Mamzette
  • Home
  • Quezaco?
    • Le coin de l'introvertie
    • La bande-son
  • Read me
    • Flashpics
    • Raconte-moi un dicton
    • Les bonnes manières
    • Dépression mammaire >
      • J-45 . H-5
      • J-45 . H-4
      • J-44 . H-22
      • J-30 . H-6
      • J-2 . H-12
      • J-0 . H-3
      • J-0 . H-0
      • J-0 . H 3
      • J 1 . H 8
      • J 2 . H 10
      • J 9 . H 16
      • J 15 . H 15
      • J 16 . H 1
      • J 35 . H 11
      • J 60 . H 22
      • J 90 . H 8
      • J 120 . H 4
      • J 210 . H 0
    • La boucle
  • Moodboards
    • 2017
    • 2016
    • 2015
    • 2014
    • 2013
  • Fashion
  • Goodies
  • Contact
  • Blog
Photo
Photo

18

          — Cassie ?
          La voix de Sarah traverse la porte, mélodie de poissonnière à mégaphone. Raph pince un morceau de fesse et plonge dans le cou chaud s’offrant entre deux vagues rousses, bêtement heureux.
          — Cassie, chuchote-t-il. Cassie, Sarah est là.
          Elle grogne, se retourne et lui embrasse le torse. Sans défense. Il maudit Sarah et l’appartement d’en face. Au même moment, on frappe vigoureusement contre la porte.
          — Cassie ! Tu es à la bourre, le petit déjeuner est prêt !
          — J’arrive !
          La rouquine échevelée lève les yeux vers lui, et Raph perçoit l’instant précis où l’amalgame se fait. Un homme. Dans son lit. Chez elle. Le matin. Enfer et damnation.
          — Tu veux qu’on se dispute ? Propose-t-il galamment, repoussant ses boucles.
          Manque de chance, les boucles sont étalées jusque sur ses seins. Il les dégage donc consciencieusement.
          — Quoi ?
          — Une dispute. Si tu m’accuses de t’avoir manipulée pour m’incruster dans ton lit et que je pars en claquant la porte, ça te soulagera ?
          Elle le considère une seconde avec perplexité, puis éclate de rire. Du grand art, mon vieux Raph. Tu lui coupes toute retraite possible, et elle te trouve drôle. Du grand art.
          D’autant que le sourire reste le temps qu’elle enfile un kimono, ouvre la porte et rejoigne la cuisine, un Raph conquérant collé au train. Et pourtant, il n’est pas du matin.
          — Bien joué, se contente de commenter Sarah, ajoutant un bol sur la table lorsqu’ils débarquent côte à côte.
          — Je ne….
          — Je parlais à Raph.
          Après une grimace expressive, Cassie se sert un jus d’orange, hésite un instant puis tend le verre à Raph avant d’en sortir un deuxième pour elle. Il en est tout ému.
          — Il sait tout, lance-t-elle avec résignation.
          — Et ça ne s’entend pas, ajoute Raph, mais elle en est ravie.
          — Enfin ! S’exclame Sarah. S’il n’était pas sept heures du matin, je sortirais le champagne. Comment tu as fait ?
          — Faveurs sexuelles.
          — Brillant. Moi j’ai dû la saouler.
          — Faites comme si je n’étais pas là, surtout, maugrée Cassie. Et prévenez-moi quand vous aurez fini, qu’on passe aux choses sérieuses.
          — Quelles choses sérieuses ?
          — Il est allé voir Lionel et Mag.
          — Raph ?
          — Non.
          — Ah.
          Sarah se fronce du front au menton. Cassie se détourne. Trois bols, une cafetière, verser, sucrer, touiller, deux yaourts et une banane, trois boîtes de céréales différentes, verser, touiller, goûter, quatre toasts, un grille-pain, deux pots de confiture et un beurrier, tartiner, tremper, tester. Raph enjambe un tabouret. Il se sent comme une olive dans les céréales, du pesto sur la confiture. Comme un idiot au centre de leur chorégraphie routinière, en tee-shirt Captain America dans leur cuisine fuchsia. Il a déjà du bol qu’elles aient pensé à lui fournir du café, suppose-t-il tandis qu’elles échangent des serviettes en tissu. Cassie récupère les pois verts, Sarah les rayures rouges, Raph tire sur son tee-shirt.
          Puis, le miracle. Une serviette à carreaux bleus. Une en tissu, une d’habitant, pas une serviette d’invité en papier, que lui tend Sarah avec un clin d’œil bienveillant, toutes fronces envolées. Elle lui offre une place. Une à carreaux bleus, l’air de rien, au nez et à la barbe de sa voisine. Raph sourit.
          — Je t’écoute, ordonne finalement Sarah.

          Apercevant la larme de lait sur le menton mal rasé de Raph, Cassie sent ses épaules s’alléger. Son ennemi ne mérite pas plus de considération qu’une conversation entre larme de lait et postillon de céréale. Elle déroule donc le fil de la journée de la veille jusqu’à sa visite à Lionel, la bouche pleine et les doigts gras. Dans sa face.
          A la moitié de son café, la réponse de Sarah à la question non formulée est d’ores et déjà gravée sous sa frange asymétrique. Pour le principe, elle la pose quand même.
          — Nan ! Je te l’ai déjà dit, je ne vais nulle part.
          Et voilà. Elle aura essayé.
          — Bourrique, marmonne-t-elle depuis son bol.
          — Regarde-toi dans un miroir, réplique Sarah du tac au tac. Dis-donc, tu m’as parlé de Lionel. Mais Mag et Maryann ?
          — Il est allé voir Mag le même jour. A elle aussi, je lui ai menti... Maryann, je ne sais pas encore.
          — Euh… désolé, intervient Raph, Maryann, c’est… ?
          Ça alors. Elle l’avait presque oublié, celui-là, et pourtant, difficile de le rater dans sa cuisine rose.
          — Une galeriste, explique-t-elle. Elle était là samedi. La cinquantaine, châtain, cheveux courts, des boucles d’oreilles plus grosses que ses oreilles et des talons vertigineux.
          — Oh ! S’esclaffe-t-il subitement. Oui, je vois. Littéralement hypnotisée par Sarah.
          — Viens dîner ce soir et je t’explique, propose celle-ci.
          — Eh ! Proteste Cassie.
          — Merci, mais je ne peux pas, sourit Raph. Je dois rester avec Emilie.
          Non mais oh. Cassie plonge dans son bol, toute autorité restaurée.
          — Demain soir, alors ?
          — Oh que oui. J’amène le vin ?
          — Vendu !
          — Eh ! S’indigne à nouveau Cassie.
          — Cassie se charge du dessert, l’ignore Sarah. A moi l’entrée, Julie le plat de résistance et que le meilleur gagne.
          — Attends, réplique Raph, Julie, elle ne bosse pas pour un magazine culinaire ? C’est déloyal !
          — Ouais. C’est moche.
          — Je relève le défi, et ce, note bien, en dépit de la partialité des juges.
          — Les juges prennent note. Décidément, je t’aime bien.
          — Si tu étais hétéro, je jetterais Cassie illico.
          — Si tu étais gay, j’aurais un pote à te présenter.
          — Temps mort ! S’écrie Cassie. J’ai mon mot à dire ?
          — Non, affirme Sarah, la défiant du regard. Si tu nous mets des bâtons dans les roues, il viendra manger chez moi avec Julie. Et je te jure que je lui trouve une chaudasse hétéro prête à le combler pour la nuit. Alors fais-nous gagner du temps, ne dis rien et occupe-toi du dessert.
          Cassie ouvre la bouche, sidérée. Elle devrait se sentir outrée, insultée, se draper dans sa dignité et s’isoler dans sa chambre. Or son unique réaction est épidermique à la mention de la chaudasse hétéro. Perplexe, elle glisse un coup d’œil furtif à Raph, qui a le bon goût de planquer son sourire hilare derrière son bol. Et d’abord, comment peut-elle trouver charmante son incapacité à manger des céréales sans s’inonder le menton ?
          — Donc vendredi soir, répète Sarah sans la quitter des yeux.
          — Pff, crachouille Cassie, histoire de sauver la face.
          — Moi aussi, ma poule.
          — Grasse matinée le lendemain ? Interroge Raph. Je peux avoir la main lourde sur le vin ?
          — Tu as même plutôt intérêt, si tu veux partager le lit de Miss Ronchon.
          Cassie décide qu’il est temps d’intervenir.
          — Samedi matin, je ne peux pas, affirme-t-elle vaillamment. Je dois…
          — Te reposer, la coupe Sarah. Souviens-toi du contrecoup la dernière fois que tu as raconté ton histoire.
          — Je…
          — Quel contrecoup ? La coupe Raph, le front plissé d’une inquiétude totalement déplacée.
          — Elle a refusé de se reposer. Résultat, les nerfs à vif, elle a hurlé sur un client avant de vomir sur son mur tout frais repeint. Et en plus, ajoute-t-elle alors que Cassie s’apprête à la cogner, tu ne vas pas squatter chez Cruella un week-end.
          — Cruella ? S’étonne Raph.
          — Euh…
          — Je t’avais bien dit que ça arriverait, ricane Cassie avec  un sourire vengeur.
          — Désolée, marmonne Sarah. Ta sœur.
          Raph éclate de rire. Indéboulonnable, cet homme.
          — Bon, bougonne Cassie. Je vais m’arranger pour questionner Maryann. Toi, évites de rester seule et préviens quand tu vas quelque part. Tu devrais convaincre Julie de faire la même chose. Et oui, j’en ferai autant.
          — Cassie, tu dois en parler aux autres, lâche Sarah après un silence. Je sais que ça te rend malade, mais tu n’as plus le choix.
          Cassie tressaille. La main de Raph atterrit l’air de rien sur sa cuisse, et elle tressaille à nouveau.
          — Elle a raison, renchérit-il. Si tu veux vraiment les protéger, c’est le seul moyen.
          — Seulement les proches, ajoute Sarah, immobilisant d’une main celle de Cassie qui tambourine nerveusement sur la table. Mag, Lionel, Valérie, Sylvain, Maryann. Fabrice et Jorge. Mes parents et ma sœur. En gros, ceux qui connaissent ta façon de travailler, ceux qui pourraient devenir des cibles.
          Dix personnes. Mon dieu, ils ont raison, mais dix personnes ? Elle a trop d’amis.
          — Je sais, je sais, admet-elle en se frottant les tempes. Je sais. C’est juste… très pénible.
          — Arrête, gronde Raph. Ces gens sont tes amis ! Ça va leur faire drôle, oui. Mais ça ne changera pas ce qu’ils pensent de toi. Tu n’as pas à avoir honte de quoique ce soit.
          — Je n’ai pas…
          — C’est ça, et moi je suis Mère Theresa, l’interrompt Sarah. Ils savent tous que tu caches quelque chose. Il est temps de prouver que tu leur fais confiance.
          — Refaites-moi le coup du ping-pong verbal, grogne-t-elle, et j’en prends un pour cogner sur l’autre. Vous vous entendez beaucoup trop bien, tous les deux.
          — Jalouse, s’esclaffe Sarah.
          — Je te l’ai dit, renchérit Raph, je ne suis avec toi que par dépit. D’ailleurs, dès la fin de cette conversation, j’irai te prouver dans la chambre à quel point je te trouve moche.
          Sarah hurle de rire dans son café froid. Cassie le dévisage avec circonspection, cherchant à identifier quelle étape elle a raté, attendant patiemment que l’alarme se déclenche.
          Rien. Sa vie ne cesse de se compliquer, et son armure la lâche écaille après écaille.
          — Ouais, soupire-t-elle. Demain. Laissez-moi la journée pour me faire à l’idée, demain je montre ma culotte à tout le monde.
          Raph avale de travers, apparemment.
          — Métaphore, Raph, raille Sarah. Respire. On s’occupera de ma famille dimanche, ajoute-t-elle. Mets une jolie culotte.
          Cassie fait mine de ne pas remarquer les orteils de Raph sur les siens. Il lui fait du pied ? Ça existe encore, ça ?
          — Tu restes ici aujourd’hui ? Demande-t-elle à Sarah.
          — Oui. Et je m’enferme à double tour, promis.
          — D’accord. Ça t’ennuierait de réunir Lionel, Valérie et Mag chez l’un ou l’autre ? Ça m’évitera de répondre à leurs questions avant le grand déballage. Demain après-midi, ou fin de journée, demande-leur de bloquer une demi-heure. Je parlerai à Sylvain, Jorge et Fabrice demain matin. Tu as pu commander les peintures pour la chambre d’amis ?
          — Pas de lilas en stock. Il sera prêt ce soir, ils feront le blanc cassé en attendant.
          — Ouais. Je vais voir avec Jorge. Il est quelle heure ?

          Raph suit d’une oreille émerveillée l’évolution de la discussion. Passant du tueur en série à la réunion de travail, Cassie rapatrie carnet et planning, Sarah exhibe son Blackberry pour débattre couleurs, délais, planches et mesures, ponçage et papier peint. Cassie appelle Jorge, Sarah envoie un texto à Sylvain, Raph reprend un café, tentant de comprendre pourquoi sa sœur exige une cuisine extérieure à côté de la piscine. Déjà la piscine, il n’était pas convaincu, alors la cuisine extérieure… d’abord, c’est quoi, la différence avec un barbecue ?
          Lorsqu’après vingt minutes de palabres, Cassie lève le nez de son carnet plein à craquer pour le considérer d’un air pensif, il sent venir l’entourloupe.
          — Quoi ?
          — On pourrait refaire ta salle de bain, annonce-t-elle posément.
          Il cesse de ricaner en comprenant qu’elle est sérieuse.
          — Pourquoi ?
          — Parce que ce sera la seule pièce à ne pas avoir été rénovée, et que la plomberie est complètement obsolète. On refait tout les sanitaires la semaine prochaine, ce serait logique d’en profiter, question de cohérence.
          Raph cligne des yeux, perplexe. Il se fout de la cohérence et n’a pas envie d’avoir d’autres travaux à son étage, maintenant qu’il peut enfin y travailler efficacement.
          — Et alors ?
          — Alors ça ne te tenterait pas d’avoir une vraie cabine de douche avec plusieurs jets, plutôt que ta vieille baignoire en fonte ? Si tu aimes les bains, on t’en remettra une, mais plus moderne, plus propre, parce que franchement l’émail qui s’écaille, bof…
          — Je confirme, grimace Sarah. Crado.
          Raph sourit. Une fois de plus, un plan de génie vient de germer dans son cerveau productif.

          Cassie gratifie Raph d’un regard implorant. Si laisser un étage en l’état est une idée à laquelle elle avait fini par s’habituer, ne négliger qu’une pièce est au-dessus de ses forces. C’est comme abandonner un sac de gravats au beau milieu d’une pièce propre.
          — D’accord, lance Raph. A une condition.
          Il la défie du fond des yeux, un sourire ravi sur la fossette, et elle commence à se méfier. Ce sourire n’a rien d’honnête.
          — Tu m’héberges le temps des travaux.
          — Quoi ?
          — Ce n’est pas que ça m’arrange, soupire-t-il. Tu comprends, je n’aime pas trop dormir chez quelqu’un d’autre, mais là… tu ne me laisses pas le choix. Si tu rénoves ma salle de bain la semaine prochaine, je ne pourrai plus me laver. Et j’aime bien me laver.
          — Mais tu ne peux pas… pas trois jours ! Balbutie-t-elle, stupéfaite. Emilie…
          — …part trois jours en voyage d’affaires, c’est bien pourquoi vous avez calé la plomberie à ce moment-là.
          — Mais tu as bien des amis qui peuvent t’héberger !
          — Pas un que j’aie envie de peloter.
          Sarah, les coudes sur la table et le menton sur les mains, pouffe lamentablement.
          — Même pas trois jours, marmonne Cassie. Il y aurait juste, genre, une vraie journée sans te laver. Bon, deux. Deux bonnes journées, tu ne vas pas me faire croire que…
          — A prendre ou à laisser, jolie rouquine.
          Elle plisse le nez. Du nerf, Cassie Willis. Soit tu le laisses envahir ton intimité pour trois jours, soit tu laisses cette pauvre baignoire cloquer en paix entre ses murs pelés.

          Un sourcil acajou dressé, deux dents martyrisant d’innocentes lèvres roses, une boucle de feu tournicotant autour d’un ongle vermillon. Un coup d’œil furibond. Une narine pâle frémissante de doute sous les taches de rousseur, puis des vagues rousses vibrant d’un long soupir résigné.
          Quand Cassie baisse la garde, ses débats intérieurs s’affichent sur son corps avec la précision d’une visite guidée, et le fait que l’agneau puisse oublier son masque de louve en sa présence retourne Raph comme une crêpe. Une crêpe sans volonté, même. Là, maintenant, tout de suite, elle pourrait le piétiner de ses bottines cloutées qu’il remercierait sans doute.
          — C’est bon, siffle-t-elle. Mais je te le ferai payer.
          — Chouette alors.
          — Et tu baisses la lunette des toilettes.
          — Croix de bois croix de fer. Je ferai pipi dans le lavabo.
          — Et toi, bougonne-t-elle en pivotant vers Sarah, arrête de sourire ou je te fais avaler ta cuillère. Revenons à nos moutons. Tu appelles Lionel, Valérie, Mag. Je me charge de Maryann. Tes parents, dimanche. Les mecs, demain matin.
          Sarah opine du chef, et Cassie pose une main sur son estomac.
          — Trois fois, lâche-t-elle d’une voix blanche. Je vais devoir répéter tout ça trois fois. Sarah, tu viens avec moi demain matin ?
          Raph en reste bouche bée. Il ne connait Cassie que retranchée, fortifiée, sur la défensive dès qu’il s’agit de se reposer sur un autre. Sarah a manifestement des passe-droits. Il veut les mêmes.
          — Evidemment, acquiesce-t-elle.
          — Ah, autre chose, ajoute Cassie avec une moue goguenarde. Il faut que j’explique tout ça à Julie ?
          — Désolée, mais d’une, elle se posait des questions, de deux, si elle devait flipper et partir en courant, j’avais besoin de le savoir.
          — Je comprends, et je m’en doutais. Raph, tu es venu comment, hier ?
          — En voiture. Je t’emmène ? Je te ramènerai ce soir.
          — Laisse-moi dix minutes pour me préparer.
          Sitôt dit, sitôt fait, elle glisse son assiette et son bol dans le lave-vaisselle puis disparait dans le couloir.
          — Question démonstration d’affection, elle a des progrès à faire, grimace Raph.
          — Tu parles d’une femme qui n’a pas dépassé le stade du plan cul depuis huit ans, lui rappelle Sarah avec un haussement d’épaules. C’est une bête de sexe, mais au quotidien, elle est nulle.
          — Et comment je peux vouloir lui apprendre ? Grommelle-t-il, empilant la vaisselle restante. C’est beaucoup trop précipité, c’en est ridicule. D’autant que je risque de mordre la poussière plus d’une fois.
          — Probable, sourit Sarah. Mais tu as deux jambes, tu te relèveras. Quant aux délais officiels, crois-moi, ça ne veut rien dire. Suis ton instinct.
          Raph hoche lentement la tête. Oui. Ça peut être aussi simple. Cassie compliquant toujours tout, autant simplifier au maximum. Il se lève et sourit au lave-vaisselle, décidemment heureux.

          Dix minutes plus tard, il l’est beaucoup moins. Figé au côté de Cassie devant sa voiture, il contemple avec stupéfaction les profondes rayures striant tout le flanc droit du véhicule. Il n’était pas vraiment bien garé, certes, mais… d’autant que sa pauvre vieille voiture tient plus de l’épave que de la berline de luxe. Il suit lentement les estafilades, du rétroviseur avant jusqu’au réservoir d’essence, puis s’immobilise derrière la voiture. La façon dont il est garé n’était pas le problème. Dans la poussière de la vitre arrière, un nœud coulant grossièrement dessiné reflète les rayons du soleil matinal.
          Raph ne réfléchit pas. Il l’efface de la main avant que Cassie ne le voie.


chapitre suivant
chapitre precedent
Photo
  • Home
  • Quezaco?
    • Le coin de l'introvertie
    • La bande-son
  • Read me
    • Flashpics
    • Raconte-moi un dicton
    • Les bonnes manières
    • Dépression mammaire >
      • J-45 . H-5
      • J-45 . H-4
      • J-44 . H-22
      • J-30 . H-6
      • J-2 . H-12
      • J-0 . H-3
      • J-0 . H-0
      • J-0 . H 3
      • J 1 . H 8
      • J 2 . H 10
      • J 9 . H 16
      • J 15 . H 15
      • J 16 . H 1
      • J 35 . H 11
      • J 60 . H 22
      • J 90 . H 8
      • J 120 . H 4
      • J 210 . H 0
    • La boucle
  • Moodboards
    • 2017
    • 2016
    • 2015
    • 2014
    • 2013
  • Fashion
  • Goodies
  • Contact
  • Blog