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Lionel Berdych n’a rien d’une bonne poire. Et en règle générale, son instinct ne le trompe pas, du moins pas depuis ce regrettable stagiaire/rockeur auquel il avait cru bon de laisser une chance.
Il tourne la clé dans la serrure et s’éloigne de la vitrine. Son instinct s’époumone depuis une heure et Lionel est tout disposé à le croire: ce type n’était pas net. Ce n’est pas tant sa façon de parler, ni le fait qu’il soit étranger, encore moins son accoutrement excentrique. C’est quelque chose dans son ton. Une hâte, une curiosité déplacée.
D’ailleurs, pour quelqu’un censé connaître Cassie, il pose un peu trop de questions, se répète-t-il une fois de plus, refermant un à un les catalogues ouverts sur le comptoir. D’autant qu’on ne reste pas une heure dans une boutique pour à peine quelques métrages de cordelette, non, ça ne tient pas, ce type semblait plus intéressé par Cassie que par ce qu’on essayait de lui vendre.
Probablement un admirateur secret ou quelque chose du genre, mais de nos jours, on ne raconte pas la vie de ses amis au premier venu. Trop dangereux. Lionel replace les catalogues dans l’étagère avec un soupir.
Malheureusement, s’il est plutôt méfiant de nature, ce n’est pas le cas de sa femme. Spontanée, confiante, ouverte et bavarde. Une qualité quatre-vingt-dix pourcents du temps. Aujourd’hui était le dix pourcents de l’année. Valérie a répondu à tout, mentionné avec délices anecdotes et nouvelles, partagé ses impressions et même, parfois, devancé les questions du client.
Client, mon œil. Lionel éteint la lumière, actionne la fermeture du volet de fer sur la devanture et se dirige vers la réserve où se remaquille sa femme. Ce soir, se promet-il, il prendra cinq minutes pour parler à Cassie de ce drôle de type. Histoire d’être sûr, et de pouvoir dormir en paix.
Il tourne la clé dans la serrure et s’éloigne de la vitrine. Son instinct s’époumone depuis une heure et Lionel est tout disposé à le croire: ce type n’était pas net. Ce n’est pas tant sa façon de parler, ni le fait qu’il soit étranger, encore moins son accoutrement excentrique. C’est quelque chose dans son ton. Une hâte, une curiosité déplacée.
D’ailleurs, pour quelqu’un censé connaître Cassie, il pose un peu trop de questions, se répète-t-il une fois de plus, refermant un à un les catalogues ouverts sur le comptoir. D’autant qu’on ne reste pas une heure dans une boutique pour à peine quelques métrages de cordelette, non, ça ne tient pas, ce type semblait plus intéressé par Cassie que par ce qu’on essayait de lui vendre.
Probablement un admirateur secret ou quelque chose du genre, mais de nos jours, on ne raconte pas la vie de ses amis au premier venu. Trop dangereux. Lionel replace les catalogues dans l’étagère avec un soupir.
Malheureusement, s’il est plutôt méfiant de nature, ce n’est pas le cas de sa femme. Spontanée, confiante, ouverte et bavarde. Une qualité quatre-vingt-dix pourcents du temps. Aujourd’hui était le dix pourcents de l’année. Valérie a répondu à tout, mentionné avec délices anecdotes et nouvelles, partagé ses impressions et même, parfois, devancé les questions du client.
Client, mon œil. Lionel éteint la lumière, actionne la fermeture du volet de fer sur la devanture et se dirige vers la réserve où se remaquille sa femme. Ce soir, se promet-il, il prendra cinq minutes pour parler à Cassie de ce drôle de type. Histoire d’être sûr, et de pouvoir dormir en paix.