a croisé le regard lubrique du serveur tatoué sur son arrière-train, qu’elle a atteint l’overdose de silicone. Elle vidé une coupe et planté madame Abénard au beau milieu du récit de sa huitième liposuccion.
Capucine s’est dit, plus ou moins : mort aux bourgeois. Elle s’est dit aussi que quand le majeur vous démange, mieux vaut se carapater fissa, parce que ce n’est pas comme ça qu’elle lui polira l’écusson, à Papa. Elle s’est donc fait la malle en quatrième vitesse, a rejoint le bosquet le plus proche, lancé les bras par-dessus sa tête et tenté d’atteindre la zone de peau attaquée. Dans quel but ? L’amputation. C’était ça où se promener à poil au milieu de la réunion Botox. L’écusson de Papa, Capucine, pense à l’écusson de Papa.
Sauf qu’elle avait les bras trop courts. Forcément. L’amputation s’annonçait plus compliquée que… oh là. L’amputation de l’étiquette, entendons-nous bien. Capucine est irritée, pas masochiste. Aux grands mots les grands remèdes, en pétard comme si le kiné de Maman se pointait à la Garden party de Papa, Capucine est revenue au pas de charge vers le buffet. Elle a planqué discrétos un couteau sous une couche de mousseline, adressé un signe de tête attentionné au Dr je-sais-plus-quoi-mais-tête-de-fion, et s’en est retournée vers son bosquet.
Non, elle n’a pas retiré sa robe pour arracher l’étiquette et non, aucun illustre rabibocheur de chair ne s’est pointé à ce moment-là. Non. En revanche, le serveur tatoué a déboulé en hurlant pour la plaquer au sol.
Et Capucine lui expliquera plus tard, au serveur tatoué, lorsque les rabibocheurs de chair auront dû s’y mettre à six avec un sécateur pour les extirper du bosquet, que non, elle n’avait pas la moindre intention de se suicider. Pas avec un couteau à beurre. Mais que s’il envisageait de lui retirer ses lambeaux de mousseline pour lui tartiner le haut du dos d’Homéoplasmine, elle pourrait bien le laisser tartiner le bas du dos, au passage. Et au diable l’écusson de Papa.
Bref, Capucine n’en veut pas – pas tant que ça – à Maman, tout comme elle n’en veut pas –pas tant que ça – à Papa qui persiste à lui faire tenir le rôle de Mater familias depuis la défection de l’original. C’est qu’avec des frangins ayant dépassé la vingtaine, la mater familias, comment dire… sa fratrie s’en tape un peu. Ça les arrange seulement quand Capucine se cogne la robe en mousseline et les talons dans la pelouse pour incarner la présence féminine à la Garden party de Papa. Et laissez-la vous dire qu’une Garden party de chirurgiens esthétiques, ça n’a rien de la soirée mousse.
Elle a tout essayé. Elle s’est empiffrée de petits fours et à vouloir parler la bouche pleine, en a recraché la moitié sur le décolleté en plastique de Madame… euh… zut. Elle a ri à des blagues pas dôles, admiré le nouveau fessier de la femme du Dr… euh… machin-chose. Elle a compté les invités, compté les serveurs, compté les petits fours. Quand elle a commencé à compter les brins d’herbe, elle s’est dit qu’elle devait trouver autre chose.
Elle a tiré sur sa robe, souri, serré des mains, vidé trois verres, raconté son dernier lumbago et avoué ne pas mettre d’antirides sous les couinements horrifiés d’une assemblée de fronts figés. Elle a tiré à nouveau sur sa robe, marché sur la Louboutin gauche du Dr… mince alors. Elle a lancé la balle Hermès de Christian, le labrador, et s’est enfoncée dans la pelouse jusqu’à la semelle. Elle a essayé de se raisonner et de ne rien casser.
C’est ton rôle, Capucine, peu importe si le serveur tatoué t’intéresse plus que la dernière greffe capillaire du Dr Truc. Peu importe s’il te sourit avec la discrétion de Coyote à deux griffes de choper Bip-Bip, aussi, puisque tu n’es pas prête de virer cette p*** de robe en mousseline, cette jolie robe vaporeuse si gentiment offerte par Papa, pour un coût moyen de 200€ par épaisseur de tissu. Cette jolie robe si bien coupée, si bien pensée, avec son énorme étiquette cousue dans le décolleté du dos.
Parce que son vrai problème, à Capucine, ce n’était même pas l’armée de zombies bronzés, ni même ses talons dans la pelouse, encore moins le vent qui lui plaquait la mousseline au croupion, et certainement pas Coyote et ses tatouages. C’était cette étiquette sadique.
Il faut savoir que Capucine, la douce fille sage, gère assez mal la douleur. Ça l’énerve. Mais ça l’énerve, comme dans volcan en éruption, Mentos dans du Coca ou Hulk sous ecstasy. Alors oui, après une heure de flagellation ininterrompue par deux millimètres de tissu, elle était… disons, sur une échelle de 1 à 10, au niveau 18 de l’éruption.
Si bien qu’après une dernière tentative désespérée pour ne pas penser à l’étiquette dont les coins vicieux lui labourait la peau du dos, elle a cédé et s’est déhanchée dans un sens puis dans l’autre, pour déplacer, ne serait-ce que d’un demi-centimètre, l’étiquette cannibale. P*** de s*** de… c’est là, quand elle a échoué à déplacer la chose mais qu’elle a croisé le regard lubrique du serveur tatoué sur son arrière-train, qu’elle a atteint l’overdose de silicone. Elle vidé une coupe et planté madame Abénard au beau milieu du récit de sa huitième liposuccion.
Capucine s’est dit, plus ou moins : mort aux bourgeois. Elle s’est dit aussi que quand le majeur vous démange, mieux vaut se carapater fissa, parce que ce n’est pas comme ça qu’elle lui polira l’écusson, à Papa. Elle s’est donc fait la malle en quatrième vitesse, a rejoint le bosquet le plus proche, lancé les bras par-dessus sa tête et tenté d’atteindre la zone de peau attaquée. Dans quel but ? L’amputation. C’était ça où se promener à poil au milieu de la réunion Botox. L’écusson de Papa, Capucine, pense à l’écusson de Papa.
Sauf qu’elle avait les bras trop courts. Forcément. L’amputation s’annonçait plus compliquée que… oh là. L’amputation de l’étiquette, entendons-nous bien. Capucine est irritée, pas masochiste. Aux grands mots les grands remèdes, en pétard comme si le kiné de Maman se pointait à la Garden party de Papa, Capucine est revenue au pas de charge vers le buffet. Elle a planqué discrétos un couteau sous une couche de mousseline, adressé un signe de tête attentionné au Dr je-sais-plus-quoi-mais-tête-de-fion, et s’en est retournée vers son bosquet.
Non, elle n’a pas retiré sa robe pour arracher l’étiquette et non, aucun illustre rabibocheur de chair ne s’est pointé à ce moment-là. Non. En revanche, le serveur tatoué a déboulé en hurlant pour la plaquer au sol.
Et Capucine lui expliquera plus tard, au serveur tatoué, lorsque les rabibocheurs de chair auront dû s’y mettre à six avec un sécateur pour les extirper du bosquet, que non, elle n’avait pas la moindre intention de se suicider. Pas avec un couteau à beurre. Mais que s’il envisageait de lui retirer ses lambeaux de mousseline pour lui tartiner le haut du dos d’Homéoplasmine, elle pourrait bien le laisser tartiner le bas du dos, au passage. Et au diable l’écusson de Papa.