Cher Lecteur/trice, je ne sais pas si tu te souviens, mais quand j’ai commencé à bloguer, j’ai fait tout comme il fallait. J’ai publié trois articles par semaine, j’ai ouvert plein de comptes sur plein de réseaux sociaux, j’ai partagé plein de jolies citations et de bonnes blagues, j’ai liké et retweeté à tout va. Bon, attention, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit, je n’ai rien d’une digitale native et en plus de ça, je suis (très) (farouchement) (maladivement) attachée à ma vie privée, voire paranoïaque sur qui verra quoi, donc je n’ai jamais rien publié de perso, ni franchement des masses… mais quand même, quand je prends du recul, aujourd’hui, je m’admire.
Puisque fatalement, vint le moment où je suis passée à deux articles par semaine, puis un, puis un toutes les deux semaines, puis un tous les deux mois, et là… oui j’ai honte, tu ne me vois pas mais je me viens de me claquer la fesse gauche pour me punir (pas de Christian sous la main, on fait avec les claques du bord). Six mois, quoi. Non que j’aie perdu le plaisir du blog, loin, trèèèèèès loin de là, simplement que quand j’ai commencé ce blog, je changeais de vie, et que j’avais beaucoup de temps libre. Vu que le changement de vie s’est étonnamment bien passé (je touche du bambou et je prie le dieu Kinder pour que ça dure), j’ai vite manqué de temps libre, puis de temps tout court (aaaah la vie de freelance). C’est là que mon cerveau un tantinet rebelle et décidé à ne pas se laisser bouffer par les sirènes des réseaux sociaux que de toute façon, il avait dans le pif depuis un bon moment, a eu l’une de ces brillantes idées dont il est coutumier : désactivons donc toutes les notifications. Mais genre, absolument toutes, comme ça on travaillera sans interruption intempestive et on n’ira sur les réseaux en question que quand on l’aura décidé. Mon cerveau et moi, une longue histoire. Autant te dire que côté travail, c’est brillant : au lieu de procrastiner en cliquant sur les notifications de mon smartphone, je procrastine en plantant un clou pour accrocher ce cadre qui ne peut vraiment pas attendre une minute de plus alors qu’il traîne depuis deux semaines, en allant chercher le courrier alors que qui reçoit encore du courrier aujourd’hui, on se le demande, ou en jugeant soudain urgentissime de changer de couleur d’ongles puisque ça va forcément m’aider à faire du travail de qualité. Mon cerveau croit qu’il décide, alors qu’en fait il est en pleine hibernation. Puisque quand tes neurones datent des années 80 et ont fini leur révolution Faceboook (naaaaaan plus jamais j’irai sur Facebook regarder comment tout le monde sauf moi est beau intelligent et successfull, vade retro satanas), ils n’ont pas franchement le réflexe d’aller sur les réseaux sociaux. Pas les miens, en tous cas. Résultat ? Six mois, quoi. Passés dans un pet de mouche et brusquement réalisés lors d’un passage inopiné sur Twitter face à la montagne de notifications que je n’ai jamais reçues, puisque Robert a préféré les couper. Bref, Lecteur/trice, toutes mes excuses, je t’ai pris pour un journal intime. J’essaye de te dire quoi, au final ? Que mon cerveau a éprouvé, à un moment donné, le besoin de prendre le large pour éviter la surchauffe, et est présentement en train d’essayer de se recalibrer. Il cherche comment rester copain avec le monde numérique, comment concilier plaisir du blog et temps qui file, réseaux sociaux et vie privée, quels sujets aborder ou pas, comment se positionner dans la révolution #metoo, comment réseauter autrement (là, Robert vient d’exploser de rire bruyamment – ce qui en termes de neurones se traduit par une fulgurante douleur dans la tempe gauche – rapport au fait que si je suis douée pour plein de choses, le réseautage n’en fait décidément pas partie) (en fait tout ce qui implique des interactions sociales avec des inconnus n’en fait pas partie, mais ceci est un autre vaste sujet). Donc je reviendrai, Lecteur/trice, je ne t’oublie pas, loin de là, mais je fonctionne comme ça : en période de changements, je me concerte avec moi-même pour trouver mes réponses avant de retourner vers le monde, soit le principe de base de l’introvertie. Bon. Comme d’habitude, je t’ai dit ce que je voulais te dire en mille phrases plutôt qu’en dix, parce que c’est comme ça, ici, les règles du quotidien ne s’appliquent pas. Pardonne mes réflexions existentielles, c’est l’époque qui veut ça, ou alors mon grand âge puisque je viens de fêter mes 37 ans. Non non, pas aïe, j’en suis personnellement ravie et personne ne m’a encore demandé de renoncer à mes baskets roses. Quoiqu’il en soit, je reviendrai, Lecteur/trice, je ne sais pas encore quand, comment ou à quel rythme, je cherche. Et je continue à compiler des tas de trucs à te raconter, depuis ma cohabitation avec une araignée de la taille d’un chihuahua jusqu’à mon expérience de la baignoire gonflable. Je suis une fille relativement lente du cortex. Ça peut prendre un certain temps, mais en général ça vaut la peine d’attendre.
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Mars 2018
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