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Flashpic - Aristote

21/11/2014

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        Ça vous en bouche un groin, hein, qu’il s’appelle Aristote. Lui aussi. Ses copains s’appellent Rosette, Knacki, Babe ou Herta, mais lui, c’est Aristote. Ce n’est pas un train de vannes, accroché à sa queue, c’est un Boeing 707, d’autant qu’Aristote a des ambitions. Parfaitement. C’est que lui, il n’a jamais rêvé de bacon. Autant vous avouer tout net l’échec qu’il représente. Babe a pour ambition la côtelette, Herta la tranchette, Aristote, lui, rêve de grand air. Inné, acquis ? Son prénom incarne-t-il une nature profonde, ou ce même prénom, en l’exposant aux moqueries, l’a-t-il poussé à s’isoler pour mieux penser, jusqu’à développer l’étrange souhait de ne pas finir sous cellophane ?
        Mystère. Voilà pourquoi le soir, lorsque les auges sont pleines, Aristote ignore la pitance et prend la poudre d’escampette pour aller méditer les pattes dans le sable. D’une, l’eau sur les pattes, ça l’aide à réfléchir aux questionnements complexes de l’inné et de l’acquis. De deux, ça lui relaxe la couenne. De trois, moins il mange, moins il vaut de lard. CQFD. Puisque non, contrairement aux affirmations de Knacki, la chair à saucisse n’est pour Aristote ni un aboutissement, ni sa destinée.
        Quant à expliquer à Knacki que se réincarner en saucisse nécessite au préalable de mourir un tantinet… disons que l’affaire fut complexe et totalement infructueuse, ce qui explique pourquoi, ce soir-là, après s’être entendu dire d’aller se faire friser la queue ailleurs, Aristote est parti trottiner dans le sable plus tard que d’habitude. Voilà surtout pourquoi, ce soir-là, Aristote s’est trouvé comme un porcelet hystérique lorsqu’il a réalisé, au moment de faire demi-tour, que la marée avait complètement recouvert son itinéraire habituel. Voilà pourquoi, enfin, Aristote a rapidement fait face à un choix cornélien qui lui collait des frissons jusque dans la queue : d’une, rentrer chez lui par un itinéraire inconnu et s’enfoncer dans la forêt, à l’aveugle. De deux, s’allonger sur le sable froid et attendre que la marée redescende, quitte à mourir ici.
STOP !! Lecteur/trice, le moment est venu de choisir ta suite. 

Si tu aimes les baies et que happily ever after, 
ta suite est là
        Hauts les groins, Aristote ! Cochon domestique ou cochon sauvage, on n’est pas des côtelettes, on ne va pas se laisser abattre. Là, il a ricané un poil, rapport au jeu de mot. Puis il a carré les épaules, tendu le groin et dressé la queue. Son odorat surdéveloppé ferait le reste, il n’en doutait pas une seconde, il se roulerait sur sa paille chaude en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Peut-être même qu’il collerait un coup de boule bien mérité à Knacki, tiens.
        Rasséréné par cette pensée, Aristote s’est enfoncé dans les sous-bois d’un pas leste, la panse grondante (c’est qu’il n’avait pas mangé, du coup) et l’oreille dressée. Il a parcouru, allez, disons une centaine de mètres. Tout juste s’il commençait à se prendre pour un espion en mission d’infiltration, décochant de longs regards suspicieux aux fourrés tremblants, prêt à fouetter de la queue tout intrus menaçant, qu’il a tout oublié pour s’extasier devant un magnifique buisson pailleté de baies appétissantes. Son ventre a grondé un peu plus fort et Aristote a pointé la langue, réjoui d’avance. C’est là, forcément, que l’intrus menaçant l’a pris de court.
Il n’a pas eu le temps de voir qui, comment ni d’où. Un obus lui a percuté la panse de plein fouet pour l’expédier dans le fourré voisin. Le pauvre Aristote, le groin dans la terre, n’était même pas relevé qu’il réalisait être présentement en train de se faire remonter les bretelles par l’ennemi. Tout à fait. Mâle irresponsable, cervelle de criquet, peau rose  de porc de luxe, voilà ce qu’il a saisi. Et lorsqu’il s’est retourné, pile à l’instant où jaillissaient les mots baies, toxique, abruti, crever comme un rat, ce fut pour découvrir une truie sauvage tachetée de noir, groin furieux et regard irrité.
        Un phénomène des plus étranges s’est alors produit : le cerveau d’Aristote s’est vidé. Son cœur a fait plop, et la curieuse envie d’aller renifler la croupe galbée a brusquement pris toute la place. Mais puisqu’Aristote est un cochon bien élevé, il a demandé la permission d’abord, en bégayant que s’il y avait moyen, comme ça en passant, de lui tâter la croupe et de lui coller au train jusqu’à la fin de sa vie, rapport à cœur en fusion et cochonne sauvage de ses rêves, il s’estimerait infiniment content. Ça lui a coupé la chique, à la donzelle en furie. D’ailleurs elle a rosi avant de dire oui, au moment où Aristote pensait fuck le bacon, vive la freedom.

Si tu aimes le bacon et que life is a bitch, 
c’est ici
        Il y était. Il allait mourir, là, comme ça, bêtement, sur une plage. Aristote a inspiré longuement par le groin pour éviter la crise de panique, étudié un instant la masse sombre du sous-bois, puis les reflets du couchant à l’horizon. C’est là que l’évidence l’a frappé. Mourir, d’accord. Mais ni en tranches, ni sur une plage. Si le destin d’Aristote était de quitter ce monde ce soir, il n’attendrait pas sa fin sur un sable mouillé qui colle aux poils. Il irait au-devant, comme le romantique qu’il était, nourri de poètes maudits et d’intellectuels perdus.
        La lumière baissait, c’était maintenant ou jamais. Vas-y Aristote, fends les flots et fais la nique au boucher ! Le porc détrempé, ça ne vaut pas tripette. Il a donc avancé une patte, puis deux. Parcouru un mètre, puis deux. Perdu patte et découvert qu’il savait nager, plus ou moins. Puis regardé sous ses pattes, réalisé qu’il n’avait pas la moindre envie de se noyer et oublié tous ces imbéciles de poètes maudits pour se mettre à hurler comme une truie furieuse, en une vaine tentative de pédalage arrière.
        Comme quoi, le destin est cruel. Non, Aristote n’est pas mort, et c’est bien là que l’histoire se corse. C’est que les hurlements d’Aristote ne tombèrent pas dans l’oreille d’un sourd, mais de Lili. Lili, six ans, qui dans un élan d’altruisme, a forcé son géniteur à abandonner leur promenade sur la plage pour sauver un cochon paniqué pédalant comme un damné à deux mètres du bord. Oui, bon. De là où était Aristote avec ses courtes pattes, ça semblait plus profond.
        Il y a cru, Aristote, au fait que sa chance avait tourné. Avouez que quand on vous réchauffe à la serviette, qu’on vous couvre le groin de bisous mouillés avant de vous faire monter dans une voiture, vous pensez bingo, à moi la famille aimante et la vie de pacha, adieu Rosette, Knacki et Herta. Mais ça, c’est parce que vous ne connaissez pas Lili. Vous ne savez pas que Lili adore se rouler sur vous, que Lili aime vous dessiner sur le poil et vous peindre les ongles en rose, que Lili veut dormir avec vous mais prend toute la place, que Lili aime vous explorer les oreilles et vous boucler la queue, que Lili ne vous quitte pas une journée, pas une heure, pas une seconde, que Lili parle et crie sans interruption, que Lili vous enferme dans sa chambre et que vous faites caca sur un journal. Ce qui pour un cochon philosophe et solitaire, est bien pire que le bacon.
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Flashpic - Augustine

19/9/2014

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        Augustine est beaucoup de choses. Entre autres, fromagère, amie des bêtes, sexy du pied et rousse flamboyante, pas mal pour une seule femme. Enfin, fromagère… corrigeons dans la foulée l’image idyllique de pâturage, de biquettes et de lait frais qui vous vient en tête : Augustine ne fait pas le fromage, elle le vend. Ses pâturages se résument à trois pots de basilic accrochés au balcon, son lait est en carton et ses biquettes sont les pigeons du voisinage, qui se battent pour les miettes de vieux Roquefort qu’elle leur disperse. Oui elle sait, non seulement ça fait vieille fille, mais en plus, rien de tout ça n’explique sa position de Bouddha bourré. Patience, on y vient.
        Disons que ce jour-là, elle aurait dû se douter qu’il se passait un truc louche côté karma. Son livreur de Coulommiers était arrivé avec une gueule de bois monumentale, il lui avait renversé la palette sur les crottins, l’orgie laitière était insoutenable. Puis avait débarqué le livreur Cabécou, un abruti libidineux qui avait décidé de mettre la main sur la fromagère. Fromagère qui a bien dû, pour sauver la pureté de son tablier, projeter l’homme et sa libido dans le mélange Coulommiers-crottin. Mélange Coulommiers-Crottin qui avait volé, giclé et projeté, poussant le libidineux à un éloignement stratégique raté et achevé dans la boîte à fusible.
        Vous imaginez, sans doute, les conséquences d’une coupure de courant dans une fromagerie, même une courte. Disons que les arômes se diffusent. Heureusement, Augustine est une fromagère très zen, elle médite à mort, tous les matins sur sa carpette, et c’est sans doute ce qui lui a évité de traiter les rides de la vieille Chuchard au Reblochon. Pas frais, son Epoisse. Non mais oh. Mais puisqu’Augustine est une fromagère zen, on l’a dit, elle a poliment conseillé à madame Chuchard d’aller se faire tirer les plis chez le père Noël, et vite, avant de se prendre une pâte cuite en plein dentier.
        Vous imaginez tout aussi bien, sans doute, l’état d’Augustine en fin de journée, senteur brebis et pores dilatés au Maroilles. Que fait donc une fromagère à deux tranches de s’injecter la listériose ? Elle se fait mousser la féminité. Parfaitement. Polir un poil ce qui se cache sous le tablier, c’est du sans fautes, ça vous rabiboche une Augustine avec elle-même. Elle vous a mentionné, Augustine, qu’elle était sexy du pied ? C’est son petit truc en plus, à la fromagère. Elle aime les jolis pieds. Pédicure, vernis, tatouages, bagues d’orteils et tout le toutim.
        Vous saisissez la recette ? Le plan était simple : une bonne douche, une senteur fruitée, pédicure intégrale, et Augustine était déjà à poil, quand elle a pensé à ses pigeons. Ils devaient avoir faim, les choupinets. Bon allez mais vite fait, qu’elle s’est dit, avec dans l’idée de projeter la poignée de Roquefort émietté sous le voilage, comme ça, jusqu’au balcon, et vous vous dites oh la quiche, on le voit venir gros comme un menhir.
        Oui, mais non. Le problème est apparu un chouïa plus tôt, quand Augustine a traversé la pièce à poil en se demandant quelles bagues d’orteils elle choisirait pour remplacer celles qu’elle portait. Parce qu’admirer ses orteils en marchant est une idée stupide. Et que fatalement, Augustine a raté son virage et s’est répandue avec l’élégance d’un camembert normand en pleine canicule.
        Version courte ? Dix-neuf pigeons perchés sur un balcon, le bec tendu vers les subtils effluves de Roquefort, devant une fenêtre ouverte voilée par un rideau. Le dîner desdits pigeons répandu sur le parquet. Dix-neuf pigeons qui foncent bec en avant sans grand égard pour le fragile voilage, et une Augustine qui protège ses parties les plus précieuses en position du lotus agonisant, insultant Bouddha et le Cabécou.
        Et voilà, c’est là. Aussi bête que ça. Le moment où les pigeons se sont calmés et où Augustine a voulu se relever, pour constater que ses cheveux étaient coincés dans sa bague d’orteil, bague d’orteil impossible à enlever sans se scalper. Le moment où le beau gosse d’en face lui conseillait de fermer ses rideaux depuis l’autre côté de la cour. Ceci dit, Augustine est une fille positive et elle vous dira que ce jour-là, en attendant que son voisin défonce la porte et lui coupe la mèche, les rainures du parquet incrustées dans les fesses et toujours parfumée au Coulommiers, elle a atteint le stade de détachement le plus élevé de la méditation. La vérité suprême s’est enfin clairement affichée dans sa conscience purifiée. La vie des fois, ça pue comme un vieux Munster.  
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Flashpic - Merline

22/8/2014

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        Elle n’avait pas envie d’y aller. Déjà, dès le départ, Merline n’avait pas envie de sortir alors qu’un épisode de Game of Thrones l’attendait sur son ordinateur, relié par un fil invisible au pot de Ben & Jerry’s planqué derrière un sachet de haricots verts congelés, au fond à droite du congélateur. Pourquoi ? Mettez-vous à sa place, aussi ! Déjà, quand vous vous appelez Merline, vous vous demandez ce qu’ont fumé vos parents à la maternité. Alors quand un type appelé Arthur – Arthur, Merlin… non ? – vous convie avec un carton d’invitation en forme d’os à une petite sauterie entre scientifiques du musée d’histoire naturelle, Merline vous le garantit, à sa place, vous seriez déjà au Mexique.
        Pourquoi n’est-elle pas au Mexique ? Elle vous a dit qu’elle avait un épisode de Game of Thrones en attente. On ne plaisante pas avec ces choses-là, sauf quand Valéria, du département géologie, menace de vous épiler le cuir chevelu au silex. Mais Merline a prévenu, à la première blague sur son prénom, elle prend le maquis avec sa glace.
        Deux heures, ils ont tenu. Enfin, deux heures, elle est lucide, elle n’a pas la bonne unité de mesure, elle devrait plutôt compter en bouteilles. Sauf qu’elle a lutté ferme pour ne pas se laisser distancer par les naturalistes et que du coup, elle n’est plus tellement en état de compter, Merline. Elle est tout à fait en état, en revanche, de faire un doigt d’honneur au doyen coiffé de sa cravate quand il se met à disserter sur la vigueur d’Excalibur, pointant d’un doigt subtil le pantalon d’Arthur avec force clins d’œil à Merline. Elle est même en état de quitter dignement son fauteuil pour claquer encore plus dignement la porte d’entrée.
        Le premier hic fut qu’il ne s’agissait pas de la porte d’entrée. Le second vint d’un trop-plein de punch. Le troisième se présenta sous la forme d’une splendide reproduction de tête de Tyrannosaurus rex. 
STOP !! Lecteur/trice, tu… et non. 
Désolée, aujourd’hui, une seule fin, j'avais trop de trucs à dire.
        Pour être honnête, Merline était obsédée par une chose, qui n’avait rien à voir avec le tyrannosaure : le papier peint à fleurs. Parce que bon, Merline se voulait femme ouverte, ce à quoi le punch l’aidait grandement, mais tout de même. Le papier peint bleu layette couvert de roses chez un naturaliste nommé Arthur, même avec le punch, c’était pour le moins inattendu. Ou était-ce le bureau de la Guenièvre d’Arthur ?
        Pour être honnête encore une fois, en temps normal, Merline s’en serait moquée comme de son premier éclat de hache Néandertalienne, mais le punch était décidément bien trop réussi. Sous couvert de jus de fruit plein de vitamines à effet booster d’éclat, Merline s’était enfilée l’équivalent d’une bouteille de rhum à la louche, avec effet tueur de neurones. Aussi, quand elle a ramassé Rex, parce que vous aimeriez qu’on vous appelle Tyrannosaurus, vous ? Quand elle a ramassé Rex, donc, et qu’elle a découvert le creux dans la cavité du bestiau, s’est-elle intérieurement exclamée chouette alors, Rex est un masque, allons donc trouver Guenièvre.
        Demander à Merline de ne pas enfiler Rex équivalait à exiger la couronne de Babar. Impossible, et irréaliste. Alors elle a bien songé, l’espace d’une seconde, à s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une vraie tête empaillée, auquel cas y fourrer la tête pourrait la traumatiser à vie. Mais ses neurones survivants, utilisant leurs dernières forces, ont énergiquement réfuté l’hypothèse, expliquant qu’une vraie tête empaillée ne serait certainement pas creuse. Non, ils n’ont pas évoqué la disparition des dinosaures, pensez-vous. Ils étaient au-delà de ça. D’ailleurs après pareil effort, c’en était fini, les neurones de Merline étaient partis se coucher, et c’est sans la moindre hésitation qu’elle a glissé la tête dans la chose.  
        Oui, vous le voyez venir, mais vous êtes à jeun. Théoriquement. Elle, non. Lorsqu’elle s’est trouvée coincée en plein dans Rex, Merline en a été la première surprise. A tel point qu’elle a failli lui arracher les canines à force de tirer, le pauvre. Dans un sursaut moribond, un neurone courageux a alors suggéré que peut-être, ce n’était pas vraiment un masque, mais plutôt un accessoire de décor, cinéma ou un truc comme ça, et que ce n’était pas du tout fait pour y fourrer une tête humaine, même imbibée de rhum. Que maintenant, elle allait devoir apprendre à manger avec une paille ou se faire découper le silicone à la tronçonneuse. Et c’est plus ou moins là, croisant son reflet sur fond de papier fleuri, mélangeant face de Rex et possible Guenièvre, qu’elle a pété les plombs.
        Pour bien comprendre, il vous faut remettre dans le contexte la joyeuse assemblée réunie dans la pièce voisine. Scientifiques, professeurs, chercheurs, des gens pour qui le dinosaure dans son ensemble est un symbole, un fantasme, un tuteur, un rêve et un cauchemar. Prenez les mêmes scientifiques nourris de la même idéologie, trempez-les dans un mélange de rhum, de bière, de vodka et de Curly, laissez-les macérer deux bonnes heures. Là, faites exploser la porte la plus proche et laissez débarquer une Merline en pleine crise d’hystérie, chemisier rayé aux abois, jupette à fleurs et tête de tyrannosaure juchée sur le chef, appelant Guenièvre d’une voix d’outretombe.
        Vous avez à présent une idée assez fiable de l’effet Merline chez les scientifiques. Dans le cas contraire, glissez un Mentos dans une bouteille de Coca, vous comprendrez mieux. Vous verrez le doyen se relever d’un bond pour tenter de s’enfuir et se coincer la cravate dans les diamants de Lucienne, avant de percuter une meute de géologues hurlants. Vous verrez les paléontologues tenter de tâter le dieu Rex pour s’assurer de sa réalité, ce que Merline interprétera comme une inexcusable atteinte à son intégrité physique et vengera à coups de talons dans les sacs à noix.
        Vous verrez Valéria paniquer à son tour et se précipiter vers la première figure familière, qui s’avèrera être son propre reflet dans le miroir, reflet qu’elle éclatera de la pointe du brushing. Vous verrez un chercheur plaquer une table au sol, un minéralogiste tacler le carrelage, une archiviste assommer une porte et au beau milieu de tout ça, surtout, vous verrez Merline, épuisée par la cacophonie, choir sur le canapé comme les dernières particules de Mentos au fond du Coca, son escarpin à la main. Et là, vous noterez Arthur tranquillement assis en face, toujours sans trace de Guenièvre, dévisageant Rex tout en sirotant son punch. Vous vous direz, tout comme Merline, qu’on est décidément moins regardant sans neurones, et vous attendrez de voir, tout comme Merline, si le gaillard est capable de sortir l’épée du rocher à mains nues.*
* Phrase de conclusion hautement polémique, pouvant incarner selon l’envie du Lecteur/trice une blague salace très limite, ou la métaphore de Merline coincée dans la tête de Rex.

*Tu te demandes le pourquoi du comment du papier. Sache qu’Arthur est un naturaliste très occupé, et que quand Leroy Merlin s’est viandé dans sa commande, il s’est dit qu’il allait faire un scandale et leur faire reprendre l’ouvrage illico. C’était il y a 6 ans, et Arthur s’est rendu compte entre temps que le papier à fleurs est un véritable piège à filles. La preuve.

*Tu te demandes le pourquoi du comment de Rex. Sache qu’il s’agit effectivement d’un souvenir de tournage offert à Arthur par son grand frère, archéologue spécialisé en Jurassique et consultant privilégié de grands studios, qui lui a fourni en même temps un tube de lubrifiant en lui disant « je n’ai pas résisté, tu ne résisteras pas, tu finiras par mettre la tête dedans, autant que tu sois préparé ».

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Flashpic - Brigitte

1/8/2014

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        Elle a paniqué. Ça arrive, non ? Mais à l’autre bout du monde, loin de tout comme ça, elle a moyennement géré les sursauts de son estomac, a fait la première chose qui lui venait à l’esprit, et… et maintenant, soit elle meurt foudroyée dans la seconde, soit elle réactive ses connections neuronales et se sort les doigts du… bon. Vous avez compris le principe.
        Voyez-vous, Brigitte est du genre introvertie. Du genre qui a besoin de se préparer psychologiquement avant d’échanger avec son prochain, sous peine de réactions totalement incompréhensibles à l’autre moitié de l’espèce humaine, la moitié qui ne dévisage pas son téléphone, chaque fois qu’il sonne, avec la perplexité angoissée d’un poulpe devant un string. Pas timide, non, rien à voir. Juste un drôle de mélange un poil solitaire, un poil sauvage, un poil cérébrale et un poil inadaptée.
        Alors partir seule en vacances en Californie, le bonheur. Se promener, s’imprégner, se cultiver, savourer, fastoche. Se mettre au surf, risqué, avec pour obstacle majeur le stade larvaire de son développement musculaire. Sauf qu’à Rome, fais comme les romains, Brigitte s’est dit qu’elle devait bien tenter, histoire de faire couleur locale. Et/ou de se rincer l’œil, rapport à la ribambelle de Ken en néoprène, voire sans néoprène, rôdant aux alentours des planches de surf.
        Le seul hic ? La cordialité du surfeur. Diantre, que l’animal est sociable. Alors bon, un par ci, un par là, elle gérait. Brigitte traçait sa route dans les entrailles de la colonie sans passer pour une sociopathe, c’était bien. Jusqu’à aujourd’hui, où la colonie au grand complet a croisé la route de Brigitte, comme ça d’un bloc. Et où Brigitte fait la première chose qui lui vient à l’esprit en cas d’interaction sociale de groupe imprévue. Elle s’est cachée derrière sa planche.
STOP !! Lecteur/trice, le moment est venu de choisir ta suite. 

Si tu aimes le téléphone 
et que happily ever after, ta suite est là
        Elle était là, derrière sa planche, avec la discrétion d’un ado de 15 ans reluquant le fessier d’une Kardashian, quand elle a noté le silence. La colonie n’émettait plus un son, analysant probablement l’étrange dolmen jaune citron dressé en plein sur les bandes jaunes, et Brigitte cherchait activement ce qu’elle allait bien pouvoir dire. C’est que quand elle est préparée, en terrain familier, Brigitte est un véritable boute-en-train. Sans ça c’est le même boute-en-train, mais version dopée au cyanure.
        Des pas. La colonie s’approchait. Et ça n’a pas loupé, Brigitte a constaté avec dépit qu’elle ne maîtrisait toujours pas l’invisibilité. Bridget, qu’ils ont dit (le surfeur a du mal avec Brigitte, on le comprend, le pauvre, essayez donc de prononcer Thornton sans accent, vous). Brigitte a relevé la tête, la mine détendue, et souri à Brad. Brad, c’est Ken, version que tu voudrais bien plaquer à la planche pour lui compter les dents.
        L’improvisation n’est pas le fort de Brigitte. Pour réfléchir au sens de la vie en solitaire ah ça, pas de problème, mais donner une explication plausible dans la langue de Shakespeare, ma foi… Brigitte s’est lancée. Elle a expliqué être présentement en train de contrôler l’équilibre de sa planche en position verticale selon les bandes jaunes de la route qui selon elle, devraient déterminer l’exact largeur de la chose pour une ergonomie optimale sur les vagues.
        Là, Brad l’a dévisagée avec la même perplexité que Brigitte accordait à son téléphone à chaque sonnerie. Brigitte a donc agi par réflexe. Elle a fait comme avec son téléphone quand elle se demandait qui l’appelait et ce qu’on lui voulait et pourquoi maintenant, elle a empoigné l’engin et collé sa bouche au haut-parleur. Il lui a bien semblé entendre deux ou trois protestations de Barbies en néoprène, mais Brad a suivi la consigne, il a répondu au téléphone.
Si tu aimes les narcotrafiquants 
et que life is a bitch, c’est ici
        Elle était là, derrière sa planche, avec la discrétion d’un gamin de trois ans jouant à cache-cache derrière un pied de table. Dans l’hypothèse où le subterfuge de Brigitte serait couronné de succès, la colonie de surfeurs demeurerait persuadée d’avoir vu une planche de surf dotée de membres. Ils ne traiteraient jamais plus leurs planches de la même façon. Non qu’ils les maltraitent, remarquez, parfois en les regardant, Brigitte se disait même qu’elle se serait bien fait waxer le bronzage avec autant de passion. Mais bref.
        Brigitte, donc, derrière sa planche. Se disant non qu’elle avait peur, mais que s’ils la voyaient, ils allaient lui parler, et que s’ils lui parlaient à 18 (estimation grossière de la colonie en cours de déplacement) elle allait forcément répondre à côté de la plaque. Voire, ne pas savoir quoi répondre, elle dont la spécialité était de se dire après coup mais quelle quiche, pourquoi je n’ai pas pensé à dire ça.
        L’avantage, c’est que finalement, Brigitte n’a pas eu le temps de passer pour une sociopathe. Chuck est arrivé. Chuck, un brave gars sympathique, mais actuellement très paniqué vu que Barney, son toutou adoré, avait avalé tout le contenu de la boîte de préservatifs goût cheescake. Or Chuck avait vu des reportages sur les narcotrafiquants, il savait bien, lui, qu’un préservatif peut exploser dans l’estomac et causer des dommages irréversibles (non, Chuck n’avait pas poussé la subtilité jusqu’à comprendre que les préservatifs n’étaient pas livrés dans la boîte remplis de cocaïne) et conduisait son pick-up à tombeau ouvert chez le vétérinaire.
        C’est donc les yeux pleins de larmes, jetant d’incessants coups d’œil sur la banquette où Barney digérait tranquillement ses huit chewing-gums goût cheesecake, que Chuck n’a pas noté la planche de surf jaune citron dressée au beau milieu de la route. Elle se confondait presque avec les bandes jaunes, aussi. Strike.
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Flashpic - Julienne

18/7/2014

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Cher Lecteur/trice qui ne suit pas tous les posts et à qui je n'en veux même pas, si tu te demandes d'où sort Julienne, la réponse est >>>là<<<. Si tu as déjà tout suivi tout compris, tu as gagné ta place au panthéon Mamzette.
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        Quarante ans de mariage. Non mais vous le croyez, ça ? Après quarante ans de mariage ? Julienne n’en revient toujours pas. Ah si elle tenait le crétin qui a inventé le Viagra, elle lui ferait bouffer ses éprouvettes, au foutriquet. Non mais il a pensé à quoi, le môme ? Pas aux femmes pour qui le coup de mou du sexagénaire représentait un repos bien mérité, en tous cas.
        Attention, ne vous méprenez pas. Julienne n’a jamais rechigné à la bagatelle. En revanche, elle a pitié de ses nerfs, après quarante ans passés à guetter du coin de l’œil la braguette hyperactive de son mari. Et c’est maintenant, après quarante ans, que le rat se décide ! Pendant tout ce temps, Jean-Claude a reluqué sans toucher et croyez-la quand elle vous dit que s’il avait touché, elle l’aurait su. Le détective privé lui coûtait bien assez cher.
        Aussi, quand le pauvre homme a pris une retraite anticipée après un infarctus en pleine course poursuite, Julienne s’est dit à quoi bon, hein. Ce n’était pas maintenant que Jean-Claude allait se redresser la pâte à modeler. Elle aussi, elle allait savourer ses colliers de perles, qu’il reluque tant qu’il voulait, de toute façon sans ses lunettes il ne distinguerait pas un homme d’une femme. C’est ce qu’elle s’était dit, oui. Bêtement.
STOP !! Lecteur/trice, le moment est venu de choisir ta suite. 
Si tu aimes les bonnes manières 
et que happily ever after, ta suite est là
        Parce qu’hier, ils étaient invités chez les Gnoumet. Et qu’à la fin de la soirée, cette adorable jeune femme a demandé à lui parler. Pour dire quoi ? Pour dire qu’une carte de visite était tombée de la veste de Jean-Claude, et qu’en tant que femme elle-même, la demoiselle se sentait tenue par une obligation morale. Elle lui a tendu la carte, et Julienne a failli en perdre sa prothèse de hanche. 
        Candy, escorte vos nuits. Massages complets. Juste à côté, écrit de la main de Jean-Claude (Julienne reconnaîtrait n’importe où son écriture de taupe sous Prozac) : vendredi 18, 15h. Juste au-dessus, la photo d’une belle blonde en nuisette rose et… là, Julienne a chaussé ses lunettes, mais oui. Candy avait la pomme d’Adam sacrément proéminente.
        Julienne a inspiré longuement, une main serrée sur son collier de perles. Vendredi, à 15h, Jean-Claude avait dit avoir rendez-vous chez le dentiste, ce qui renseignait suffisamment sur la nature inavouable des massages de Candy. Son regard est tombé sur le bougeoir en argent des Gnoumet. Julienne a hésité. Elle se serait bien vue faire ravaler l’information à la jeunette à coups de bougeoir, mais ça n’aurait pas été très fair-play. Après tout, la gamine n’était pas obligée de la mettre au courant. Aurait-elle préféré ?
        Non. Julienne a résolument ignoré le bougeoir. Mais parce qu’elle était quand même un poil secouée et qu’elle n’appréciait pas la peau bien tendue de la jeunette, elle a grincé merci pour votre considération, ma petite, maintenant retournez donc astiquer les tatouages du fils des Gnoumet. Mais en tant que femme moi-même, je me sens tenue par une obligation morale : sachez que le jeunot a des morpions.
        Alors bon. En toute honnêteté, Julienne s’apprêtait à aller pendre Jean-Claude par ses quelques poils restants. Elle se voyait bien lui faire fumer son Viagra, bouffer sa cravate et sniffer les cendres de la carte de Candy. Elle était même prête à le laisser aller au rendez-vous suivi d’un détective, autant pour obtenir un divorce lucratif que pour voir la tronche de Jean-Claude découvrant la pomme d’Adam de Candy. 
        Sauf qu’elle n’en a pas vraiment eu le temps. A peine a-t-elle pénétré dans le salon que son benêt de mari, avisant dans sa main la carte de visite, s’est tâté les poches la mine paniquée, a blanchi, reculé, rougi, reculé, évalué d’un regard la porte de sortie, avancé. Et s’est pris les pieds dans ses lacets.
        On sort rarement gagnant d’un coup de boule à une cheminée d’époque. Mais Julienne en est certaine à présent, Jean-Claude est au paradis de Candy, tandis que Victor, le charmant neurochirurgien qui n’a pas pu sauver son défunt mari et qui lui tend à présent son sixième bouquet de roses de la semaine, a décidément de très belles mains. 
Si tu aimes les pavés 
et que life is a bitch, c’est ici
        Parce qu’hier, ils étaient invités chez les Gnoumet. Et qu’à la fin du repas, Julienne a bien vu la jeunette entraîner Jean-Claude dans la pièce voisine, et que s’est-elle dit, cette bonne poire de Julienne ? Que la gamine allait tenter de lui emballer son Jean-Claude. Elle a donc suivi sur la pointe des mocassins, prête à assommer l’impudente d’un bon coup de collier 18 carats.
        La jeunette a tendu une carte à Jean-Claude, soi-disant tombée de sa veste. Et lui a dit vous faites ce que vous voulez de votre matériel, mais je tiens à vous informer que la call-girl avec qui vous avez rendez-vous vendredi, aussi charmante soit-elle, présente des attributs inhabituels pour une femme. Que quoi qu’est-ce comment qui où hein, fut plus ou moins la réaction d’un Jean-Claude subitement pâlichon.
        Là, Julienne a senti ses anticoagulants se mettre à bouillir. Elle, traîtresse à sa propre cause avec ses petits seins bien hauts, elle était bonne pour un lifting avant l’âge. Quant à lui, cette fois la coupe était pleine. La castration ne serait pas chimique. Julienne a résolument empoigné le bougeoir en argent des Gnoumet, les veines en mode napalm.
        Le bougeoir a traversé la pièce sous le regard médusé de la jeunette, atteignant Jean-Claude en plein front. Apparemment, ce truc était en toc. Pas de sang, pas de mort sur le coup, même pas une petite plaie, tout juste si Jean-Claude a vacillé, ce qui suffit parfois à vous coller la poisse. Ou alors, l’esprit vengeur de Candy flottait dans la pièce. Parce qu’en vacillant, Jean-Claude a marché sur les longs voilages de mousseline des Gnoumet, artistiquement drapés que le parquet. Devant la fenêtre. Ouverte.
        Oui, Jean-Claude a basculé. Mais avant ça, il s’est empêtré dans les voilages, et la jeunette, sans doute un brin coupable de sa révélation à effets secondaires, s’est enfin souvenue des bonnes manières : elle s’est précipitée pour aider le vieux fou saucissonné de mousseline. C’est là qu’il a basculé, non sans agripper le soutien-gorge de la petiote dans un dernier réflexe - survie ou Viagra, allez savoir - comme quoi ces machins en dentelle pour petits seins arrogants, c’est vraiment de la camelote. Une bonne gaine à armatures n’aurait jamais craqué, s’est dit Julienne lorsque la jeunette s’est libérée.
        La conscience diluée dans les anticoagulants, elle s’est approchée au pas de charge pour propulser la traîtresse à la suite de Jean-Claude, qu’on entendait déjà repeindre discrètement les pavés huit étages plus bas. Malheureusement, la jeunette n’était pas d’accord. Et si elle a fini par suivre Jean-Claude, ce fut avec le collier de perles de Julienne dans une main et son brushing dans l’autre, Julienne toujours accrochée au bout. Inutile de dire que les pavés se souviennent de ces trois-là. Candy, elle, a trouvé très cavalier le lapin bas de gamme posé par ce Mr Jean-Claude.
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Flashpic - Nanette

11/7/2014

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        Nanette est une chic fille. Vous savez, la fille sympa, toujours prête à rendre service, la bonne copine qui ne dit jamais non parce qu’elle n’ose pas. Celle qui dit mais oui bien sûr pas de problème alors qu’elle pense va te faire épiler en enfer sale garce. Celle qui se laisse appeler Nanette (fille de Fernande et Raymond, haut potentiel rétro) au lieu de Nine (fille d’Inès de la Fressange, haut potentiel fashion), et qui se retrouve à jouer la troisième roue du VTT avec le Prince Lu pour encourager les plans de conquête de la Moule Bivalve.
        Attendez, laissez-la s’expliquer. Le Prince Lu, on l’appelle comme ça parce qu’il lui ressemble, pas parce qu’il se prend pour un superman moyenâgeux. La Moule Bivalve, c’est rapport au QI visqueux et aux deux valves surgonflées. Et oui, la Moule sait que Nanette en pince pour le Prince. Résumé : la Moule est une garce, Nanette une faible et le Prince un idiot. Ou pas ? Nanette hésite entre idiot et aveugle. Elle ne le connait que de vue, après tout, elle n’a jamais dépassé la couronne.
        Votre question étant donc « mais pourquoi tu as dit oui pauvre quiche ?? », Nanette vous répondra que c’est un réflexe. La Moule lui a fait miroiter une promenade en barque, et tu comprends j’ai le biceps fragile, j’ai besoin de toi, je veux profiter de lui, hein dis que tu comprends et tu ferais ça pour moi ? Ladite Moule ayant omis de mentionner l’identité du « lui », Nanette a pensé va te faire cuire les tétons et a dit oui bien sûr pas de problème. D’où la barcasse sur les flots, la Moule Bivalve en pleine parade nuptiale, le Prince Lu assis au fond et la Nanette piteuse à l’avant, qui rame la tête dans les ballons destinés au son et lumière prévu par la Moule, rapport à l’emballage du Prince.
STOP !! Lecteur/trice, le moment est venu de choisir ta suite. 
Si tu aimes les paillettes 
et que happily ever after, ta suite est là
        Sauf que là, la rame à bout de bras, Nanette sentait bien qu’elle touchait le fond. Littéralement. Si elle n’y prenait garde, elle risquait de coller un sévère à-coup à leur palace flottant. Elle a donc pivoté, planté sa rame, poussé, tourné… et c’est là. Dans les romans, les révélations fusent dans un éclair de lumière, le regard posé sur un soleil de feu baignant une nature sauvage. Chez Nanette, la révélation fusa dans une gerbe d’eau croupie, le regard posé sur le string de la Moule Bivalve.
        Un string à paillettes ? Non mais franchement, un string à paillettes ? Elle nous faisait quoi la moule trop cuite, à se liquéfier sur le Prince Lu avec un string à paillettes ? Vous avez déjà vu un Prince Lu arôme orné d’une moule à paillettes, vous ? Parce que laissez-la vous dire, Nanette, que ça jure comme du cambouis sur un Vuitton. Et que le string fut la paillette de trop dans un vase déjà très, très plein.
        Le ras-le-bol lui est monté au nez en deux centièmes de secondes, et ce n’est qu’après, sous le regard ahuri du Prince Lu, qu’elle a réalisé. Ah ben oui, alors. Ce son creux, c’était bien celui de la rame sur l’inutile boîte crânienne de la Moule. Ça alors, elle venait d'abattre un mollusque. Elle a tapoté du bout du pied, pour voir, puis a fait claquer le string un bon coup. Ça bougeait. Bon. Bonne nouvelle, la Moule n’avait pas tourné, Nanette éviterait probablement la prison. Restait à convaincre le témoin princier qu’il s’agissait d’un accident et que… 
        Et que nom d’une valve, qu’est-ce-qu’elle s’en cognait les principes, de ce qu’il croyait ! S’il était prêt à se compromettre les bijoux de la couronne pour un string à paillettes, il ne méritait pas les honneurs de Nanette. Sauf qu’il a fini par éclater de rire en gloussant merci, juste au moment où la barcasse sans gouvernail atteignait les fonds plats et que l’à-coup propulsait Nanette droit sur les attributs royaux. Bah. Le destin, hein.
Si tu aimes les parachutes
et que life is a bitch, c’est ici
        Sauf que là, la rame à bout de bras, Nanette désespérait de la nature humaine. Vingt minutes qu’elle rêvait égorgements, pendaisons, crémations ou empalements. Vingt minutes que la Moule lui ordonnait de se calmer la rame, mais que voulez-vous, la vapeur doit bien sortir d’une façon ou d’une autre, et Nanette moulinait comme un fouet hystérique dans le blanc d’œuf. Conséquence directe : la barcasse fendait les flots, Nanette était en nage et le bouquet de ballons lui collait à la tronche. 
        C’est comme ça qu’elle a compris le pourquoi du comment des ballons. La Moule Bivalve, du fond de son vide cérébral, avait eu une brillante idée, vu que la longueur de sa jupe laissait peu d’endroits pour planquer les parachutes nécessaires à tout acte de reproduction sans volonté de production : elle avait glissé les capotes dans les ballons. 10 ballons, dix capotes, soit elle prenait le Prince Lu pour le roi du Viagra, soit elle les utilisait par trois pour plus de précautions. 
        Nanette leur a jeté un coup d’œil abattu, notant au passage que le brushing du Prince Lu avait perdu beaucoup de sa superbe sous les assauts de la Moule. Que faire ? Percer tous les ballons pour les empêcher de copuler? Ils étaient bien capable de s’y coller sans parachute, et s’il était pire idée que de les imaginer ensemble, c’était de leur imaginer une descendance. Pourquoi ? Parce qu’après une heure à ramer devant lui, Nanette avait dépassé la couronne. Conclusion, malheureuse mais bien réelle : le Prince avait le neurone aussi rare qu’une courgette dans les Lu. 
        Quand l’avait-elle compris ? Peut-être dès le début, quand il avait confondu la lune avec un lampadaire. Ou sinon, quand elle avait réalisé que oui, il était prêt à se laisser gober par une moule, dans une barque et devant Nanette. Qui, plongeant derechef dans l’eau vaseuse pour éviter les ébats d’une moule avec le fantôme de son fantasme, se disait que son aveuglement avait été à hauteur de la punition.
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Flashpic - Flo

4/7/2014

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        Quand on lance un concept, parfois, on n’a pas la moindre idée de jusqu’où ça peut aller. On se dégote un hobby, une idée, un truc comme ça en passant, on se voit bien partager avec des gens, des gens comme nous, un peu sympas et un peu curieux. Du genre tiens, et ce parfum à la noix de coco, ce serait plutôt virée sous les tropiques ou voyage au petit coin ?
        Alors voilà, c’est parti de là. Flo cherchait des copines virtuelles qui s’interrogeraient comme elle sur les vertus de la combi doudou ou sur comment caser 385 robes dans 1m² de penderie. Elle a décidé de tester tout un tas de choses. Et elle s’en est fait plein, des copines virtuelles, mais le problème de ses copines virtuelles, c’est qu’elles la poussent toujours plus loin. En mode et tu voudrais bien tester ça, histoire de te taper la honte à ma place des fois que la chose soit une daube internationale au prix d’un duplex à Paris.
        Vous feriez quoi, à sa place ? Flo s’est laissée emporter, certes. Conscience professionnelle. Après tout, elle partait en vacances, c’était le destin, et puis il était joli, ce maillot. Alors pensez, un maillot joli avec fonction anti-coups de soleil intégrée, c’était le top moumoute de la crème du chou des trucs qu’on teste, Flo a sauté sur l’occasion : l’expérience détournerait au minimum ses lectrices de leurs autres demandes, comme le saut à l’élastique en robe Prada, le braquage chez Ladurée ou la tête rasée avec tatouage tribal.
        Au départ, l’affaire semblait entendue : Bichon était emballé. C’est que le bikini au crochet avec capteurs d’UV, sur le papier, ça en bouche un coin, et que Bichon en avait plein la barbe de l’enduire de Biafine. C’est tout autant que le bikini au crochet sur sa Flo, Bichon a trouvé ça tout à fait seyant : la preuve, il insistait pour l’enduire de Biafine sans Biafine. Et c’est aussi, enfin, que le bikini au crochet sur la peau sensible de Flo, c’était doux comme de la Chantilly au goulot, le genre de choses qu’on ne refuse pas.
STOP !! Lecteur/trice, le moment est venu de choisir ta suite. 
Si tu aimes les gnomes 
et que happily ever after, ta suite est là
        Elle était donc sur la plage, alanguie dans son crochet avec un Bichon tout empressé, quand la première alerte s’est déclarée : le bikini a bipé. Et elle vous le dit, ça fait drôle, un bikini qui bipe, un peu comme un chien qui miaule. En bonne testeuse, Flo a déplié le parasol illico. C’est là que sa voisine de serviette, une dame charmante avec un bob et des claquettes, lui a demandé pourquoi son téléphone sonnait dans son maillot de bain.
        Que nenni, ma bonne dame, c’est du crochet high-tech. Sous le regard… vide, avouons-le, de sa voisine, Flo a consciencieusement déroulé la liste de qualités de son nouveau bikini. Mais c’est révolutionnaire, s’est écriée Jocelyne. Ça existe en bleu ? Non parce que le crème, ça jure avec mon bob. Ah vous ne savez pas, bon. Ça vous ennuie si mon Lulu suit le rythme ? Comme ça au moins, je serais rassurée pour son bronzage.
        Voilà. Comme ça, tout simplement. Non que Bichon en ait été ravi, mais il n’a pas vraiment pu dire non quand Lulu, 10 ans, short rouge et bronzage assorti, a étalé sa serviette entre eux pour faire des pâtés sous le parasol. Et sur le téléphone de Bichon, mais il n’avait qu’à pas le laisser traîner.
        Alors ? Lui demanderez-vous. Il est où le problème ? Pas de problème, pas vraiment. Disons seulement que les fantasmes crochetés de Bichon en ont pris un coup dans l’aile. Non, pas à cause de Lulu. Mais une plage, c’est un village. Les nouvelles vont vite. Imaginez plutôt : Bichon rêvait de roulades dans le sable en bikini qui miaule. Bichon s’est retrouvé à slalomer entre 24 ateliers pâtés de sable pour enfiler des t-shirts à 24 gnomes récalcitrants à chaque sonnerie de bikini. 
        Inutile de vous dire que même frustré de la banane, quand il a reçu son premier pourboire, Bichon s’est réinventé une carrière professionnelle. Moniteur de colo/retourneur d’enfant/agent de star qui teste des trucs parce qu’avec une pub pareille, les inventeurs du crochet fou en ont fait de Flo leur égérie. Miss coup de soleil 2014, c’est elle.  
Si tu aimes Alerte à Malibu 
et que life is a bitch, c’est ici
        Elle était donc sur la plage, alanguie dans son crochet avec un Bichon tout empressé, quand la première alerte s’est déclarée : le bikini a bipé. Et elle vous le dit, ça fait drôle, un bikini qui bipe, un peu comme une voiture qui pleure. Flo a consciencieusement appliqué sa crème solaire et attendu que la chose cesse de biper.
        Huit minutes plus tard, Flo, après quatre couches de crème solaire et deux tee-shirts, commençait à échafauder des plans pour dynamiter les inventeurs. Elle avait dépassé le stade où elle regrettait de ne pas avoir emmené le mode d’emploi/un bikini de rechange/un marteau pour rabattre son caquet au bikini bavard. C’est qu’on commençait à la regarder de travers, sur la plage. Et que le regard de Bichon, lui, penchait plutôt du côté obscur de la force que du côté roudoudous et angelots.
        Qu’à cela ne tienne, Flo s’est débarrassée de ses tee-shirts et a opéré une traversée du sable digne de Pamela Anderson sous ecstasy : bonds sur le sable brûlant, jurons sur les coquillages et zigzags entre les algues. Ah il voulait biper, le crochet. Il ramènerait moins sa maille, une fois noyé sous l’écume. C’est donc dans un ultime saut de gazelle bourrée qu’elle a plongé dans les vagues, se rétamant au passage un orteil sur un bernard-l’hermite indélicat.
        Deux choses à savoir : d’une, les inventeurs du bikini anti-coup de soleil sont des buses. De deux, quatre couches de crème solaire, c’est trop. Parce que d’une, le bikini anti-coup de soleil n’est pas fait pour aller dans l’eau. De deux, la crème solaire à la vanille, les poissons adorent. Entourée d’une nuée de gobeurs ravis, Flo a voulu ressortir illico de son bain de Jouvence, et c’est là que le bikini a grillé, infligeant à sa propriétaire une décharge digne d’un taser anti-émeutes. 
        D’où la pose de sirène en pleine gueule de bois et le Bichon qui fait semblant de ne pas la connaître. Elle se demande seulement combien de temps encore il va la laisser cramer au soleil avec des terminaisons nerveuses court-circuitées, le benêt.
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Flashpic - Manal

20/6/2014

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        Manal est photographe. C’est cool, hein. Elle non plus, elle ne s’en lasse pas, parce que si on lui avait dit quelques années plus tôt qu’elle serait photographe, une vraie de vraie, elle aurait répondu « et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d’alu ».  Soit ça, soit « et ta licorne, elle aime les macarons ? ».
        Mais voilà. Manal est photographe. Ce qu’elle n’avait pas imaginé, c’est que ça puisse être aussi fatigant. Non qu’elle s’en plaigne, attention, mais tout de même, elle est bien contente d’avoir un Jules prévenant qui lui fait couler un bain après une journée debout. Alors ce soir, elle a plus qu’apprécié l’attention, même si elle dû pour ce faire se dévêtir : ce qui après une journée passée debout et trois kilos de matériel sur le dos, revient à se cogner les 12 travaux d’Astérix sans potion magique et sans Obélix.
        Ceci dit, Jules ayant en plus décidé de préparer le repas, ça ne se refusait pas. De délicieuses odeurs de vin mijotaient dans la cuisine, accompagnées d’une douce senteur de caramel. Voilà ce qu’elle appelle une soirée détente, Manal. Elle en oubliait même les crampes dans ses mains pour avoir tenu son appareil photo six heures d’affilée.  
STOP !! Lecteur/trice, le moment est venu de choisir ta suite. 

Si tu aimes Clarins et que happily ever after, 
ta suite est là
        Tout a commencé quand elle est sortie du bain. Parce que comme d’habitude, Manal a appliqué son huile miracle Clarins, celle qui lui fait la peau douce comme un œuf Kinder, et c’est là que Jules a lancé sur un ton qui se voulait sans doute sensuel mais qui concrètement, sonnait plutôt pervers en goguette : eh, et si tu me prenais en photo ?
        Quoi ? Qu’est-ce ? Manal en est restée baba, son huile miracle dans la main. Jules, qui grogne chaque fois qu’elle tourne son appareil vers lui ? Elle lui a jeté un coup d’œil suspicieux, et a compris le pourquoi du comment du ton de pervers en goguette : les délicieuses odeurs de vin ne venaient pas que de la cuisine, Jules avait tapé dans la recette. Vu son regard égrillard, elle s’est même demandée s’il restait du vin dans la cocotte.
        Mais bon, Manal sait saisir sa chance quand elle se présente et depuis le temps qu’elle voulait mitrailler son Jules, hein… ni une ni deux, elle a posé son huile miracle sur le lavabo et s’est précipitée attraper son appareil photo. Ensuite, tout est allé très, très vite. Parce que prendre des photos avec des crampes, c’est coton. Que prendre des photos avec des crampes et les mains pleines d’huile miracle, encore plus. Et que photographier un Jules pompette avec des crampes et les mains pleines d’huile, c’est carrément suicidaire, ce que Manal n’a pas eu le temps de se dire.
        Jules a tenté une pose à la Rodin sur le bord de la baignoire. Forcément, avec le coq au vin sans le coq dans le corps, il a raté, lancé un bras, lancé une jambe et réussi à se taper Clarins en se redressant. Sachez-le, le son du Clarins qui éclate est déjà vilain, mais le son du Jules qui dérape dans l’huile miracle, c’est pire. En revanche, le son de la photo qui se déclenche tandis que les doigts de Manal glissent sur les boutons, c’est inattendu. Quant au résultat du shooting imprévu, c’est bien simple : c’est dans Vogue. Et ouais. Direct d’Instagram à Vogue, tout ça grâce au coq au vin et à l’huile Clarins que Jules, après quelques points de suture et des bleus digne d’une carte du monde, a fini par remercier une fois installé dans sa villa au bord de l’eau.
Si tu aimes Top Chef et que life is a bitch, 
c’est ici
        Tout a commencé quand elle est sortie du bain. C’est que Jules avait préparé à dîner, qu’il avait prévu non pas une, mais deux bouteilles, et… bon, pour faire court, Manal voyait des libellules. Dans sa cuisine, oui. A onze heures du soir. Quant à Jules, il lui disait qu’elle scintillait, c’est dire. Alors forcément, ça a un poil dérapé, et voilà pourquoi ils ont fini sur le carrelage avec le coq au vin. Torride, le coq au vin, pour ceux qui l’ignorent.
        Le délire éthylique a ça de bon qu’il gomme les inhibitions, et Manal comme Jules se croyaient tous les deux en plein remake de Neuf semaines ½. La glace était au frais, le caramel au chaud, le dessert n’attendait qu’eux. Manal a fait valser le peignoir en mode Kim Basinger. Avec une pointe de Gaston Lagaffe quand ledit peignoir a atterri sur les reste de coq au vin, mais passons les détails techniques. A nous deux, Jules.
        Oui, mais ça, c’est dans les films. Parce que dans la réalité, Manal s’est vite gelé les miches, et que Jules, là, était à deux doigts de se mettre à ronfler sur le carrelage. Trop de liquide. Vite, Manal, trouve quelque chose, une idée torride, une recette glamour, quelque chose ! Elle a scanné la cuisine d’un œil d’aigle, et l’inspiration est revenue : la glace. Le bon vieux coup de la glace. Deux secondes (en tous cas dans sa tête, en réalité plutôt trois minutes) plus tard, Jules se réveillait dans un sursaut, les tétons couronnés de sorbet vanille. Manal se sentait comme Angelina Jolie sur le point de se choper Brad Pitt, elle n’allait pas s’arrêter en si bon chemin.
        Froid, chaud, voilà c’est ça, le coup du chaud froid. Mais elles sont où les bougies, dans cet appart ? Elle renversé deux tiroirs sous le regard vitreux de Jules, cherché dans le four, allez savoir pourquoi, mais pas trace de la queue d'une mèche. Pas de bougies, pas de cire, qu’à cela ne tienne, Manal est créative. Elle a tendu la main pour attraper le caramel. Pour ceux qui l’ignorent, le sucre devient caramel à 150°C. On vous laisse imaginer à quel point Jules a apprécié. Et à quel point Manal a apprécié, quand il a plongé en représailles son appareil photo dans le coq au vin.

Edit: à celles qui me demandent d'où me viennent mes idées biscornues: l'article de Manal découvrant l'huile Clarins m'a fait gambader les neurones, et j'ai eu la brillante idée, avant ça, de goûter du caramel bouillant avec le doigt. No comment.
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Flashpic - Victorine

13/6/2014

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        Les vacances c’est bien, la lecture c’est mieux. Alors lire en vacances, Victorine vous laisse imaginer ce que ça représente pour elle. Orgasme tantrique, Nutella en barres, Mojito sans gueule de bois. Mais elle vous voit venir, là. Vous imaginez la nerd à lunettes enduite d’écran total sous un bob. Elle ne vous mentira pas, ça lui est arrivé. Mais Victorine a grandi et découvert 1) le pouvoir de la crème solaire, 2) le pouvoir des lentilles, 3) que lire comment John a chopé Rita dans l’écurie les pieds dans l’eau, c’est encore plus jouissif.
        Depuis quelques années, donc, Victorine peaufine son art. En piscine, c’est bikini fluo, chapeau de paille et rouge à lèvres corail, parce que les reflets du chlore ont tendance à la faire virer Walking dead. La pose : assise de biais sur les marches, jambes étendues dans l’eau, un bras sur le rebord et le livre dans une main. A ne pas tenter sans expérience, ça lui a pris un sacré bout de temps, à Victorine, pour maîtriser la chose sans dévaler le carrelage sur le tendre de la fesse.
        En mer, c’est ode à la nature : glamour rétro, bustier volanté, rouge framboise et bonnet de bain à froufrous, rapport au fait qu’avec l’eau de mer, le brushing de Victorine a tendance à virer caniche sous électrodes. La pose : mine concentrée, épaule arrogante, dos cambré et livre à deux mains. A deux mains, important. Une vague est si vite arrivée.
        Et la voilà donc en plein break post filez-moi-des-vacances-ou-je-fais-péter-les-bureaux, plongée dans les tribulations d’un flic au Groënland, au beau milieu d’un kidnapping canin, se demandant ce que c’est que ce bouquin pourri, guettant d’un œil aguerri le sosie d’Hemingway (jeune) qui se bronze le téton sur le ponton voisin.
STOP !! Lecteur/trice, le moment est venu de choisir ta suite. Parce que ça m’éclate, le flashpic sur mesure.
Si tu aimes Bridget Jones 
et que happily ever after, ta suite est là
        Elle était là, elle était bien, et puis le flic s’est fait enlever par des moines. Victorine a trouvé ça bizarre, mais autant vous le dire, ça l’a quand même intriguée. Soit elle avait affaire à une œuvre de la littérature bien déguisée, soit l’auteur avait fumé sa mère avant d’écrire, voilà le genre de mystères que Victorine ne dédaigne jamais. Elle s’est donc concentrée, et a cessé de surveiller Hemingway.
        Qui sans doute vexé de voir ignoré, a mis au point une tactique d’approche éprouvée : la collision inattendue. Tandis que Victorine savourait d’un œil perplexe la colonie de moines au Groënland, Hemingway a enfilé masque et tuba, chaussé les palmes et plongé dans l’eau d’un mouvement félin. Dans sa tête, tout du moins. Et le voilà en pleine approche. Le tuba en avant, sa proie était là. Quand arriva la vague scélérate.
        Propulsé en avant, Hemingway ne maîtrisait plus grand-chose, et certainement pas la direction de son tuba. Qui a foncé droit sur le glamour rétro. Le tuba ne s’est pas contenté de piquer, il est remonté sous l’élastique de la hanche, embarquant Victorine et les moines du Groënland sous la vague. A noter: d'une, Victorine était ornée d'un maillot de bain sans bretelles, de deux, elle n'a jamais su retenir sa respiration sous l'eau sans se boucher le nez.
        Et voyez-vous, ça brise la glace, un truc pareil. Quand on se retrouve le maillot embroché sur un tuba, luttant pour préserver sa dignité en sachant que franchement, c’est foutu, rapport au nez morveux et au téton fugueur, on est content de constater que l’agresseur est encore plus ridicule. Quand il propose piteusement une glace réparatrice, on commence par lui coller une mandale à lui décrocher les palmes, et quand il propose de prêter son exemplaire du livre parce qu’il a le même, on révise son opinion. On se demande s’il n’y aurait pas une écurie, dans le coin.
Si tu aimes Les oiseaux 
et que life is a bitch, lis plutôt ça
        Elle était là, elle était bien, et puis le flic a retrouvé les chiens disparus dans un igloo abandonné. Victorine s’est dit qu’elle venait de perdre 300 pages de sa vie, et elle a balancé le bouquin dans les airs parce que ça ne se fait pas, de flouer ses lecteurs.
        Malheureusement pour elle, le livre était lourd. Il a rencontré la route de Monique, une innocente mouette sur le chemin du retour. Monique a chu comme une buse, droit dans l’eau. Victorine s’est précipitée. C’est qu’un bouquin pourri d’accord, mais elle ne voulait tuer personne d’autre que l’auteur, encore moins Monique. 
        Monique n’était qu’assommée, coup de bol, mais Monique n’a pas compris, pas de bol. Lorsqu’elle a ouvert les yeux sur ce drôle d’humain à tête d’œuf volanté, elle a pris peur, collé un vigoureux coup de bec à la main qui l’accueillait et repris son envol avec le peu de dignité qui lui restait.
        Là, Victorine a contemplé la petite entaille dans sa main. Ça valait bien la peine d’aimer les bêtes, tiens. Autant se concentrer sur Hemingway qui lui au moins, ne devrait pas lui coller de coup de bec. Elle s’est donc détournée pour admirer le spécimen, qui, ma foi, semblait plus que coopératif. Debout sur le ponton, les yeux rivés sur elle, il lui adressait de grands signes.
        Dans la poche, Victorine. Il essaye de communiquer, ce soir tu rejoues Le vieil homme et la mer version censurée dans la baignoire. Avec délicatesse, histoire d’éviter le coup du caniche sous électrodes, elle a dégagé ses oreilles du bonnet de bain qui bien que sexy, avait l’inconvénient de lui offrir une audition de centenaire. Et là, elle a entendu. Et puis elle a vu, surtout. Elle a vu Monique et ses copines piquant droit sur elle pour lui apprendre à balancer 300 pages sur une mouette innocente. Par souci de la censure, on vous laisse imaginer la suite. Mais disons qu'il a morflé, le glamour de Victorine.
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Flashpic - Mary

6/6/2014

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        Des mois qu’elle les attend, ses vacances, Mary se l’est promis juré craché d’ailleurs elle a même craché dans son ficus pour augmenter ses chances : ses vacances, ce serait du piment de Cayenne. Ouais. De la folie furieuse, de la bombasse en goguette, du qui déchire le survêt’, de la rumba pour Choupinet (alias Mr Mary). Le carré au vent et les gambettes à l’air, au revoir le nord, bonjour le sud, sus aux bikinis.
Des semaines qu’elle se faisait livrer des box adaptées, elle était parée, Mary. 
        Oui, parce que Mary est accro aux box, vous savez, ces petits cartons mensuels remplis de surprises que l’expéditeur n’a pas payé mais qu’il vous fait payer. Mais comment ne pas l’être, vous demanderait-elle. C’est Noël tous les mois (par prélèvement, la douleur est moindre, à peine si elle remarque qu’elle finit ses mois aux spaghettis) et elle a toujours ce qu’il faut quand il faut. Des pâtes à réchauffer ? Mary vient de recevoir une magnifique bougie au magnolia. Des gonds qui couinent ? Et la box Italie jolie, alors ? Une lichette d’huile d’olive et le tour est joué.
        Alors voilà, la box Peau d’été, la box UV Care, la Bikini Wax, la Summer Nails et la Vacances Sportives, la Mosquito Go et la 50 Shades of Grey (celle-là, c’était pour combler Choupinet), cette fois, Mary était parée. Vacances de surfeuse, here I go, Mary rentrerait bronzée, les pointes décolorées et le nez moucheté, la cuisse ferme et l’ongle fluo, en résumé, elle serait la surfeuse torride, c’est possible, elle l’a lu dans sa box Surf in the Vosges. Choupinet allait adorer.
STOP !! Lecteur/trice, le moment est venu de choisir ta suite. Parce que ça t’a plu, le flashpic sur mesure.
Si tu aimes Alerte à Malibu 
et que happily ever after, ta suite est là
        Et ils y étaient, au paradis. Mer d’huile et sable blanc, piscine douce et ciel limpide, on disait même qu’Anna Wintour était dans le coin. L’ensemble sport en éponge turquoise de Mary soulignait parfaitement son nouveau bronzage, sa musique préférée lui saturait les tympans et grâce à sa box Vacances sportives, elle en remontrerait bientôt à Nadia Comaneci.
        Elle en était à son 18ème équilibre quand elle l’a vu. A travers les lattes du pont, là, coincé dans les algues. Un toutou tout chou, se débattant dans la verdure, regard humide et couinements plaintifs qu’avec ses écouteurs, Mary n’entendait pas. En cas d’urgence, on se découvre des ressources insoupçonnées : ni une ni deux, Mary a achevé son équilibre en salto et plongé, au diable son ensemble en éponge turquoise. Choupinet croupissait dans son bain, la bête piégée dépendait d’elle, Mary n’a pas tortillé.
        Elle a tiré, taillé, déchiré, ignoré la morsure visqueuse des algues sur son bronzage, chopé toutou par le collier et fait abstraction du coup de griffe reconnaissant dont il a gratifié son cuir chevelu. Heureusement qu’elle avait pratiqué sa brasse avec Vacances sportives, parce que toutou lâchait prise, tétanisé.
        Le destin fut clément, il ne s’agissait pas d’un Saint Bernard. Mary a remonté le poilu à bout de bras. Souviens-toi Mary, tu as reçu une box Sauvons des vies, tu sais faire ! Nerfs d’acier, motivation au taquet, elle n’a pas hésité. Massage cardiaque, un, deux, trois, quatre, cinq, souffle. Ignore l’haleine, y a pas de témoins. Deux minutes plus tard, toutou crachotait. Et Anna Wintour déboulait en courant sur ses Louboutin, la frange de travers. Depuis, Mary réfléchit dans sa suite 5 étoiles à la box Malibu dogs qu’elle va lancer avec Anna, une fois qu’elle l’aura convaincue d’ouvrir une succursale de Vogue en Alsace. 
Si tu aimes Gaston lagaffe 
et que life is a bitch, lis plutôt ça
        Et ils y étaient, au paradis. Mer d’huile et sable blanc, piscine douce et ciel limpide, jusqu’à ce matin maudit où elle a voulu tester sa box Vacances Sportives. C’est qu’elle s’était dit qu’en associant la box Vacances Sportives avec la 50 Shades of Grey, Choupinet remercierait le ciel. Elle s’est donc lancée, sans peur et sans reproche, sur le ponton en bois, quand Choupinet s’est pointé. Comme une fleur. Juste en face.
        L’enchaînement, ceci dit, fut grandiose. Pied dans la face avec insertion d’orteil dans la narine. Equilibre bancal, léger recul, Choupinet a basculé pendant que Mary effectuait son salto bien involontairement. A peine s’accrochait-il au ponton pour remonter qu’elle lui tendait la main dans la seconde narine. Choupinet est reparti en arrière.
        Les choses auraient pu en rester là que déjà, la fin du séjour eut été beaucoup moins torride, rapport aux vertèbres réalignées par le choc chez Mary et au nez en patate chez Choupinet, mais quand les ennuis commencent, ils ne s’arrêtent pas si près, et il a fallu que Choupinet atterrisse sur une méduse qui l’a très mal pris. La méduse, profondément vexée, a infligé à l’intrus une bonne décharge, histoire de lui apprendre à vivre. Pas t’inquiète, a crié Mary en boitillant jusqu’à leur appartement.
        Et tandis qu’un Choupinet dégoulinant regagnait le ponton dans une symphonie de vilains mots, elle a sorti sa box Peau d’été à la hâte, box pourvue d’une crème apaisante. Bien pensé, hein. Sauf qu’elle était un peu sonnée, Mary. Et qu’appliquer de l’autobronzant sur une piqûre de méduse, ça fait de drôles de réactions chimiques, apparemment. Depuis, Mary essaye de convaincre Choupinet qu’on ne découvre jamais aussi bien une région que depuis son hôpital. Et que non, les Box Addicts Anonymes, ça n’existe pas.
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