Cher Lecteur/trice, j’avais prévu, aujourd’hui, 10 bonnes raisons de dire merci papa. Sauf que… sauf que je suis restée comme un saule (tu sais, immobile comme un tronc avec les cheveux qui volètent sous la brise glaciale de ce beau mois de juin) devant ma feuille blanche (virtuelle), stupéfaite par mon incapacité à faire des généralités sur les papas.
Le statut de mère a bougé de quoi, 3 mm en 3000 ans : en gros, elles ont le droit de travailler et de ne pas culpabiliser de travailler. Les pères ? Vas-y, regarde, toi, et dis-moi : tu y arrives, à comparer ton père avec un autre du même âge que toi ? En ce qui me concerne, j’ai galéré de longues minutes avant d’arriver à cette conclusion : la génération de mon géniteur et ma propre génération de papas sont deux espèces différentes. Pour tout t’avouer, je n’ai trouvé qu’un trait qui aurait traversé les décennies : ils endurent les coups de pied dans les roustons sans broncher, ou du moins sans les rendre. Et encore, on parle en décennies, je ne suis pas certaine qu’un bambin heurtant par hasard les attributs royaux au moyen âge ne se serait pas pris un aller-retour avec élan avant d’aller dormir dans l’étable. Voilà. Sur ces considérations métaphysiques, j’en profite pour t’annoncer que je pars en vacances dans 10 jours, que comme avant chaque vacance, je suis en mode « le travail c’est la santé, dormir c’est très surfait » (les joies du freelance sans congés payés, faut compenser avant de partir), et que je vais rester en apnée du travail jusqu’au jour de mon départ. Je préfère donc ne pas miser sur un post la semaine prochaine, qui risquerait de ressembler un peu trop aux élucubrations éthyliques d’un fan de foot en fin de soirée, et te dire que je te retrouve bon pied bon œil dans un mois. Bonnes vacances à toi si tu pars, Lecteur/trice, sans quoi tu auras le droit de me narguer quand je reviendrai et que toi, tu partiras. Croix de boix croix de fer, si je mens je vais en enfer.
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Cher Lecteur/trice, il faut qu’on parle. Parce que tradition judéo-chrétienne, héritage qui pèse du lourd, pêcheur un jour, pêcheur toujours, d’accord. Mais s’excuser est souvent plus qu’une habitude, c’est un sport national pour la plupart d’entre nous. Que celui ou celle (encore que… la tendance ne serait-elle pas diablement plus féminine que masculine ?) qui n’a jamais lâché un piètre « désolé » en se faisant rouler dessus par un caddie me jette la première baffe. Sauf qu’en tant que sorry-addict réformée, je me vois dans l’obligation, aujourd’hui, de pousser un mini coup de bouche (oui, on est très polis sur ce blog, histoire d’éviter un-euro-dans-la-tirelire-à-gros-mots). Laisse-moi t’expliquer in situ. Ps : je t’ai ressorti le moodboard grisouille que je n’ai pas osé te proposer la semaine dernière, rapport au retour de la météo couleur dépression. Ne m’en veux pas. CAS N°1 Tu es malade/tu te casses un poignet/tu te colles un tour de rein digne d’une nuit avec Rocco Siffredi. Le médecin t’arrête une semaine et t’envoies faire des tests. Option a) Tu t’excuses auprès de ton boss, tu t’excuses auprès de tes collègues, tu t’excuses auprès du médecin et du laborantin, tu t’excuses auprès des gens qui viennent te voir, parce que bon sang de bois, tu aurais quand même pu prévoir ton coup et tomber malade pendant les vacances, le premier venu sait que planifier un virus ou négocier la peau de banane, c’est fastoche. Si la boîte coule et que le trou de la Sécurité Sociale atteint le noyau terrestre, ce sera forcément ta faute. Option b) Tu te dis que c’est pas de bol. Mais que ça arrive à tout le monde et que d’ailleurs, ça va te permettre de finir ton puzzle de 3000 pièces/trier tes feuilles d’impôt/repriser les chaussettes du petit dernier. Ô joie, mais sans fouet. CAS N°2 Tu avances d’un bon pas sur le pavé, le cerveau encombré de listes de choses à faire, de délais impossibles à tenir et de buts impossibles à atteindre. Un inconnu en Birkenstock te colle un coup d’épaule au passage piéton et t’écrase l’intégralité des orteils gauches. Option a) Tu lèves les deux mains en mode « mes plus plates excuses, j’aurais dû entendre arriver vos délicates sandales et me garer les orteils, voire me faire renverser par une voiture et traverser en-dehors des clous, plutôt que de perturber votre royal trajet », en murmurant « pardon désolé(e) pardon », pour le triple effet flagellation. Option b) Tu plantes le regard dans celui du malotru que tu croises, tu lances ton sac en arrière pour lui éclater une côte l’air de rien, et là, seulement, tu dis « oh, pardon ». Et bonté chagrine, que ça fait du bien par où ça passe. CAS N°3 Tu as fait une boulette, parce que soyons lucide, tu es humain(e), et que l’être humain grandit une boulette après l’autre. Option a) Tu décides que tu n’es vraiment qu’un(e) misérable vermisseau qui ne mérite pas la bienveillance de la victime de ta boulette. Victime qui elle, jamais, au grand jamais, n’aurait agi de la même façon, rapport au fait que tu es un être humain méprisable. Tu acceptes l’idée de te réincarner en cafard et tu t’excuses en te prosternant dix-huit fois avant même de dire bonjour, puis tu te rattrapes en offrant l’apéro à vie à ta victime. Avec séance d’excuses comprise à chaque toast. Option b) Tu dis pardon. Une fois. Tu t’expliques, tu payes ta tournée et tu passes à autre chose, vu que si ta victime est incapable d’accepter des excuses sincères, elle se réincarnera en cafard, pas toi. CAS N°4 Tu es en pleine réunion professionnelle, de celles qui si tu écoutes les boss, sont essentielles à la marche du monde et à l’arrivée de ta fiche de paye. Le pollen te rattrape en plein discours du patron, et tu éternues façon corne de brume dans la nuit. Option a) Enfer et damnation, tu es maudit(e), tout le monde va ricaner dans ton dos pendant des mois, le patron va te prendre en grippe, ta carrière est finie. Tu es vraiment la plus quiche des tartes, à ne pas savoir contrôler tes sinus. La prochaine fois, tu t’étoufferas dans ta morve plutôt que d’oser une manifestation corporelle aussi choquante. En attendant, tu piques un fard monumental en rêvant de te liquéfier sur le lino, et tu adresses un regard navré à la salle avant de te confondre en excuses honteuses à la sortie de la réunion. Option b) Fuck off. Tu as le nez qui gratte et pas de mouchoir sous la main, tu ne vas pas en plus t’excuser de respirer. Si tu es dans un mauvais jour, tu t’essuies sur le blazer du voisin. Je sais, Lecteur/trice. Ça parait bête. Mais pour avoir perdu à peu près deux années de vie en excuses inutiles et pour entendre encore aujourd’hui les gens autour de moi s’excuser de vivre, j’avais envie de te dire que tout est bien plus simple avec deux règles de base : ne jamais s’excuser pour quelque chose que tu ne peux pas contrôler, et toujours s’excuser en cas de boulette, mais jamais plus d’une fois. D’une, c’est bien meilleur pour l’estime de soi que le fouet quotidien. De deux, une excuse sincère a toujours plus de poids que dix lamentations avec trémolo. De trois, le temps que tu ne perds pas en excuses, c’est du temps en plus à l’apéro. Cher Lecteur/trice, je t'ai déjà fait le coup du joker, dis? Je crois bien, en plus. Mais voilà, figure-toi que je suis dans l'obligation, suite à des circonstances presque indépendantes de ma volonté (et puisque je sens bien que tu es dans un jour extrêmement charitable, rapport au premier rayon de soleil depuis dix jours, tu ne t'attarderas pas sur le presque), d'annuler le post du jour.
Bon d'accord. En fait je ne l'annule pas, je ne l'ai pas fini, et ce pour deux raisons: d'une, j'ai eu le choix ce weekend entre m'enchaîner à l'ordinateur ou me laisser entraîner sur le toboggan par un petit doigt potelé. De deux, je pars en vacances à la fin du mois, ce qui fait que les instants sans petit doigt potelé sont remplis façon pastèque dans un string. Alors voilà. Non seulement je viens à toi dénudée du post, mais en plus, le moodboard que j'avais préparé à l'avance était du genre gris et brumeux, ambiance déluge de fin du monde, ode à la belle semaine qui vient de s'écouler. J'ai donc pioché dans mes dernières réserves pour te fabriquer un truc un peu plus joyeux au détriment des mots, et je retourne fissa tenter de faire rentrer la pastèque dans le string. Belle semaine à toi, Lecteur/trice, et gare aux coups de soleil. |
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Mars 2018
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