Cher Lecteur/trice, je t’ai promis lundi de t’expliquer pourquoi j’ai osé, scandaleusement, te souffleter avec trois lignes pour cause de débordement extrême. Non, ça ne se dit pas, « débordement », mais burn-out serait un poil abuser. Alors voilà. Des fois que tu ne l’aurais pas compris, chez moi Noël, c’est une véritable manœuvre militaire. Et quand je dis chez moi, je parle de la forteresse familiale, que ma fratrie et moi-même nous faisons un plaisir de pourrir à coups de boules scintillantes tous les ans. D’ailleurs, si « militaire » te semble un poil abuser aussi, sache que cette fois, je n’exagère pas : les couleurs sont décidées un an à l’avance (puisque bien sûr, on change tous les ans), le week-end bloqué six mois avant, et le matériel shoppé et enrichi d’une année sur l’autre. Tu comprendras donc aisément que je ne pouvais pas, cette fois non plus, me défiler de l’hommage familial à la magie des flocons pour cause de blog. Je pense sincèrement qu’on m’aurait excommuniée rien que pour l’idée. D’autant que, et pour être honnête c’est de là que vient la nouille dans le potage (oui, je dis nouille, c’est plus mignon), puisque je travaille généralement le week-end. D’où retard pris, Mamzette agacée parce que Mamzette aime le travail bien fait, et Mamzette dépitée quand la bise fut venue, ou plutôt l’heure du post sans rien à se mettre sous la dent. Tu me diras, je ne peux m’en prendre qu’à moi avec mes règles à la fion (là, je ne suis pas très sûre que ce soit plus mignon, mais ça se tentait), je n’ai qu’à poster quand ça m’arrange au lieu de me faire hara-kiri à chaque post manqué. Je te répondrais que je pourrais, si mon cerveau n’était pas une drôle de bête totalement hors de contrôle. Bref, je te bassine, mais je rate l’essentiel. Nous voici donc lancés dès le vendredi dans nos grands travaux de menuiserie consistant à rhabiller de fond en comble une forteresse en palais du père Noël. Et pour compenser mon manquement du lundi, je m’en vais de ce pas te révéler le thème de cette année : Noël blanc dans les quartiers culinaires, chocolat/cuivré avec une pointe d’or dans les quartiers à vivre. Autrement dit, cuisine et salon, mais c’est moins joli. Plus clair, mais moins joli (les seules pièces intactes après notre passage sont les chambres). Là, je te vois venir. Tu visualises aussitôt l’ambiance de rêve, la douceur de vivre, les sapins rutilants (au pluriel, vu qu’il y en a trois) et la bonne odeur de sablés. Non ? Parce que moi, si. D’où le post du jour (oui, je viens de te pondre trois paragraphes et je n’ai même pas encore commencé, je te l’ai dit, je me rattrape) : la déco de Noël en famille, fantasme versus réalité. Les chants de Noël, le fantasme
Tu te dis que tant qu’à faire, autant faire les choses à fond. Tu télécharges une compil qui tue de toutes les chansons de Noël et tu diffuses la chose en boucle pendant trois jours, prête à te laisser gagner par la magie de la note. Les chants de Noël, la réalité Non mais si, c’est chouette. Les trois premières chansons. Parce que sur ta compil, il y a tout, et quand je dis tout, c’est Tino Rossi qui chante petit papa Noël et un obscur groupe de punk qui fait tinter ses grelots. C’est la seule constante en fait, les grelots. Tu tiens bon, tu ne dis rien, tu endures en silence les chœurs, les violons, les voix d’enfants et les tintements, les oh-oh-oh et oooooooooooooooo, sans compter que les 90 décibels de mélodie infantile jaillissant du nourrisson nouveau venu dans ta famille jurent sacrément avec les grelots, mais ça doit être la magie de Noël, il chante en cœur, le choupinet. Au bout de trois jours, tu rêves de faire cramer les rennes dans la cheminée et bouffer leurs grelots aux choristes, et tu te dis que si tu survis, tu iras brûler un cierge à l’inventeur des tétines et des boules Quiès.* Ô mon beau sapin, le fantasme Cette année, on va finir en mode catalogue de déco. Ton sapin va déchirer sa race au père Noël, Ikea va te supplier de leur prêter tes boules et la magie des fêtes se répandra plus vite que les grelots (tu notes, comme je suis traumatisée du grelot ?). Ô mon beau sapin, la réalité Soyons lucides, il n’y a rien de pire que d’avoir une image préconçue de ce que ça va donner, vu que ça ne donne jamais ce que ça devrait donner. Les boules s’entrechoquent, les guirlandes pendouillent en mode La belle et le Clochard, y a des trous dans le sapin et les branches ont gardé les plis de leur rangement foireux de l’année passée. La guirlande lumineuse s’arrête de clignoter juste au moment où tu as fini d’accrocher les grelots (traumatisée, je te dis), et tu passes une heure à recouvrir un lustre de fanfreluches (oui, on fait aussi le lustre) avant de reculer pour réaliser que le résultat ressemble à une poule décatie un lendemain de réveillon. Là, tu retournes au sapin, et au moment où tu accroches l’étoile sur la pointe, le monstre bascule sur le côté. Tu te retrouves avec un clou, un marteau et de la ficelle pour maintenir la bête et tu suspectes, tout au fond de toi, que le père Noël n’a pas ce genre de problèmes, le saligaud. ** Les sablés de Noël, le fantasme Ah, cette bonne odeur de biscuit chaud, ce grain croustillant sous la dent et la décoration colorée des sablés, œuvres d’art miniatures en provenance directe du Pôle Nord. Même que tout le monde va se jeter dessus, et que tu n’en auras plus le jour de Noël mais peu importe, c’est tellement bon, de répandre le bonheur. Les sablés de Noël, la réalité Déjà, quand tu as fondu deux plaquettes de beurre dans tes sablés, tu te demandes si tu as prévu trop grand ou si ces machins ont l’impact calorique de trois bœufs fourrés au Nutella. Ensuite, quand tu as passé vingt minutes les mains dans la pâte, ils commencent à te courir sévère sur le haricot, les sablés. Et puis, quand arrive le moment de goûter tes merveilles, tu as toujours en tête les plaquettes de beurre et tu rêves de salade verte. Enfin, quand tu dois finalement les décorer, tu en as tellement plein les pattes que tu t’en servirais bien version ventouse sur les fenêtres, mais comme ta mère n’est pas d’accord, tu balances trois litres de chocolat blanc pour faire genre qu’il a neigé sur les sablés, tu fais le tour de la maison mais personne n’a digéré le poulet du déjeuner, tu remballes le tout dans une boîte en réalisant que tu en as fait dix fois trop et que oui, ça a l’impact calorique de trois bœufs fourrés au Nutella, et que l’an prochain, tu feras du Picard.*** La magie de Noël, le fantasme On est beaux, on est bons, partageons donc cet instant féérique entre nous, rions fort, valsons entre les branches et unissons nos voix à celles de Buck et Riton, nos deux rennes animés qui chantent des chants de Noël en remuant les oreilles et les grelots (oui, double dose de grelots, tu commences à comprendre) (et au fait, Buck et Riton, c’est véridique). La magie de Noël, la réalité Buck et Riton, ils sont drôles, la première fois. Mais le déclenchement automatique à chaque fois que tu passes devant, c’est un coup à militer pour l’ouverture de la chasse au renne. L’esprit de Noël rire et chansons, oui, d’accord, sauf que concrètement, tu passes trois jours à faire du sport, entre les pompes sous le sapin pour stabiliser l’inconstant, les étirements sur un tabouret bancal pour accrocher l’étoile, et l’organisation militaire, je te l’ai dit, que demandent trois sapins, un lustre, les couronnes, les lumières, je te jure que j’en laisse la moitié de côté, et ne me lance même pas sur les illuminations extérieures. La forteresse familiale à Noël, c’est Versailles. Tu finis le troisième jour avec des courbatures, les tympans en bouillie et la furieuse envie de t’enfermer dans un igloo pendant les trois prochaines années. Et le pire du pire du pire ? Tu es contente. Parce que parfois la réalité, c’est beaucoup plus drôle que le fantasme. *Frangine, neveu d’or est le plus beau le plus fort le plus intelligent, et pour rien au monde je ne mettrais en œuvre mes plans de lui implanter ce fameux bouton Mute. Mais soyons franches. Il chante très, très, très fort. **Bon c’est vrai, mon lustre est miteux. Mais sinon, c’est beau comme un camion, même avec un fil au sapin, et d’ailleurs un seul sapin sur trois qui se prend pour la Tour de Pise, c’est un score honorable. ***Là, vrai de chez vrai. Fuck les sablés de Noël, j’ai mangé la moitié de la pâte crue, je suis vaccinée pour 10 ans.
8 Commentaires
Je compatis :lol:
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Mamzette
12/12/2014 09:36:15
J'ai bien essayé, figure-toi, malheureusement mon corps manque de nuances. Il n'a que deux positions: à jeun ou coma éthylique, or en dépit de tous mes efforts, je n'ai pas encore réussi à surmonter l'obstacle du coma pour accrocher les boules. Quant à démêler les guirlandes, si tu savais le nombre de fois où j'ai fini discrétos avec une paire de ciseaux pour transformer la guirlande en confettis...
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Aaaaaah le grand écart entre fantasme et réalité... l'histoire de ma vie...heureusement en effet que la réalité est plus poilante!
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Mamzette
12/12/2014 18:05:09
Grand classique, hein... Donc j'imagine que dans ton fantasme, le Fervex a un goût de Mojito? Parce que la réalité risque fort d'être décevante... On dit merci les enfants :)
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13/12/2014 02:02:19
Quand j'ai vu ton titre de post, tu m'as fait peur...;et puis non, ouf, on parle bien de Noël. 3 sapins, my God, toutes ces décos, je te soupçonne d'habiter à Rovaniemi, et d'avoir une jolie robe rouge et de vivre au milieu de petits lutins...c'est toi la Mère Noêl, dis-moi que c'est vrai, que je t'ai démasquée?
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Mamzette
13/12/2014 04:33:42
Chut, pas trop fort, malheureuse! Si tu fais éclater ma couverture, c'en est fini de l'anonymat, tu n'as pas idée du nombre de fantasmes que déclenche la mère Noël. Pour autant, je ne confirmerai ni n'infirmerai. Il est vrai que j'ai une robe rouge. Vu la hauteur à laquelle on plafonne dans ma famille, le terme lutin pourrait même être approprié. Quant à Rovaniemi, il va falloir que tu y ailles pour vérifier.
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Mamzette
13/12/2014 09:01:34
Et d'ailleurs heureusement que c'est plus drôle, sans quoi le taux de suicide serait dramatiquement élevé :D
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