Cher Lecteur/trice, forcément, vu mon peu d'assiduité ces derniers mois, tu t'attendais à me revoir avec les cloches de Pâques. Sache que je ne t'en veux pas. Mais sache, aussi, que quand on me dit quelque chose, j'ai tendance à faire l'inverse. Des vestiges de l'ado casse-noisettes que j'étais sommeillent quelque part sous mes premières ridules, et ce n'est pas faute d'avoir tenté de les débusquer, mais rien à faire. L’ado s’incruste.
Résultat ? Je me retrouve régulièrement à refuser un truc dont j'ai envie, à dire oui à quelque chose que je ne veux surtout pas faire ou à jouer l'avocat du diable, juste parce que mon cerveau d'adulte est beaucoup plus lent que mes miettes d'ado. Et me revoici donc deux semaines après mon dernier post juste pour te contredire, c’est dire si ma part adolescente a la patate. Bref, de quoi qu’on cause, au final ? De méditation, Lecteur/trice, puisque oui, j’ai lamentablement cédé, il y a déjà un bon bout de temps, aux sirènes des chantres du bien-être. Qui, pour tout te dire, avaient raison. Même si tu en restes au niveau Bisounours de la technique, comme moi, ton cerveau te dit merci, ce qui forcément réveille à nouveau mon instinct de contradiction. Et si, plutôt que de dire merci, je déployais mes incroyables talents de langue de p*** pour pointer du doigt deux ou trois trucs qu’on ne te dit pas, la première fois que tu te lances sur la voie de la sagesse éternelle ? (Ou, dans mon cas, dans une tentative désespérée de sauvegarde des quelques neurones survivants).
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Cher Lecteur/trice, il faut qu’on parle. Parce que tradition judéo-chrétienne, héritage qui pèse du lourd, pêcheur un jour, pêcheur toujours, d’accord. Mais s’excuser est souvent plus qu’une habitude, c’est un sport national pour la plupart d’entre nous. Que celui ou celle (encore que… la tendance ne serait-elle pas diablement plus féminine que masculine ?) qui n’a jamais lâché un piètre « désolé » en se faisant rouler dessus par un caddie me jette la première baffe. Sauf qu’en tant que sorry-addict réformée, je me vois dans l’obligation, aujourd’hui, de pousser un mini coup de bouche (oui, on est très polis sur ce blog, histoire d’éviter un-euro-dans-la-tirelire-à-gros-mots). Laisse-moi t’expliquer in situ. Ps : je t’ai ressorti le moodboard grisouille que je n’ai pas osé te proposer la semaine dernière, rapport au retour de la météo couleur dépression. Ne m’en veux pas. CAS N°1 Tu es malade/tu te casses un poignet/tu te colles un tour de rein digne d’une nuit avec Rocco Siffredi. Le médecin t’arrête une semaine et t’envoies faire des tests. Option a) Tu t’excuses auprès de ton boss, tu t’excuses auprès de tes collègues, tu t’excuses auprès du médecin et du laborantin, tu t’excuses auprès des gens qui viennent te voir, parce que bon sang de bois, tu aurais quand même pu prévoir ton coup et tomber malade pendant les vacances, le premier venu sait que planifier un virus ou négocier la peau de banane, c’est fastoche. Si la boîte coule et que le trou de la Sécurité Sociale atteint le noyau terrestre, ce sera forcément ta faute. Option b) Tu te dis que c’est pas de bol. Mais que ça arrive à tout le monde et que d’ailleurs, ça va te permettre de finir ton puzzle de 3000 pièces/trier tes feuilles d’impôt/repriser les chaussettes du petit dernier. Ô joie, mais sans fouet. CAS N°2 Tu avances d’un bon pas sur le pavé, le cerveau encombré de listes de choses à faire, de délais impossibles à tenir et de buts impossibles à atteindre. Un inconnu en Birkenstock te colle un coup d’épaule au passage piéton et t’écrase l’intégralité des orteils gauches. Option a) Tu lèves les deux mains en mode « mes plus plates excuses, j’aurais dû entendre arriver vos délicates sandales et me garer les orteils, voire me faire renverser par une voiture et traverser en-dehors des clous, plutôt que de perturber votre royal trajet », en murmurant « pardon désolé(e) pardon », pour le triple effet flagellation. Option b) Tu plantes le regard dans celui du malotru que tu croises, tu lances ton sac en arrière pour lui éclater une côte l’air de rien, et là, seulement, tu dis « oh, pardon ». Et bonté chagrine, que ça fait du bien par où ça passe. CAS N°3 Tu as fait une boulette, parce que soyons lucide, tu es humain(e), et que l’être humain grandit une boulette après l’autre. Option a) Tu décides que tu n’es vraiment qu’un(e) misérable vermisseau qui ne mérite pas la bienveillance de la victime de ta boulette. Victime qui elle, jamais, au grand jamais, n’aurait agi de la même façon, rapport au fait que tu es un être humain méprisable. Tu acceptes l’idée de te réincarner en cafard et tu t’excuses en te prosternant dix-huit fois avant même de dire bonjour, puis tu te rattrapes en offrant l’apéro à vie à ta victime. Avec séance d’excuses comprise à chaque toast. Option b) Tu dis pardon. Une fois. Tu t’expliques, tu payes ta tournée et tu passes à autre chose, vu que si ta victime est incapable d’accepter des excuses sincères, elle se réincarnera en cafard, pas toi. CAS N°4 Tu es en pleine réunion professionnelle, de celles qui si tu écoutes les boss, sont essentielles à la marche du monde et à l’arrivée de ta fiche de paye. Le pollen te rattrape en plein discours du patron, et tu éternues façon corne de brume dans la nuit. Option a) Enfer et damnation, tu es maudit(e), tout le monde va ricaner dans ton dos pendant des mois, le patron va te prendre en grippe, ta carrière est finie. Tu es vraiment la plus quiche des tartes, à ne pas savoir contrôler tes sinus. La prochaine fois, tu t’étoufferas dans ta morve plutôt que d’oser une manifestation corporelle aussi choquante. En attendant, tu piques un fard monumental en rêvant de te liquéfier sur le lino, et tu adresses un regard navré à la salle avant de te confondre en excuses honteuses à la sortie de la réunion. Option b) Fuck off. Tu as le nez qui gratte et pas de mouchoir sous la main, tu ne vas pas en plus t’excuser de respirer. Si tu es dans un mauvais jour, tu t’essuies sur le blazer du voisin. Je sais, Lecteur/trice. Ça parait bête. Mais pour avoir perdu à peu près deux années de vie en excuses inutiles et pour entendre encore aujourd’hui les gens autour de moi s’excuser de vivre, j’avais envie de te dire que tout est bien plus simple avec deux règles de base : ne jamais s’excuser pour quelque chose que tu ne peux pas contrôler, et toujours s’excuser en cas de boulette, mais jamais plus d’une fois. D’une, c’est bien meilleur pour l’estime de soi que le fouet quotidien. De deux, une excuse sincère a toujours plus de poids que dix lamentations avec trémolo. De trois, le temps que tu ne perds pas en excuses, c’est du temps en plus à l’apéro. Cher Lecteur/trice, poursuivons donc aujourd’hui la lignée d’interrogations métaphysiques enclenchée par mon âge canonique. Souviens-toi, je t’expliquais la semaine dernière à quel point le monde s’attend à te voir faire le point en hurlant à la lune, une fois atteint un certain nombre d’années. Alors voilà, offrons donc au monde ce qu’il attend et penchons-nous, aujourd’hui, sur une question qui n’a pas d’âge (jeu de mots hautement douteux, je sais) : c’est quoi, pour toi, l’âge adulte ? Parce que personnellement, j’ai toujours un calendrier de l’avant à Noël et des Kinder géants à Pâques, j’adorerais me nourrir uniquement de Nutella et d’Oasis avec option coquillettes au jambon les grands jours, j’aime les lampes champignon et les coussins lapinou, ce qui ne m’empêche pas d’avoir un avis sur le monde, les clés d’un appartement et des rapports avec l’administration beaucoup trop fréquents à mon goût. Pire, de me bloquer le dos comme une nonagénaire et de parler, parfois, comme Yoda. Je lance donc aujourd’hui un chantier de grande envergure : je te demande, à toi, ce qu’est vraiment être adulte. Propositions à l’appui, liberté d’expression encouragée dans les commentaires puisque vraiment, ça m'intrigue: explique-moi si pour toi, le terme « adulte » veut encore dire quelque chose, ou si nos générations ont simplement décidé que le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière, c’était bien aussi. Après tout, pourquoi choisir entre les merveilles de l’enfance et la sagesse de l’adulte ? Multitâches, et ouais. Allez, vote et raconte-moi. Non, Lecteur/trice qui viens par ici en espérant récupérer la recette du potage de grand-mère, je ne vais causer ni soupe ni velouté. En cette semaine d’Halloween (tu notes ? Je t’ai fait un moodboard spécial Halloween, garanti sans caries ni crise cardiaque), nous allons causer de pourquoi c’est chouette, d’être pote avec soi-même. L’autopotage, vois-tu, est une thérapie grandement sous-évaluée, qui ne paye pas de mine mais vaut de l’or, qui semble évidente mais passe souvent à la trappe, en particulier chez nous, les femmes, pour peu qu’on nous mette un miroir devant le nez. Explications. La situation Il est 19 h, tu dois partir dans très exactement huit minutes et dix-sept secondes si tu veux avoir une chance d’arriver à l’heure à ta soirée. Ça tombe bien, tu as prévu ta tenue pour éviter de perdre du temps, tu assures comme une bête, tout va bien, tout est sous contrôle. Jusqu’à ce que tu te découvres dans le miroir. Tu te trouves, en l’occurrence, sexy comme Casimir et une vague envie de mourir t’envahit à l’idée de te laisser contempler par tes semblables dans cet état. En mode autopotage, ou ce que tu dirais à un pote Sans vouloir te donner l’impression que tu as sniffé ta mère, tu délires. Tu ressembles à ce à quoi tu ressemblais hier, soit peut-être pas du modèle de compèt’, mais pas grand-chose à voir avec Casimir, non plus. D’ailleurs je te rappelle que Casimir a une personnalité attachante, un humour ravageur et qu’il est moelleux comme pas deux. C’est bien, moelleux. Maintenant viens, on va picoler. Résultat Après trois apéros, tu trouves que le monde est beau et toi aussi. D’ailleurs en rentrant, ton reflet est beaucoup plus flou mais sacrément plus sexy. Sans mode autopotage, ou ce que tu te dis vraiment Wouah. C’est du thon d’élevage transgénique, un reflet pareil, on tient du winner de dîner de con, dis-donc. Tu as traversé une zone radioactive dans la journée ou tu as toujours eu cette tronche ? Résultat Tu enfiles ton pyjama en pilou-pilou et tu te venges sur le pot de glace devant la télé, en te lamentant sur ton absence de vie sociale et ton jumeau Casimir. NB: ce *@##*** de truc est censé te donner les résultats du sondage, quand même. Mais puisqu'il échoue si lamentablement à remplir son rôle, je te tiendrai moi-même au courant, et na. Pour l'instant, tu es donc à l'unanimité amateur/trice de flou. Comme c'est étrange. Update: l'unanimité est brisée par un/une amateur/trice de glace, prêt(e) à tout pour une cuillère crémeuse. Toujours pas de thon d'élevage auto-assumé, en revanche. La situation Il existe, dans ton cercle proche, un être humain que tu verrais bien jouer le rôle de ta moitié très rapprochée (peu importe le sexe, mais j’insiste sur « être humain »). Ça tombe bien, l’être en question est présentement en train de s’approcher de toi, mieux, il/elle te sourit, tu te dis que ce soir, ça y est, ta chance a tourné, tu vas ranger la bouillotte et faire péter le massage au chocolat. Sauf qu’au premier trait d’humour qu’il/elle te lance, tu exploses de rire avec une élégance de jument frustrée et réussis l’exploit de lui expédier un postillon sur la pupille. En mode autopotage, ou ce que tu dirais à un pote Oh, ça va, on est tous passés par là un jour ou l’autre, et ta potentielle moitié aussi, je te signale. Non, pas forcément le postillon dans l’œil, plutôt l’envie irrépressible de sauter du trottoir. C’est humain, c’est comme ça, ris, fais avec et vas de l’avant. D’ailleurs je te signale que si il/elle a peur d’un postillon ou d’un rire de jument, ce n’est pas la moitié qu’il te faut, à moins d’une saillie express. Résultat S’il/elle est à la hauteur, il/elle rit. Tu ranges la bouillotte et tu fais fondre le chocolat. Sans mode autopotage, ou ce que tu te dis vraiment Voilà. Donc là c’est officiel, pauvre tâche, tu touches le fond. Tu finiras ta vie seul(e) avec douze chats dans un studio cradingue. Tu ne serviras à rien mais au moins, tu pourras cracher où tu veux. Résultat Tu rougis, tu bafouilles, tu marmonnes que tu dois y aller et t’enfermes dans les toilettes pour ruminer sur ton incompétence, avant d’aller t’acheter « comment draguer pour les nuls », ce qui te donne envie d’adopter un chat. Cette fois, le Nutella remporte tous les suffrages... ou presque, puisqu'un/une participant(e) propose à sa future moitié potentielle de lui cracher dessus pour compenser. Crachophile, dénonce-toi. La situation Tu planches sur ton dossier depuis des semaines, et tu as plus ou moins l’impression de t’être arraché les tripes aux ciseaux à ongles pour en faire la trame de ton œuvre. Tu le présentes avec passion, tu réussis même à le faire sans bégayer ni te cacher sous la table. Tu te rassois avec la sensation d’avoir franchi une haie de 3 mètres de haut sans perche, les pieds joints et les yeux bandés, quand ton boss/client te dit oui, mais non, c’est ça mais pas vraiment, ce qu’on va faire c’est qu’on va tout reprendre depuis le début parce qu’en fait c’est surtout non. En mode autopotage, ou ce que tu dirais à un pote Respire. Lui traumatiser la boîte crânienne à coups de chaise te ferait certes beaucoup de bien, mais ton chèque risquerait d’être nettement plus petit. Et puis tu sais ce qu’on dit, il n’y a pas d’échec, seulement des expériences, essaye de comprendre ce que ce nabot essaye de dire, ça gagnera du temps pour la prochaine fois et tu pourrais même apprendre quelque chose. Des tripes, ça repousse. Si si. Résultat Tu évites un procès pour meurtre à la chaise, tu touches ton chèque et tu gagnes 3000 points de zénitude. La fois suivante, tu commences par un morceau de tripe avant de tout balancer, histoire de. Sans mode autopotage, ou ce que tu te dis vraiment Dix ans d’études pour ça. Incapable, va, tu aurais mieux fait d’apprendre à pelleter de la bouse, peut-être que tu aurais réussi. Voilà ce que ça donne, de se prendre pour un génie quand on a le QI d’une crème hydratante. Résultat Tu bégayes, tu te caches sous la table, tu rédiges ta lettre de démission et tu lances des recherches internet sur la sentence en cas de meurtre à la chaise. Voire le curcus du pelletage de bouse. Belle unanimité pour le crachat dans le café, et belle réaction zen de ta part. Même si oui, je sais, on crache beaucoup, dans ce post. Update: notre amateur/trice de glace est de retour. Je tiens tout de même à souligner que personne, absolument personne, n'affiche de doutes sur la repousse des tripes. Je t’épargne la morale, Lecteur/trice. Tu sais, je sais, on sait. Encore que personnellement, ça m'a pris trente ans pour comprendre, rapport au QI de crème hydratante. Mais tu noteras, quand même, qu’il est beaucoup plus rapide de se dénigrer que de s’encourager. Et tu noteras aussi que si tu disais vraiment ce que tu te dis, à toi, à un pote, un vrai, tu te prendrais un fer à repasser dans la face. Avec élan.
Cher Lecteur/trice, voilà un post auquel je pense depuis un bon bout de temps. C’est qu’il est assez personnel, tu comprends, et que je ne fais pas vraiment dans le personnel par ici, à part pour te narrer par le menu ma dernière chute (ne te refais jamais le chignon en passant l’embrasure d’une porte, au passage, le chambranle est bien plus dur que le petit os de ton coude et ne pas pouvoir s’accouder pendant une semaine, ça craint du boudin). Oui, mais voilà. C’est un sujet qui me tient à cœur, alors… alors j’y vais, je me lance, je t’explique. Je suis ce qu’on appelle une introvertie. Et crois-moi, je n’ai pas croisé ce terme si souvent, jusqu’à récemment. On m’a considérée timide une bonne partie de ma vie, sauf que je ne suis pas vraiment timide. Il te reste quoi, dans ces cas-là ? « Bah, cherche pas, je suis bizarre/je sais pas l’expliquer/chuis timide mais pas vraiment/laisse tomber tu comprends rien face de gnou ». Et puis, un jour, le terme a commencé à fleurir, et je suis tombée sur CET article en anglais, qui m’a donné la possibilité de passer à « chuis introvertie/non c’est pas pareil que sociopathe/non c’est pas contagieux face de gnou ». Je n’irais pas jusqu’à dire que ça a révolutionné ma vie sociale, mais ça fait du bien, de se comprendre. Même quand tu as fini par te dire que bizarre, c’est bien aussi, et que si tu ne réagis jamais comme tout le monde, ça n’a rien de grave. Mettre des mots dessus, c’est chouette. Depuis ce jour, donc, j’ai très envie de te transcrire ce post version Mamzette, des fois que tu aies un(e) ami(e) introvertie qui te traite de face de gnou. Des fois que tu ne comprennes pas toujours comment il ou elle fonctionne. Sans doute que tu t’en tapes. Tant pis, pour cette fois, je vais te faire un post 100% égoïste. Un introverti n’est pas timide, ne déteste pas le monde entier, et ne tue personne à la nuit tombée. Être introverti, c’est avoir besoin de solitude pour se recharger, penser, créer. C’est tout donner ou ne rien donner, ne pas savoir parler de la pluie et du beau temps, avoir du mal à s’ouvrir et détester le téléphone. C’est ne pas être facile à comprendre, pas très simple à aimer non plus, mais valoir la peine de creuser, souvent. En gros. Bouge pas, je détaille. Si ça te gonfle, il est encore temps de prendre la fuite. Pas d’équivalent en français, malheureusement, pour l’un des pires cauchemars de la vie d’un introverti. L’introverti aime les conversations profondes et déteste, mais déteste genre file-moi-ton-bic-que-je-me-fasse-harakiri, les conversations légères qui ne mènent à rien, du style la météo, la couleur de ton pantalon ou le nom de ton chien. Pire, il ne sait pas faire. Et il passe souvent pour un être asocial parce qu’il préfère se taire que t’interroger sur le confort de ton trajet en métro, norme sociale ô combien utile dans des rapports humains civilisés, mais totalement hors de sa portée. L’introverti est amateur de grosses fêtes comme tu es amateur(trice) de flagellation sans Christian Grey. Et s’il fait l’effort de venir, ce sera comme toi après la flagellation : il aura besoin de décompresser un bon bout de temps en tête-à-tête avec les étoiles. Il est même possible qu’il s’éclipse en cours de soirée, histoire de reconstituer son espace vital. Et il est encore plus possible qu’il t’explique avoir un planning de fou furieux à base de tasse de thé et de gros bouquin, qui l’empêche de venir se trémousser avec trois-cent personnes et qui en général, le fait passer pour un bonnet de nuit rabat-joie. Si un introverti te demande comment tu vas, il te demande comment tu vas. Il ne veut pas savoir si tu as bien dormi ou si tu as digéré le burger de la veille. Il veut savoir comment tu te sens vis-à-vis de toi-même, où tu en es dans ta vie, si tu es satisfait de ce qui t’arrive, ce que tu fais pour changer ce qui ne va pas. L’introverti ne fait pas la conversation, il vit la conversation : souviens-toi, small talk= harakiri. L’introverti a un problème avec le téléphone : il voudrait bien voyager dans le temps pour expliquer à son inventeur tout le bien qu’il pense de son idée. Avec beaucoup d’élan et une catapulte médiévale. Un introverti te répondra rarement au téléphone, et ce n’est pas parce qu’il n’a pas envie de te parler : c’est qu’il a besoin de se préparer pour te donner toute son attention. Le meilleur ami de l’introverti est la boîte vocale : laisse-lui un message et dis-lui ce que tu veux, quand il te rappellera, il aura les pieds sur la table, un verre à la main et une heure devant lui pour ne penser qu’à toi. Attention, hein. On ne dit pas que l’introverti est plus à l’écoute que toi, simplement qu’il ne sait pas faire autrement. Comprends bien, Lecteur/trice extraverti(e), l’introverti aura beau t’adorer, si tu déboules à sa porte sans t’annoncer, il sera probablement aussi ravi que si tu avais fait popo sur son paillasson. L’introverti a besoin de prévoir, et d’être entièrement concentré sur toi. En débarquant à l’improviste, tu le prends de court, tu ruines son planning et tu l’empêches de profiter à fond de ta présence. Oui, c'est pénible, il en est désolé, mais c'est ce qu'il est. Joker en cas de crise absolue, l’introverti lâchera tout pour t’écouter. Sache toutefois que la dent de lait du petit dernier n’est pas considérée crise absolue. L’introverti est souvent considéré comme un calme, du genre salle de bingo en maison de retraite. Ça, c’est jusqu’à ce que tu le lances sur un sujet qui le passionne. Là, tu auras un aperçu de ce qui se passe vraiment dans sa tête et que peu de gens se donnent le mal d’aller voir, et ça se rapproche plus souvent d’un premier jour de soldes à -70% chez Vuitton que d’une salle de bingo. L’introverti pense. Beaucoup. Tu ne t’en rends pas vraiment compte, vu qu’environ 5% de ses pensées prennent la forme de mots, mais il pense. Il a besoin de penser à ce que tu lui dis, ce que tu lui demandes de faire, ce que tu lui expliques. Il a un monde intérieur aussi profond que ton découvert après le black Friday d’Amazon. Et en plus, il écrit souvent mieux qu’il ne parle, tu comprends pourquoi la conversation avec un extraverti qui le noie sous un flot de paroles peut être parfois un poil compliquée à gérer pour lui, jusqu’à lui donner le sentiment, souvent irraisonné, qu’on est en train de piétiner son espace vital à coups de gros godillots boueux. L’introverti repasse toutes ses conversations en boucle dans sa tête. Oui, toutes, imagine un peu le boxon là-haut. Du style « j’aurais dû répondre ça », « mais pourquoi j’ai dit ça », « je me suis mal exprimé » ou « elle m’a vraiment dit ça la grande Gudule ? ». Ensuite, l’introverti s’auto-gifle mentalement pendant trois jours, toujours sans Christian Grey. Alors si l’introverti dit un truc qui te hérisse, dis-le lui tout de suite, tu lui épargneras des heures de remise en question. Le problème de l’introverti, c’est qu’il lui manque un niveau intermédiaire. Quand il donne, il donne tout. Il a du mal à s’ouvrir, et la vérité, c’est que peu de gens ont envie d’investir du temps pour crocheter la serrure. Par contre, ça marche dans les deux sens : l’introverti a pleinement conscience du trésor que représente le noyau dur d’un être humain. Il aime creuser, comprendre, apprendre. Et si tu t’ouvres à lui après avoir enlevé tes godillots boueux, il prend ça comme le plus beau cadeau du monde.
Cher Lecteur/trice, chez moi, on a une devise : « plutôt le verre à moitié plein qu’à moitié vide, au propre comme au figuré ». Le premier miracle, c’est qu’aucun n’alcoolique ne figure dans les rangs. Le second, c’est que j’appartiens à une tribu qui pourrait en remontrer à une bande de licornes sous acide, côté pensée positive. Et la conclusion, c’est qu’on aura beau dire, l’apéro tient un rôle primordial dans la mise en œuvre de la pensée positive. Sur ce, je me suis dit que malgré tout, ça ne pouvait pas faire de mal d’imager un poil le concept. Et si tu te demandes, parfois, comment transformer une bonne poisse bien collante en bulle de bonheur aérienne, pas de panique, je t’explique. Même si je m’avance sans doute un peu sur la bulle de bonheur, mais bon, mieux vaut trop que pas assez. ![]() La situation* Tu étrennes gaiement tes nouvelles baskets de la mort qui tue. Tu le sais, tu emballes du pied. Jusqu’à ce que tu réalises dans un flash, après avoir traversé tout le bureau sous les regards envieux des collègues, que tu as piétiné un étron à pleines semelles et que finalement, le terme « envieux » n’est peut-être pas le plus judicieux, rapport au sillage nauséabond qui se dessine sur le lino. Le verre à moitié plein Tu t’es senti(e) glamour du pied pendant au moins 20 bonnes minutes. Et vu que tu te sentais glamour, tu as forcément dégagé des phéromones de folie qui couvriront l’odeur fécale, d’autant qu’avec les empreintes de semelle brunes qui sillonnent le lino, ton prince charmant/la sirène de tes rêves n’auront aucun mal à remonter la piste de tes phéromones. Pfiou. Tu l’as échappé belle, tu as failli rater l’amour de ta vie. ![]() La situation Tu as un rencard avec Ryan Reynolds/Angelina Jolie. Bon, pas les vrais, mais ce qui s’en approche le plus dans la partie de l’humanité qui prend le métro. Tu t’apprêtes à enfiler ton jean-grigri, celui qui te porte chance à tous les coups, quand tu te rends compte que les apéros estivaux ont laissé quelques traces, du genre qui quand tu te penches en avant pour essayer de le détendre, font craquer le jean tout le long du pli fessier. Le verre à moitié plein D’abord, si Ryan Reynolds/Angelina Jolie se font la malle pour un petit bourrelet aussi accueillant, c’est qu’ils ne valaient même pas le ticket de métro. Ensuite, si tu es une fille, tu as bien dû gagner une taille de bonnet au passage, si tu es un homme, sache que les femmes adorent la bouée ventrale. Enfin, le jean déchiré est super-ultra-méga fashion. Ouf, sauvé(e). ![]() La situation Tu envoies un texto à ta meilleur copine/ton meilleur copain pour lui annoncer ton rencard à venir avec Ryan Reynolds/Angelina Jolie, après des semaines de drague étudiée à jouer les mystérieux(ses) élégant(e)s. Un texto très sobre, du style « p*** de b*** de m*** ça y eeeeeeeest ce soir j’emballe chaud du cacao sur la banquette, faut juste que j’arrive à caser mon fessier de Kardashian dans mon jean troué et il/elle va sentir mon sex-appeal jusque sur les amygdales ». Tu te trompes de destinataire, et devine qui le reçoit, ton texto ? Le verre à moitié plein Que les choses soient claires, il est tout à fait légitime d’hurler à la lune pendu(e) au rideau quelques minutes, voire quelques heures. Ensuite, il est temps de te dire qu’après ça, tu n’as plus rien à perdre. Ni à cacher. Tu peux bien y aller le pli fessier en plein courant d’air, te viander sur le carrelage ou jurer comme un charretier, si tu as survécu au texto, tu peux survivre à tout. Chouette alors, en fait, tu viens de gagner 100 points d’expérience. ![]() La situation Tu as un rendez-vous inratable, du genre que tu n’as d’ailleurs même pas envisagé de rater, ce qui est un très bon moyen d’attirer la poisse. Ça ne loupe pas, tu trouves LE clou sur la route, et après avoir roulé sur la jante dix bonnes minutes en warnings, tu t’arrêtes sur le bas-côté sous une pluie battante pour changer un pneu, ce que tu n’as jamais fait de ta vie. Tu arrives avec une heure de retard, le costard en mode serpillère et le brushing en mode paille de fer. Le verre à moitié plein La bonne nouvelle, c’est que tout le monde y passe un jour où l’autre, même les cyclistes peuvent rouler sur un clou. Peut-être que ton rendez-vous comprendra. Ou peut-être pas, mais vu que tu ne peux rien y faire, autant te dire que chic alors, maintenant tu sais changer un pneu, appeler l’assistance et insulter l’opératrice, trouver le métro ou braquer un taxi, marcher à 18 km/h et décocher un sourire professionnel en mode serpillère et paille de fer. Tu as géré comme un(e) chef, finalement, tu es vraiment trop balèze. ![]() La situation Tu as une présentation à faire devant tes boss, du type aidez-moi-je-vais-mourir, ça fait deux semaines que tu enterres ta vie sociale pour faire grimper ta côte professionnelle. Au moment où tu affiches ton fichier sur l’écran de la salle de réunion, tu te rends compte que la petite dernière a utilisé ta clé USB et remplacé ton fichier Powerpoint (70 heures de travail caféiné) par son exposé sur la peste au moyen-âge (2 pages en typo Comic Sans bleue sur fond rose) Le verre à moitié plein Bon, personne ne te mentira, c’est la honte du siècle et trois cases en arrière sur l’échiquier** professionnel. Mais la petite dernière n’a même pas fait de fautes dans le titre, et son exposé est composé de deux parties bien claires. Elle a même intégré des images de malades purulents dans son Powerpoint, bon sang qu’elle est forte, ta gamine, et peu importe le teint verdâtre des boss quand s’affichent les images. La famille passe avant le travail, tu as pondu un génie, tu es fier(e), la prise de conscience valait bien l’humiliation, même si elle sera privée d’iPod pendant dix ans. *Sache, Lecteur/trice, que si tu as une situation poissarde à me proposer, je suis toute prête à t’en démontrer le bon côté, c’est dans mon ADN. Attention, toutefois, en tant que maladroite congénitale et optimiste invétérée, j’ai le second degré chevillé au corps. Âmes sans recul, s’abstenir. *Nom d’un Petit Robert. Je viens de découvrir qu’on écrivait « échiquier », et non « échéquier ». Mes repères orthographiques viennent de se prendre un bus à étage en pleine face. Tu le savais, toi ? Pitié, rassure-moi. Cher Lecteur/trice, après les yummies et les lumbersexuels, après le normcore et le frumpterable, tu te doutais bien que Roger, le roi du brainstorming, allait nous dégoter un nouveau concept. Ne lui en veux pas, c’est son travail : inventer des mots pour qualifier un truc banal et le propulser en tendance phare. Faut bien qu’il nourrisse ses poneys et qu’il fasse le plein de la Porsche, Roger. Alors cette fois, rapport à l’augmentation qu’il espérait décrocher (un poney coûte bien plus cher à entretenir qu’il ne l’avait imaginé, d’ailleurs s’il avait su il se serait contenté d’un caniche), Roger s’est dit que pour faire friser la cravate de son boss le dieu de la tendance, il avait intérêt à accoucher d’un truc à côté duquel le normcore ferait figure de puceau. Et je te libère tout de suite de cet insoutenable suspense, Lecteur/trice : Roger a trouvé, un soir de beuverie autour du Monopoly. Dis bonjour au borecore. Là, légitimement, tu me demanderas WTF ? D’où le titre de l’article, vu que je te connais un poil. Laisse-moi donc débroussailler la chose, à toi qui n’a pas lu le papier circonstancié paru dans le Elle. Elle, qui, rappelons-le, avait déjà publié un splendide éloge de la paresse dans lequel on te conseillait très gentiment de ne travailler que quatre heures par jour. La presse est ton amie. Bore ?
« Bore », en anglais, c’est s’ennuyer. « I’m booooooored » serait l’équivalent du célèbre « j’m’ennuuuuuuiiiiiieeeee ». A décliner avec du fuck à la pelle (I’m fucking booooooooooored », traduction, « diantre, mais quel ennui »). Jusque-là, tout va bien. Bore out… Tu connais le burn out ? Le bore out, c’est pareil, mais en pire : tu t’ennuies tellement que ça te fait disjoncter la synapse. Je te peins le tableau. Tu fais tes 35 heures, tu as 10 semaines de vacances par an et un job stable avec fiche de paye. Le hic, c’est que ton job consiste à photocopier du papier avant de l’agrafer en belles liasses bien alignées. Trente-cinq heures par semaine, 42 semaines par an. Et qu’un beau jour, le sens de vivre sérieusement chaviré par ta difficulté à te sentir utile avec ton agrafeuse, te prend la furieuse envie d’agrafer tes collègues sur le mur de l’open space pour mieux leur faire bouffer les trombones. Juste histoire de trouver du sens à ton job. Tu fais un bore out (l’agrafeuse est en option, tu peux faire un bore out même sans accessoire). Borecore ! Là, c’est beaucoup plus drôle, puisqu’on t’explique qu’en réaction à notre société hyperactive, l’ennui revient à la mode. Mais attention, hein. L’ennui genre bailler aux corneilles en comptant les lézardes au plafond. Tu sais bien, ce fameux laisser-aller du cerveau qui te rend méga créatif, te libère de tes entraves et stimule tes neurones. Oui, tu m’as bien comprise. Si tu n’es pas Einstein, c’est tout simplement parce que tu ne t’ennuies pas assez. Prends donc le temps d’observer les fourmis dans ton yucca, ton proprio acceptera le paiement en nature, les enfants réussiront bien à se faire cuire une côtelette sans toi et chouchou à trouver le rayon tampons au supermarché. Le borecore, c’est donc le culte de l’ennui, pour calmer un peu le quotidien et te désengorger le cerveau. Assumé, revendiqué, ok ok, c’est bien joli. C’est comme travailler 4 heures par jour, je suis 100% pour. Faudra juste, là encore, me spécifier les détails pratiques, quand on ne s’appelle pas Hilton et qu’on est sorti du lycée. Et par souci d’honnêteté, reconnaissons à Elle le bémol : on t’avoue quand même que si l’ennui est fashion, il est relativement difficile de le mettre en pratique après l’adolescence. Ça valait la peine de nous en parler, du coup, hein. Ps: J'ai peut-être bien un tout petit peu oublié de rendre hommage aux artistes honteusement pillés dans mes moodboards du mois d'avril. Et de mai. Je rattrape donc mon retard version double dose, enjoy. Cher Lecteur/trice, après une première partie sur la loi de Murphy, je ne pouvais pas te faire patienter plus longtemps. Ou me faire patienter plus longtemps, c’est selon. Il fallait, à tout prix, que je me penche sur la méthode Coué. Je ne te cache pas que j’ai été élevée avec la méthode Coué, le refrain favori, et dont je suis irrémédiablement imprégnée, étant « même pas mal ». Tu t’es coincé le doigt dans la porte ? Convainc-toi donc que tu n’as pas mal, au lieu de gémir. Le doigt dans le tire-bouchon ? Mais non, tu n’as pas mal, c’est dans la tête. Le secret, là-dedans, c’est que le temps d’essayer de t’auto-convaincre, tu penses moins à cette p*** de s*** de porte qui osé prendre ton index en sandwich.
Aujourd’hui, un mythe va tomber. Nous allons plonger dans les fondements du Coué, et je sens bien, Lecteur/trice, que la philosophie familiale va en prendre un coup, côté authenticité. Puisqu'avec un nom pareil, moi, j'ai longtemps pensé que ma mère l'avait inventée, le Coué. Et que "même pas mal" résumait la méthode, ce que je pressens un poil simpliste. Coué, c’est qui ? Émile Coué de La Châtaigneraie. Oui, j’ai wikipédié, ma mère ne l'a pas inventé. Et j’en déduis que tu ne peux pas inventer une loi ou une méthode sans un nom à coucher dans l’évier, parce qu’Émile Coué de La Châtaigneraie après Edward Aloysius Murphy Jr, j’ai envie de te dire que ça commence à faire beaucoup. Emile était donc un psychologue et pharmacien français de la fin des années 1800, précurseur de la psychologie comportementale et de la pensée positive. Si tu te souviens bien, Murphy était ingénieur en aérospatiale, mes facultés de déduction hors normes en concluent donc que tu ne peux pas inventer de loi ou de méthode sans nom à coucher dehors ET bac +20. La méthode Mamzette, c’est pas pour demain. La méthode Coué, c’est quoi ? Pensée positive, tu visualises ? « Je vais bien, tout va bien, je suis gai, tout me plait »… Et ce, que tu sois en train de chevaucher un carrousel de petits chevaux avec Ryan Reynolds, ou de creuser ton trou dans le noyau terrestre avec huit boulets à chaque pied. Emile, il a compris ça en vendant des remèdes qui ne marchaient pas à des gens qui se portaient mal, et en enrobant le tout de « mon coco avec ça ta migraine va se transformer en orgasme du siècle ». Bizarrement, les gens guérissaient mieux que quand il leur demandait la date de l’enterrement. Bon, je me moque, mais en gros, il a compris le pouvoir de l’effet placebo : si tu te convaincs que tu vas guérir, tu as plus de chances de guérir. Bien joué, monsieur Coué de La Châtaigneraie. Du coup, Emile s’est penché sur l’hypnose, l’autosuggestion et tout le tintouin, puisque je te le rappelle, Emile a bac +20. Résultat ? La méthode Coué : si tu te matraques quelque chose suffisamment longtemps, ça se transforme en automatisme inconscient. Et prends ça dans ta face, pensée négative de mes deux. Forcément, Emile a fait un gros carton, vu que le monde est globalement mal calé côté pensée positive, il est devenu people/VIP/mégastar, il a traité des patients du monde entier sept jours sur sept, et la morale de l’histoire, c’est qu’il est mort d’épuisement avant ses 70 ans. Mais vu qu’il était Coué, il avait dû se convaincre que c’était une bonne chose.* Comment appliquer la méthode Coué ?
La méthode Coué, ça marche ? Je ne te mentirai pas. Je ne suis pas très sûre que ma sœur, le doigt en lambeaux dans le tire-bouchon, ait trouvé la méthode efficace. Je lui poserai la question par acquis de conscience, mais pour couper la fraise Tagada en deux, disons que si la méthode Coué ne fait pas disparaître les calories du Big Mac, elle te permet de le savourer en paix, sans père Fouettard sur l’épaule. (Comment ça, c’est un diablotin ? Rose bonnet, bonnet rose…) Bref. La méthode Coué, c’est apprendre à s'auto-lâcher la grappe plutôt que de s'accabler de tous les défauts du monde, ou lâcher la grappe du monde plutôt que de l'accabler de tous les défauts. Et c’est surtout très très utile quand la loi de Murphy te colle aux semelles en mode camembert au micro-ondes. Sur ce s’achève la trilogie Fuck it bucket/loi de Murphy/méthode Coué, Lecteur/trice, et je te garantis qu’avec ça, tu es équipé(e) pour tout affronter, du Kilimandjaro au roquet du voisin. Je vais bien, tout va bien, je suis gai, tout me plait... *C’est pas du résumé qui en jette, ça, Lecteur/trice ? Je vais proposer mes talents à Wikipédia, je ne vois pas comment ils pourraient refuser. Cher Lecteur/trice, depuis le temps qu’on en parle, je crois que le moment est venu d’ausculter la sacro-sainte loi de Murphy. D’accord, on la connait. Mais que tous ceux qui imaginent Murphy en labrador bien peigné ou humoriste raté lèvent le clavier. Oui, le clavier, c’est tout de même nettement plus drôle que de lever la main (si tu me lis sur un smartphone en pleine rue, Lecteur/trice, ne suit surtout pas le mouvement). Parce que personnellement, je n’avais pas le plus petit caillou d’idée sur le pedigree du fameux Murphy.
D’où ça sort, me demanderas-tu ? D’accord, parenthèse. J’ai, naïvement, commis l’erreur de défier le destin. Un moment d’égarement, sans doute. Une overdose d’Oasis, plus probablement. Te souviens-tu de mon « no post » de lundi dernier ? Attends, ne bouge pas, je m’autocite : « Ouais mais vendredi matin c'est grasse mat' jusqu'à 18h ». Voilà. Dire un truc pareil, c’est offrir un cristal Lalique à Hulk. Pour faire court, disons que ma grasse matinée jusqu’à 18 heures a impliqué un aïeul espiègle et un col du fémur bien trop susceptible, que l’autoroute de glandage planifiée s’est métamorphosée en sens unique de course hystérique et que me voici, pour changer, pas du tout avancée sur mon post du lundi. Tu comprends, maintenant, comment j’en suis arrivée à m’interroger, après une mélodieuse série de p**** de b*** de fuuuuuuuuuuuuuuuck, sur cette étrange loi de Murphy. J’ai donc aussitôt wikipédié (mais si, ça se dit) la chose, et me voici devant toi pleine d’informations utiles, comme toujours. Tu me connais, je ne vis que pour ça. La loi de Murphy, c’est quoi ? « Tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera nécessairement mal (en anglais : “Anything that can go wrong, will go wrong”) ». C’est assez clair, je crois. Pour ceux qui n’ont pas suivi, on la nomme également Loi de l’emmerdement maximal ou Loi de la tartine beurrée, ce qui me semble encore plus clair. Et si ça ne l’est pas, va donc te beurrer une tartine avant de la lâcher. Si tu es normal(e), elle atterrira côté beurre sur le carrelage. Si tu es maudit(e), sur ton pantalon préféré après triple salto arrière, auquel cas je te conseille vivement un exorcisme à base de Mojito corsé. Murphy, c’est qui ? Edward Aloysius Murphy Jr. Oui. Déjà tu te dis que le garçon était sacrément mal embarqué, vu que draguer quand tu t’appelles Edward Aloysius, c’est chaud du beignet. L’américain a pourtant réussi à finir ingénieur en aérospatiale dans la « sûreté de fonctionnement de systèmes critiques ». En langage normal et selon moi (Wikipédia n’a pas daigné m’expliciter la chose, mais pas t’inquiète, j’ai toujours une explication pour tout), il essayait d’éviter que le système affiche « error » après que boulons aient explosé en plein vol. Autrement dit, d’éviter l’enchaînement de catastrophes et de sauver les miches des passagers. Ce faisant, il a vite compris que quand un boulon explosait, l’enchaînement suivait neuf fois sur dix et que c’était quand même le début d’une belle mouise taille tyrannosaure. Que du coup, mieux valait s’attendre au pire pour sauver de la miche. La loi de Murphy, ça veut dire quoi ? Non, la loi de Murphy ne signifie pas que tu vas morfler toute ta vie en heurtant lampadaire après lampadaire. Ta tartine ne tombe pas tous les jours. Ca veut seulement dire que quand elle tombe, tu ferais mieux de reculer. Ou de te préparer. Voire de te résigner, parce que la tartine ne tombe côté imberbe qu’une fois tous les dix ans, un soir de solstice et de convergence entre les planètes, et que le reste du temps le coït du beurre avec le carrelage ne fait qu’annoncer l’enchaînement à venir. Attention, le coup de la tartine fonctionne avec tout incident minime déclenchant une sensation de fuuuuuuuuuuuuuuuuuuuck. En gros ? Si tu marches sur ta brosse en te levant, prépare-toi à une bonne journée de bouse mielleuse. Comment lutter contre la loi de Murphy ? Cher Lecteur/trice, si tu as la potion miracle, je t’écoute. Je serais prête à plumer mon neveu s’il le fallait. En attendant, sache que le plan B contient la loi du Bah. Ben oui, B comme Bah. Egalement connu sous le nom de Fuck it bucket, tout l’art du concept tient dans la faculté à savoir ranger ton honneur sous ta semelle pour 24 heures, tout en surfant sur les bouses avec (ou sans) élégance. Exemple ? « Bah, même pas mal, j’ai neuf autres doigts » (après enfonçage de clou créatif), « bah, ça pourrait être pire, j’avais une culotte » (après culbuto en jupe sur marches d’escalier glissantes) ou « bah, demain est un autre jour, tout le monde aura oublié* » (après prise de parole en public avec parasite nasal). En clair, la loi de Murphy se contre par le bah, parce que plus tu luttes, plus tu t’enfonces. La loi de Murphy, c’est grave ? Certains te diront que la loi de Murphy, c’est du pessimisme. Pessimistes eux-mêmes, voilà ce que j’en dis. La loi de Murphy est une leçon de vie qui justement, t’apprend à cultiver l’art de voir le bon côté des choses. D’abord, parce que s’attendre au pire n’a jamais empêché d’espérer le meilleur. Ensuite, parce que sauf penchant masochiste affirmé, ça t’oblige à croire que tout ira mieux demain. Ton café chaud vient de se suicider sur tes doigts de pieds nus ? Oui, tu vas probablement te ridiculiser deux fois d’ici ce soir, te manger une porte et te faire envoyer paître par ton boss. Tu es prévenu(e), range donc tout de suite ton égo. Parce que nom d’une mite, ce soir y a apéro, on remet les compteurs à zéro. Mojito pour toi, Oasis pour moi, tant que ça pourrait être pire, c’est que finalement tout va bien, non ? Non, cher Lecteru/trice, nous n’allons pas parler de rouler un patin à ton cerveau. Encore que l’idée, à défaut d’être ragoûtante, pourrait être intéressante tant qu’elle reste métaphorique… mais bref. Nous allons causer dilemme métaphysique vieux comme la nuit des temps. Parce que je ne doute pas que déjà, à l’époque de la peau de bête, Lucy pensait « diantre, que j’ai trop mangé » et grognait « file-moi ton cuissot d’antilope ou je te fracasse la caboche à coups d’os ».
Tu vois de quoi je parle ? Ce gouffre qui existe entre ce que tu penses et ce que tu dis, et que tu finis presque toujours par payer cher, qu’il soit question de mesquinerie infantile ou de sens des conventions ? Non ? Attends, je t’explique. Cas n°1 : quand ton cerveau est sage et que ta bouche ne l’est pas Le cas de figure Ton boss te réclame un rapport et te transmet les infos dans un mail aussi bien rangé que ton placard à fringues les jours où tu ne trouves pas quoi mettre. Tu t’y colles avec un enthousiasme d’Aspirine fondue et après quatre heures bien intenses, tu rends ton rapport. Pour t’entendre dire qu’il faut recommencer, vu que tu as oublié une info very very importante dont tu ignorais jusqu’à l’existence. Ce que ton cerveau te dit On s’en tape, de savoir si on avait l’info ou pas. De toute façon faut recommencer, allez, pas de protestation stérile, on ne perd pas de temps et on cherche des solutions au lieu d’émettre des objections. On est adulte, on est professionnel, le but n’est pas de savoir qui a tort. Ce qui sort de ta bouche Et sinon, il y a d’autres infos que tu as oublié de me donner ou tu refiles la chose au compte-goutte pour le plaisir de me pourrir la soirée ? Non mais je te comprends, moi aussi ça me fait beaucoup rire. A l’intérieur. Fais attention à ne pas t’ébouillanter avec ton café, ce serait vraiment trop dommage. Les conséquences En fait, tu avais l’info dans le mail bordélique que tu n’as pas pris la peine de lire deux fois. Avec un sens de l’honneur très pointu, c’est hara-kiri direct au trombone. En vrai, tu vas allumer un cierge pour que ton boss n’aille pas relire son mail et tu lui achètes des viennoiseries tous les matins tellement tu te sens quiche. Cas n°1 : quand ta bouche est sage et que ton cerveau ne l’est pas Le cas de figure Tu es dans une soirée. Une de celles où tu te demandes bien ce que tu fais là, avant de te souvenir que Gisèle t’a supplié de venir parce que vraiment ça la toucherait énormément que tu sois là. Tu n’as pas vu Gisèle de la soirée, occupée qu’elle est à vider le fût de bière, les jeux vont bientôt commencer et il y aura des gages, et l’hôte de la soirée te raconte depuis dix minutes comment il fabrique son propre compost sur son balcon. Une bonne soirée, en somme. Ce que ton cerveau te dit S’il prononce encore une fois le mot compost, je lui refais le sourire avec mon pic à brochette. S’il me tape encore une fois sur l’épaule pour souligner sa blague pas drôle, je lui fais bouffer son compost. Non, rectification. Si personne ne me sauve dans la minute, je me tranche la jugulaire avec mon pic à brochette et je me jette dans le compost en embarquant Gisèle avec moi. Ce qui sort de ta bouche Des vers de terre ? Nooooooon. Dis-moi pas que c’est pas vrai. Et c’est grâce à eux que tes jardinières sentent si bon ? Explique-moi encore ce que tu peux mettre et ne pas mettre dans ton compost, ça me sera utile pour mon 25m² sans balcon. Les conséquences Tu as répandu du bonheur. L’inconnu est tellement content qu’il t’entraîne vers son bac de compost pour te montrer les vers de terre, insistant pour que tu en tâtes la qualité. Mais ta réputation sociale est intacte auprès de gens dont tu n’as absolument rien à carrer, c’est toujours ça de pris. Cas n°3 : quand ton cerveau sait ce qui est bon pour toi mais que ta bouche n’est pas d’accord Le cas de figure C’est le week-end de Pâques (non, je n’en suis toujours pas remise). Tu viens d’avaler dix-huit petits fours, deux tranches de pâté de Pâques, une de gigot, trois mini carottes (les légumes ça fait descendre), de faire sa fête au St Nectaire et tu as arrosé le tout d’assez de liquide pour réhydrater une benne de raisins secs. Ce que ton cerveau te dit Bon. D’accord. C’était n’importe quoi, mais c’était le week-end de Pâques, le bouton du pantalon qui saute fait partie de la tradition. On ne va pas se culpabiliser pour si peu, mais on ne va pas non plus abuser, pas plus en tous cas. De toute façon si on avale encore une bouchée, on vomit sur les lapins en chocolat. Ce qui sort de ta bouche Nnnnnnnnoui bon mais alors une toute petite part, hein. Un peu plus grosse, quand même. Quelqu’un veut la pâte d’amande ? Non ? Et les œufs en chocolat, ça intéresse quelqu’un ? Au fait, y avait pas des pâtes de fruit tout à l’heure ? Non parce que j’ai été hyper raisonnable sur le gigot, alors… Les conséquences Alors tu vomis sur les lapins en chocolat, parce que ton cerveau n’a absolument aucun pouvoir sur la taille de ton estomac. Et que d’ailleurs, l’ingrat estime que tu l’as bien mérité. Conclusion Les zones du cerveau ne bénéficient pas toutes du même accès au centre de la parole. La zone de la raison, par exemple, est beaucoup plus éloignée que la zone de l’instinct, située juste derrière les conventions sociales. En gros, tu sais dans neuf cas sur dix ce que devrais dire. Et huit fois sur neuf, ce n’est pas ce que tu dis. Life is a bitch, mais ça met du piquant. |
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Mars 2018
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