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Emilie De Forest ne sera bientôt plus, elle le sait. Elle n’a pas le choix. Elle erre à l’entrée de sa conscience, elle se voit, elle se perçoit, plutôt, recroquevillée dans ce minable studio, les deux mains sur les tempes, ses rêves et ses espoirs écrasés sous la chaleur du toit.
Elle s’est prise pour ce qu’elle n’est pas. Elle a cru y avoir droit, elle aussi. Elle s’est persuadée d’avoir tiré, enfin, la bonne carte. Pauvre cruche. Elle ne le mérite pas, elle ne mérite rien, rien d’autre que la fin, la délivrance, le départ. Elle appuie un peu plus fort sur ses tempes, sans savoir si l’ordre vient de son cerveau ou d’un réflexe musculaire.
Si seulement Raph était là, s’il avait compris, si elle lui avait parlé… mais Raph n’est pas là, et elle n’est plus en état d’aller le chercher. Ni même de lui parler, d’ailleurs. Elle se demande si ce sera douloureux. Si elle manquera à quelqu’un. Il a dit que ça passerait bientôt, il l’a promis, le plus dur est presque derrière elle, il suffit de lâcher prise, cesser de lutter, accepter.
L’a-t-il dit, ou l’a-t-elle pensé ? Elle a de plus en plus de mal à différencier son cauchemar de la réalité, elle n’est même pas réellement certaine, au fond, qu’elle ne va pas se réveiller dans son lit, au milieu des bruits de perceuse et de marteau. Encore que. Son destin ne lui fait pas ce genre de cadeaux, elle devrait le savoir.
Des pas dans l’escalier, une clé dans la serrure et immédiatement, la guerre sous son crâne. Elle lâche un gémissement, à bout de force. Et tente désespérément de s’extraire, d’abandonner son corps, de les abandonner tous pour monter quelque part, là-haut, où plus rien, plus personne ne pourrait plus jamais l’atteindre.
Elle s’est prise pour ce qu’elle n’est pas. Elle a cru y avoir droit, elle aussi. Elle s’est persuadée d’avoir tiré, enfin, la bonne carte. Pauvre cruche. Elle ne le mérite pas, elle ne mérite rien, rien d’autre que la fin, la délivrance, le départ. Elle appuie un peu plus fort sur ses tempes, sans savoir si l’ordre vient de son cerveau ou d’un réflexe musculaire.
Si seulement Raph était là, s’il avait compris, si elle lui avait parlé… mais Raph n’est pas là, et elle n’est plus en état d’aller le chercher. Ni même de lui parler, d’ailleurs. Elle se demande si ce sera douloureux. Si elle manquera à quelqu’un. Il a dit que ça passerait bientôt, il l’a promis, le plus dur est presque derrière elle, il suffit de lâcher prise, cesser de lutter, accepter.
L’a-t-il dit, ou l’a-t-elle pensé ? Elle a de plus en plus de mal à différencier son cauchemar de la réalité, elle n’est même pas réellement certaine, au fond, qu’elle ne va pas se réveiller dans son lit, au milieu des bruits de perceuse et de marteau. Encore que. Son destin ne lui fait pas ce genre de cadeaux, elle devrait le savoir.
Des pas dans l’escalier, une clé dans la serrure et immédiatement, la guerre sous son crâne. Elle lâche un gémissement, à bout de force. Et tente désespérément de s’extraire, d’abandonner son corps, de les abandonner tous pour monter quelque part, là-haut, où plus rien, plus personne ne pourrait plus jamais l’atteindre.