![]() Non, elle n’a pas laissé tomber ses clés. Et non, elle n’est pas non plus en plein remake de Roméo et Juliette, c’est plus grave que ça. Encore que son Jules tout neuf est bien en bas, là, entre une voiture de luxe et une crotte de chien, un nez hilare levé vers elle et qu'il perd beaucoup de points, avec ce nez hilare. Parce que ça n’a vraiment rien de drôle. Elle l’a rencontré deux jours plus tôt chez Julie. Elle n’avait pas le temps, pas la place, presque pas l’envie, d’autant qu’Iseult est loin d’être une romantique. Le coup de foudre ? Soyons séreux. Une alchimie éthylique, tout au plus. Là où l’affaire se complique, c’est que soit le punch était sacrément corsé, soit quelqu’un, là-haut, se fend la poire puisque deux jours plus tard, l’alchimie est toujours là. Probablement plus éthylique, quand même. A quoi ça tient, dans ce cas ? Iseult est bien embêtée, quand elle se retrouve à roucouler comme une quiche devant son Jules tout neuf. Une invasion rose de sa matière grise, un désastre. Elle minaude, elle tournicote ses mèches, elle met des jupes et elle rit comme une bimbo devant un milliardaire russe. Elle, Iseult ! Elle qui rapport à la croix de son prénom, s’est fait une gloire de démonter les romans d’amour avec le doigté d’un mécano prodige. La jupe, tout ça, c’est à cause de la jupe. Iseult est une intello. Une intello ne porte pas de jupes, elle a mieux à faire, et puisqu’elle a voulu s’exhiber le cuissot dans une petite robette blanche datant de ses années lycée, la voilà en situation précaire totalement indigne de son statut. Mais c’était le matin, elle était encore ensuquée, son Jules tout neuf lui a fait des mamours et dit plein de jolies choses gentilles que ses neurones assoupis ont pris plein pot, vlan, comme ça au réveil, pas le temps de traiter, de brancher les pare-feu et les filtres anti-cucuterie, rien, cul-sec. Elle s’est étouffée sous la tendresse et a gloussé sous la couette. Ouais. Elle. Iseult. Elle mourrait plutôt que de l’avouer, sauf que maintenant, il y a une preuve. Qu’il parte travailler, bon. Ça arrive, son Jules tout neuf a un job, c’est une bonne chose, en soi. Elle a même refermé la porte derrière lui sans se coller au battant en soupirant comme la veille, elle était plutôt fière. Et puis elle a oublié qu’elle était fière et couru au balcon pour voir s’éloigner le responsable de sa débilité nouvelle. Pourquoi ? Qu’est-ce-qui lui est passé par le cortex ? Elle n’a pas réfléchi, et c’est bien son problème : Iseult n’a pas l’habitude de ne pas réfléchir. Si au moins il s’était contenté de lui faire signe, un petit coucou gentil, à l’extrême limite un poutou soufflé, bon, il n’y avait personne dans la rue, elle aurait pu tolérer, mais non. Il s’est mis à lui clamer des mots d’amour depuis le trottoir. Et qu’est-ce-qu’elle a fait, au lieu de hausser un sourcil circonspect ? Elle a renchéri. Et oui. Invasion rose, on vous dit. Avant d’avoir pu comprendre, elle le suppliait d’oublier le boulot et de remonter, ou au moins de lui laisser son tee-shirt pour le garder près d’elle jusqu’à ce soir. Elle en rougit rien que d’y penser, c’est proprement navrant. Et quoi ? Elle comptait sniffer son vieux polo toute la journée ? C’est qu’elle a des logiciels à coder, elle, elle n’a pas le temps de se shooter à l’aisselle chauffée ! Mais bon, elle l’a fait. Malheureusement. Puisque loin de s’enfuir à toutes jambes comme n’importe quel mâle normalement constitué face à pareil débordement émotionnel, son Jules tout neuf a souri avec ravissement et le ravissement sur un barbu tatoué, elle vous jure que ça vaut son pesant de cacahuètes. C’est sans doute ce qui l’a faite basculer, non ? Non. C’est la bêtise, point. Bien évidemment, il a réclamé un échange. Il arracherait son tee-shirt si elle faisait de même, c’était donnant-donnant, lui aussi voulait la savoir avec lui durant sa journée de travail, ce n’était que justice. Ah, la surenchère. Arme du faible, et Iseult, depuis deux jours, est plus que faible. Elle est pitoyable. Elle a donc surenchéri. Elle s’est éloignée de la rambarde et a fait glisser sa culotte jusqu’à ses pieds. Vous voyez ? Avec un pantalon d’intello bien sage, jamais elle n’aurait fait un truc pareil. Jamais. Mais il semblerait que la jupe aille de pair avec la perte de ses facultés intellectuelles, puisqu’elle l’a bel et bien fait, sa culotte de coton blanc a atterri sur le dallage. Courant d’air. Elle n’a pas bronché. Elle a ramassé le coton d’un orteil sous le regard émerveillé de son Jules tout neuf, s’est rapprochée du balcon et d’un grand geste plein d’emphase, a expédié la chose vers le trottoir. Forcément, c’est le moment qu’ont choisi les puissances supérieures pour lui rappeler que rien ne vaut un peu de jugeote. La culotte de coton blanc a accroché le pot de fleurs ornant la rambarde, l’élastique a tiré, Iseult a tout lâché, trop tard. Le pot de fleurs s’est écrasé non sur son Jules tout neuf, ni sur la crotte de chien, mais sur le capot de la voiture de luxe. Qui s’est mise à hurler de rage, toutes alarmes déployées. Et voilà. Iseult la scientifique, Iseult l’intello, cul nu sous sa robe blanche, plantée sur le balcon tandis que les fenêtres s’ouvrent peu à peu pour dénicher l’origine du tintouin. Les voisins pointent le nez, son Jules tout neuf est mort de rire, et sa culotte blanche orne les branches nues du peuplier. Mamzette xx
9 Commentaires
Bienvenue à toi, Lecteur/trice! Je viens de finir les travaux, ça sent encore la peinture mais la voilà, ta nouvelle rubrique toute fraîche toute neuve, viens donc là que je t'explique. Bon. J'aime la mode, tu le sais peut-être, laisse-moi ajouter ceci: j'ai le plus grand respect pour les créateurs, tous, que j'aime leur travail ou pas. Mais que j'aime leur travail ou pas, on en revient toujours au même problème: mon cortex s'en va gaiement courir le guilledou et même quand mon œil émerveillé me dit "nom d'un Louboutin la tuerie comme c'est beau", mon cerveau ricane "nan mais les gars, eh, sérieusement??". Alors voilà, une fois de plus, je m'en vais te livrer les produits de mon mode Hyène Caustique (j'ai aussi les fonctions Jeune fille en fleur, Adulte responsable ou Psychopathe introvertie, mais c'est beaucoup moins drôle). Have fun et si ça te plait, tu en trouveras deux autres >>ici<< . Attends attends! C'est mercredi, tu trouveras donc tout en bas les liens pour la Flashpic du Cocottes'Mag, pour la photo d'Iseult dont je te raconterai l'histoire vendredi ET pour le moodboard du jour. Pfiou. Me dis pas que je ne te gâte pas. 1) Le marbré-chocolat-baguette :
Tu te souviens, Lecteur/trice, quand tu te lançais dans les balayages à domicile ? Qu’il soit question du bonnet à trous ou du peigne à dents, il fallait bac+5 et le doigté de Leonard De Vinci pour réussir son coup. Personnellement je n’avais ni l’un ni l’autre, je finissais donc avec des rayures bicolores du meilleur goût (sur des cheveux rouges, je te laisse imaginer), persuadée d’être au summum de la hype. Je constate donc avec plaisir que c’était le cas, et que j’étais seulement très en avance sur mon époque. 2) Le cache-oreilles maison Forcément quand tu sors avec un décolleté jusqu’au nombril, tu as l’oreille fragile. Il te faut quelque chose, n’importe quoi, pour couvrir ton tympan exposé (puisque faut pas déconner, on va pas se couvrir le décolleté, eh oh et la mode dans tout ça), qu’à cela ne tienne ! Tu es une fille créative, arrache donc la manche d’un vieux tee-shirt, noue-la sur ta nuque et hop, adieu les otites. 3) Le legging méga nude Plus nude tu meurs. Chair et blanc, à couture en relief et hyper brillant, note bien, Lecteur/trice : ce legging est ZE pièce de la saison. Parce qu’on vit en 2014 et qu’en 2014 on a envie de le crier haut et fort, je m’assume et je vous emmerde, au point que je n’hésite pas à me souligner triplement le jambonneau. Brillant ET moulant ET nude. Ouaich. 4) La tunique de nonne futuriste On le dit et on le répète : la mode a ses exigences. Qui, tu le sais, passent avant de basses considérations météorologiques. Comment ça, il gèle en novembre ? On s’en tape, tu as un cache-oreilles et un legging ! Alors admettons, à la limite, que tu fasses quelques concessions et que tu gardes les manches longues. Admettons. Tu ne vas quand même pas te laisser perturber par un col, hein ? Vas-y, fashion warrior, taille, coupe, expose ton poitrail, tu es Marc Jacobs et ça, ça n’a pas de prix. Même pas celui d’une pneumonie. Cher Lecteur/trice, jusqu’à preuve du contraire, nous sommes en 2014. Et en 2014, écolo tu vivras ou paria tu seras. L’apologie du bobo, du bac à compost et de la carotte homemade sur le balcon, les regards outrés quand tu balances ta canette dans la mauvaise poubelle, l’humiliation publique de celui qui ne daigne pas ramasser la crotte de son Elvis (si tu ne sais pas qui est Elvis, lis le post précédent), l’obligation d’amener ton bento au boulot parce que Mac Do, c’est crado, voilà ce qui nous attend aujourd’hui. Ne te méprends pas, je ramasse toujours la crotte de mon chien et si je me trompe de poubelle, c’est que je n’ai pas mis mes lunettes. Comme tout le monde, je lutte pied à pied avec ma passion des bains pour économiser l’eau (sans grand succès, mais c’est un travail de longue haleine), et voilà pourquoi, aujourd’hui, je vais te faire l’apologie d’un mode de transport bien plus écolo qu’une voiture pétaradante : le train. Tu me connais, Lecteur/trice. Pas la moindre pointe d’ironie dans tout ça. … prendre le train. 1) Le train, c’est intime. Tu as les genoux dans le dos du voisin de devant, le coude dans la panse de celui de gauche et ce, si tu n’as pas la chance d’être installé en carré, ce merveilleux espace de communion dans lequel l’unique but de ton voyage est de plier tes jambes à 90° pour ne pas faire de pied au vieux rougeaud en face de toi.
2) Le train, ça sent bon. Ah, ces doux relents de sandwich au pâté ou de salade de thon aux heures de repas. Et que dire des familières odeurs d’aisselles humides en fin de journée caniculaire ? Si tu tombes sur un bon jour, peut-être même auras-tu le privilège de t’assoir à côté d’un grand type stressé qui a fumé deux paquets de gitanes avant de monter dans le convoi. 3) Le train, c’est calme. Puisque c’est bien connu, la consigne de mettre son portable en silencieux et de ne répondre que sur les plateformes entre les wagons, tout le monde la respecte. Heureusement. Où irait le monde si une mère de famille excédée beuglait dans son téléphone, si un bébé protestait énergiquement contre la proximité forcée ou si un jeune rebelle écoutait du rap assez fort pour en faire profiter toute âme vivante dans les 20m à la ronde. 4) Le train, c’est donné. Si tu manges des coquillettes pendant un mois, tu peux même t’offrir un aller-retour à Marseille, autant dire que faire du stop ne te viendrait même pas à l’idée. Bon, et alors quoi, au pire tu hypothèques ton appart’ pour descendre dans le sud en TGV, pas de quoi en faire un fromage. 5) Le train, c’est beau. Ouvre bien tes yeux, les TGV relookés par Christian Lacroix vont t’en coller plein les mirettes. Ah, tu prends un TER ? C’est différent mais regarde bien, tout aussi riche. Ces harmonies de gris, ces matières patinées, ces vitres au flou artistiquement gravé de traces de doigts, ce ne serait pas de l’art moderne ? 6) Le train, c’est pratique. Tu peux surfer sur ton smartphone entre deux tunnels, téléphoner entre deux wagons ou vendre ton corps pour une place en première classe avec prise électrique pour ton ordi, voire même perfectionner tes talents de négociation auprès du contrôleur qui te soupçonne de frauder parce que tu as un e-billet que sa machine high-tech refuse de scanner. 7) Le train, c’est gastronomique. N’as-tu jamais visité le wagon-restaurant, cet endroit magique où le Twix vaut le prix d’un steak de bison et où le jambon-beurre a la saveur d’une semelle surgelée ? Si tu te sens d’humeur téméraire, tu peux même tenter le café, je me suis laissée dire qu’il valait bien trois Red Bull et deux Guronzan dilués dans huit litres de flotte. 8) Le train, c’est propre. Qui n’a jamais testé les toilettes d’un train après 3h de trajet n’a pas vécu. Tu fais vingt minutes de queue, tu entres en apnée, tu évolues à cloche-pied entre les confettis de papier-toilette, et puis le bolide fait une embardée qui t’expédie droit dans une couche sale abandonnée à côté de la cuvette. Pas de bol, y a plus de savon. Ni de papier. 9) Le train, c’est convivial. C’est quitte ou double : les mauvais jours, « vous êtes à ma place » est la conversation la plus chaleureuse que tu auras de tout le trajet. Les autres mauvais jours, tu tombes sur une adorable Mamie qui te narre dans les détails sa vie tumultueuse, prénoms des petits-enfants, photos de famille et décadence de la France à l’appui. 10) Bon, soyons honnête. Le train c’est écolo et c’est tout ce qui compte, d’autant qu’en théorie, ça te laisse tout de même le temps de faire plus de choses que lorsque tu as un volant entre les mains et une autoroute à surveiller. Si ce n’est pas le cas, tu es un danger public. La vraie faiblesse, c’est qu’il y a dedans d’autres gens que tu n’as pas forcément envie de voir. Ou d’entendre. Ou de payer pour entendre. Et que quand même, le trajet solo en voiture possède cet atout capital que le train n’aura jamais : pousser la sono à en faire trembler les vitres et beugler à tue-tête en oubliant à quel point tu chantes faux. Non ? Il n’y a que moi ? ![]() L’amour ne se discute pas. Il n’a besoin ni de prétexte ni de bonne raison, il se fout de la morale, de la couleur ou de la taille, il est, un point c’est tout. Et Elvis est amoureux. Il n’y est pour rien, Jeanne non plus, c’est la vie. Ses détours ont parfois de drôles de formes. Elle a bossé comme une dingue, c’est vrai, et quelque part, elle se dit qu’elle aurait dû le voir venir, il se sentait seul. Il a reporté ce qu’elle ne pouvait lui offrir. Mais elle le voulait tellement, ce job ! Oui, sans doute est-elle rentrée plus tard que d’habitude, sans doute les repas étaient-ils moins raffinés, l’appartement moins bien entretenu. Tout son temps libre, elle l’a passé à aménager leur nid d’amour. Des heures de déchirement, une main pour lui et la seconde sur l’ordinateur, à traquer la bonne affaire ou l’inspiration ultime, des jours de peinture, de ponçage, de vernis, et voilà, à peine installés les splendides draps de lin lavés pour lesquels elle s’est privée de macarons pendant deux mois, il fait pipi dessus. Elle en aurait pleuré de rage. Elle a pris le temps, lui a parlé, lui a longuement expliqué que c’était pour eux deux, tout ça, qu’elle trimait comme une folle pour qu’il se sente chez lui, qu’ils puissent se détendre ensemble après une dure journée, en tête à truffe, au calme. Que c’était temporaire. Que bientôt, ils reprendraient leurs longues marches dans la ville. Qu’il devait être patient. D’ailleurs elle a bien cru qu’il comprenait, sur le coup. Il a même penché la tête. C’est donc totalement détendue qu’elle a enchaîné la journée de boulot avec son ultime virée shopping et c’est sans la moindre idée du drame à venir qu’elle a adopté Jules, parce qu’il lui faisait de l’œil. Si. Tout seul sur son étagère, entre un vase et deux taies, il lui faisait de l’œil. Peut-être à cause du spot vacillant dirigé sur lui, certes, mais seul le résultat compte et Jeanne maintient, il lui faisait de l’œil. Elle l’a donc embarqué sans hésiter dans son caddie avec à peine un micro infarctus à la caisse quand on le lui a facturé. Mais il en valait la peine, non ? Il n’est pas beau, posé sur les draps de lin, ses grands yeux écarquillés rivés au plafond, les ailes dignement alanguies sur les coussins ? Ah, oui. Pardon. Jules est un hibou. En peluche. Tout doudou, tout grisou, tout chouchou, Jeanne a dormi avec dès le premier soir, loin de se douter qu’elle venait de payer un bras pour la pomme de la discorde. Elvis n’a repéré Jules que le lendemain matin, quand il est venu la réveiller. Il s’est immobilisé. S’est assis sur le tapis. A fixé Jules d’un regard ébloui et n’a plus bougé. Elle s’est méfiée, tout de même, parce qu’elle le connait. Gentil mais fourbe. Et très, très, très têtu. En l’occurrence, elle a eu raison : à peine deux pas vers la salle de bains qu’Elvis a tenté d’emballer Jules. Sauf que vu son prix, Jules est condamné à l’abstinence, voilà ce qu’elle a fermement expliqué à Elvis. Il est et restera immaculé. Non mais. Elle a donc entrainé un Elvis récalcitrant vers la cuisine pour leur préparer un petit déjeuner en amoureux que l’intéressé, décidemment très fourbe, a fait mine d’apprécier pour mieux noyer le poisson. On était dimanche, ils étaient enfin seuls, ensemble, sans shopping et sans travaux, comme au bon vieux temps. La journée s’est écoulée dans un brouillard de bien-être. Ils se sont offert une longue balade dans la grisaille, complices et heureux, avant de rentrer se préparer un bon chocolat chaud, et c’est là que les choses ont dérapé. Un mois et demi qu’elle n’avait pas bénéficié d’un dimanche qui s’étire. Jeanne s’est mitonné un joli petit plateau pour son chocolat chaud, avec des cookies puisqu’elle économisait les macarons, et l’a fait atterrir sur ses draps en lin avec un gros livre et un frisson de plaisir. Ça, c’était un vrai dimanche. Sa seule erreur a été la pause pipi. Elvis avait attendu son heure toute la journée. On l’a dit, il est amoureux, or l’amour n’a que faire des interdictions. Le temps qu’elle baisse son pantalon, il avait déjà escaladé la marche au pied du lit et posé une patte conquérante. Ah, oui. Elvis est un bouledogue, on ne vous l’a pas précisé ? Elvis est un bouledogue fou amoureux d’un hibou en peluche, et le hibou se trouve être calé dans ses plumes tout en haut du lit. Elvis a donc escaladé. Vous le voyez venir ? Une patte, deux pattes, trois pattes sur le joli plaid en tricot beige, sur lequel reposaient plateau, chocolat chaud, cookies et livre. La quatrième patte en équilibre sur la marche. Le corps dans une posture bancale pile entre les deux magnifiques poteries dénichées par Jeanne aux puces sur un coup de bol. Le dérapage de griffe sur la marche de bois a résonné dans tout l’appartement, lorsque ce pauvre Elvis s’est jeté dans un élan désespéré pour atteindre l’élu de son cœur. Le mug de chocolat atterrissant sur la poterie après avoir répandu son contenu sur les pages du livre et le drap de lin blanc, encore plus. Quand à Elvis atterrissant sur la seconde poterie, emmailloté dans le plaid désormais perforé de ses pattes gesticulantes, on vous laisse imaginer. Jeanne est sortie le pantalon sur les chevilles, s’est entaillé un pied sur les tessons de poterie et s’est étalée en travers du lit en hurlant. Elvis, ravi, a profité de l’aubaine pour l’utiliser comme marchepied et c’est coiffé du plaid qu’il a enfin atterri sur Jules, se lançant dans une sérénade énamourée. Elvis, 1. Jeanne, 0. Voilà longtemps que je ne t’avais pas bassiné avec mes conseils de vie, Lecteur/trice. Ça te manquait, je sais. Alors voilà, aujourd’hui, j’avais envie de te dire de profiter. Oui, je brasse de l’air, je fais ça très bien. Mais quand même, on vit à l’époque de l’après, dans un monde où chaque but atteint est aussitôt remplacé par un autre, où l’euphorie de la réussite laisse la place à l’angoisse de la suite, et je me dis souvent qu’on ne prend pas suffisamment le temps de profiter de l’instant, moi la première. Tu sais, l’instant où tu l’as fait, où ça a marché, où tu as gagné. Celui où tu te sens belle et forte, où tu sais que Ryan Reynolds n’attend que toi et où ton voyage sur la lune n’est plus qu’une question de temps. L’instant où tout est possible. Est-ce-que tu ne te laisses pas, toi aussi, très vite submerger par le « oui super, mais il y a encore ça, et ça, et ça… ». La liste d’objectifs à conquérir est sans fin, et les victoires se noient dans la masse avant d’avoir pu diffuser toutes leurs ondes positives. Laissons-nous le temps, Lecteur/trice. Le temps d’être heureux ou malheureux parce que ça aussi, à notre époque de bonheur acharné, on a tendance à l’oublier : la tristesse, c’est important. Comment apprécier le reste, sans ça ? Comment se forger une échelle de valeurs si le thermomètre est toujours à la même température ? Accordons-nous le droit d’être au creux de la vague, d’avoir des jours sans, des semaines sans, des mois sans s’il le faut, ce n’est que pour mieux rebondir. La déprime est créative et riche en enseignements, aussi casse-bonbons soit-elle. Laissons le temps à nos états d’âme de s’épanouir, dans un sens ou dans l’autre, usons les réussites jusqu’à la corde, chouchoutons-les comme un pull Isabel Marant à -90%, offrons-nous le privilège d’être triste et c’est comme ça, si t’es pas content retourne chez ta mère. Pestons, jurons, rions et pleurons, mais de bon cœur. Sur ce, Mère Térésa sors de mon corps, je te lâche la grappe, Lecteur/trice, je retourne tenter de mettre en pratique mes propres conseils. Quand y en a plus, y en a encore! Histoire de te garder encore un peu près de moi Lecteur/trice, je vais commencer par te dire que c'est semaine animalière dans les Flashpics. Si tu veux découvrir la St Vlalentin pourrie de Marie (ça rime) sur le Cocottes'Mage, tu peux cliquer sur l'étiquette ci-dessous. Et si tu veux découvrir Elvis, dont je te raconterai l'histoire vendredi, c'est l'autre. Toujours pas fini!! Puisqu'on était dans le sujet, je t’offre mon top 5 des livres-Prozac. Ceux qui m’ont remonté le moral, ont éclipsé pour quelques heures le reste du monde, aidée à croire au renouveau et poussée à prendre des décisions difficiles. Oui, ça peut faire tout ça, un livre, et sans alcool. Des livres divertissants et positifs, des histoires d’humour et d’amour. Un autre jour, je te ferai la liste de ceux qui m’empêchent de dormir, ou de ceux qui me font pleurer, ou de ceux qui m’énervent, ou de ceux qui me font rêver, ou… ok, je me tais. Cette fois je te laisse tranquille, bon apéro (c'est mercredi) et bonne fin de semaine, à toi! Clique sur les images et cap sur Amazon...
Cher Lecteur/trice, juste pour que tu saches, je suis atteinte de ce surprenant syndrome de la procrastineuse professionnelle, la fille qui fait des listes pour tout, partout, tout le temps, et à qui ça donne l’impression d’être organisée. Enfin moi, non, je ne m’y laisse pas tromper, je suis bien trop finaude. C’est seulement mon cerveau. Parfois, je me dis qu’il a sa vie à lui. Ça ne t’arrive jamais à toi, de te demander où il est passé ? Qu’on te pose une question et paf, plus personne, plus rien, pas un neurone de garde, tous au bar à lever le coude ? Que tu sois hyper concentrée sur une tâche et re-paf, comme ça, ce flemmard se met en grève et part surfer sur Facebook ? Si ça ne tenait qu’à moi, jamais je ne ferais un truc pareil. Jamais. Mais lui, c’est un rebelle. Il a le neurone indépendant. Alors oui, il adore les listes, parce qu’il est persuadé d’y voir plus clair, après. Attrape-couillon si tu veux mon avis, mais c’est apparemment ce qu’est mon pauvre cortex, on ne lutte pas contre son cortex. Alors aujourd’hui voilà, il est encore parti en vrille, j’ai les neurones qui dansent la farandole et la synapse électrique, mes neurones ont décidé –sans me consulter, bien sûr– de dresser des listes d’un nouveau genre. Celles de tout ce qui lui donne envie de se faire hara-kiri. … des fringues les plus vicieuses1) Le pantalon migrateur. Ah, le camel toe, ou pied de chameau. Tu ne vois pas ? Tape Camel toe sur Google, tu visualiseras très vite et tu regretteras d’avoir cherché. Mais si tu sais, ce pantalon qui rend nickel en boutique, belle matière, beau tombé, tu l’achètes, innocente que tu es. Et puis tu commets l’erreur de marcher avec. Tu le sens tout de suite, que la couture s’insinue où il ne faut pas, d’ailleurs le regard horrifié de ta BFF le confirme rapidement : ton joli pantalon te souligne admirablement la ruelle.
2) La jupe globe-trotteuse. Un enfer. Cette sublime jupe zippée avec une fente sur la cuisse qui te dessine si bien les hanches est une sprinteuse, elle gagne 5mm à chaque pas. Sachant que tu fais rarement moins de dix pas pour arriver quelque part, le temps d’atteindre la photocopieuse, tu te retrouves avec le zip sur le ventre et la fente sur la fesse, ce qui est beaucoup moins seyant, soyons lucide. 3) Le pull vengeur. Il est doudou, il est poilu, il est mousseux ou à grosses mailles, quoi qu’il en soit il est canon, sauf qu’il s’accroche partout où tu passes. Bijoux divers et poignée de porte, ongles pointus et boucle de ceinture, en fin de journée tu maîtrises la tendance grunge en loques. C’est juste que si tu avais su, tu aurais mis plus couvrant qu’un Princesse Tam Tam en dentelle rose, dessous. 4) La jupe Boeing. Oh, joie. Cette adorable jupe patineuse est enfin à toi. Tissu aérien, volume enchanteur, te voilà retombée en enfance avec l’envie de tourner pour la faire valser. Mais tu es vite rassurée, point n’est besoin de valser : le moindre courant d’air expose ton trésor. Solution Mac Gyver, au vingt-sixième envol de la patineuse, tu te scotches l’infâme aux cuisses en rêvant legging et pantalon. 5) Le pantalon dépressif. Parlons-en justement, du pantalon. Ce jean de la mort qui tue soulignant tes courbes affriolantes avec grâce, bien tendu, bien galbé, qui plaque la cellulite et te sculpte le fessier. Sauf qu’à force de coller du stretch partout, te voilà en fin de journée avec des poches aux fesses, les capitons qui se baladent et les genoux qui plissent. C’est confortable, oui, mais ce n’est pas ce que tu lui demandais, à ton slim de pin-up. 6) La chemise à retardement. Tu te demandes, quand même, quel styliste peut encore être assez borné pour affubler une chemise de boutons pression. Parce que tu as beau l’adorer, cette chemise en jean, la moindre inspiration un peu présomptueuse te transforme en Hulk et si ton chéri adore se trouver nez à nez avec ton balconnet, le problème, c’est que tes collègues aussi. 7) La jupe du nord. Dans une autre vie, elle remontait le courant avec ses copains les saumons. Elle en a gardé l’habitude de grimper toujours plus haut. Résultat, quand tu quittes innocemment ta parka sans la moindre idée de ce qui s’est passé là-dessous durant ta marche altière, tu te rends comptes que ta mini est devenue ceinture. Malheureusement, ton collant plumetis n’a rien d’un pantalon. 8) Le pull anorexique. Erreur de débutante, dans la cabine sans bouger, le miroir te souriait. Longueur tout pile, taille tout pile. Le problème du tout pile, c’est qu’il oublie la vie. Dans la vie, tu bouges. Et quand tu bouges, le bas du pull te remonte sous les seins, la laine te colle aux aisselles, l’encolure t’arrive aux dents et pour un peu que tu t’enfiles un burger/frites, tu regrettes le centimètre d’aisance de la taille du dessus. Ce qui tombe bien vu qu’après 12h à tirer dessus, ce n’est plus un pull, c’est une serpillère. 9) La jupe ventouse. Avec celle-là au moins pas de mauvaise surprise, elle est à la bonne taille. Oui, mais elle colle à tes jambes comme une moule à son rocher et chaque pas se transforme en lutte acharnée entre la jupe et la femme. Pire, alors que le tissu te rentre entre les jambes jusqu’à dessiner le moindre détail de ta culotte à nœuds, tu tires dessus pour la trente-quatrième fois. Tu entends « crac ». 10) Le collant kidnappeur. Ou le bon vieux coup du collant qui mord ta jupe. Ouais. On va passer vite, Lecteur/trice, parce que c’est du vécu, j’ai traversé tout un show-room en pleine réunion créa avec la jupe coincée dans le collant, genre fessier exposé jusqu’à la ceinture et regards masculins collés au cul. Si on pouvait mourir de honte, je t’assure que je le saurais. La bonne nouvelle est donc que tu peux aligner toutes les humiliations possibles en matière de fringues rebelles, tu l’oublieras vite pour mieux recommencer, et ça te fait tout un tas d’histoires très drôles. Pour les autres, en tous cas. ![]() Maudits soient les vagues, les princes charmants et la Saint Valentin. « Mais je te jure, mon roudoudou en sucre, tu ne crains rien ton héros est là, je ne te lâche pas, c’est toi et moi pour toujours, pour le pire et le meilleur, je l’ai promis au curé et tu sais que je l’aime bien, ce curé ». Gnagnagna. Du vent. De toute façon elle n’a jamais pu l’encadrer, ce curé, Honorine aurait dû se douter que l’arrangement était caduc. Elle a peur de la mer, c’est comme ça, elle a toujours eu peur de la mer. Toujours depuis ses sept ans, lorsque le temps d'un été, elle s’est faite embarquer par les rouleaux de l’Atlantique, a marché sur une méduse et s’est pris la pédale folle du pédalo sur le tibia. Qu’on ne lui dise pas que c’est de la malchance. C’est le destin, basta. Honorine est faite pour le plancher des vaches, pas pour ce truc liquide dans lequel tout le monde se relâche la vessie et où marcher signifie détruire l’habitat de créatures visqueuses, globuleuses, voire carrément munies de pinces ou de tentacules. Ça vous défrise ? Honorine s’en tape. Elle préfère la piscine à la mer et elle le vit bien. Elle le vivait bien, en tous cas, jusqu’à la Saint Valentin 2006. Elle en était à la moitié de son rituel de purification quand son prince charmant a débarqué. Ou pour être plus précise, elle en était à la dixième photo de son ex brûlée dans l’évier quand l’évier lui-même a pris feu et que les pompiers ont débarqué. Un peu cliché, le coup des pompiers, hein. Mais vous le savez bien, que le destin a l’humour douteux. Choupi –qui à l’époque s’appelait simplement Guillaume– lui a demandé son numéro avant de partir, voilà, aussi bête que ça, lui dans son uniforme, elle dans sa grenouillère licorne, le coup de foudre fut instantané au septième rendez-vous. Oui, bon, presque instantané, mais Choupi n’a pas le charme flagrant. Sept rendez-vous, c’est le temps qu’il a fallu à Honorine pour décider si ce type était incroyablement drôle ou si son sens de l’humour, à elle, était seulement pitoyable. Il s’est avéré que Choupi était incroyablement drôle, c’était plus facile à gérer. Comment pouvait-elle se douter, à l’époque, qu’un simple feu de Saint Valentin l’amènerait à une situation pareille ? Elle lui a dit très vite, qu’elle avait peur de l’eau, dès leurs premières vacances ensemble. Pas de problème, qu’il a dit. Apparemment dans sa tête de pompier, elle lui avait lancé un défi. Elle n’a toujours pas compris comment. Malheureusement, elle en pinçait pour lui. Elle lui a accordé quelques pas au bord de l’eau chaque été, histoire de valoriser son ego. « oh mon Choupi mais tu te rends compte je marche dans l’eau, c’est la première fois, sans toi jamais jamais jamais j’aurais osé ! ». C’est ça, un couple, d’infimes concessions pour rendre l’autre heureux et il en était tout heureux, Choupi. Il en avait les pectoraux qui se gonflaient à tous les coups. Manque de bol, cette année, ça ne suffisait plus. C’est qu’il l’a demandée en mariage, ce benêt. Qu’elle a dit oui, qu’ils se sont passé la bague au doigt, qu’ils sont partis en voyage de noces et que forcément, Choupi avait besoin d’un gonflage de pectoraux à la hauteur. « Allez ma puce, juste pour moi, ça me ferait tellement plaisir, je suis sûr que tu peux le faire, toi et moi comme ça dans l’océan juste nous deux, on va pas rentrer sans s’être baignés au moins une fois, hein ? ». Ah, la bêtise de l’amour. Elle a tenu bon dix jours durant mais voilà, décidemment, elle l’aime plus que bien, son Choupi. Il avait l’air tellement déçu, ce matin, qu’elle a dit oui. Elle s’est collée à son dos, a enroulé les bras autour de son cou version poulpe sur un crabe, et a fermé les yeux. Ne pas penser. Ne pas penser millions de mètres cubes liquides, monstres marins, sirènes perverses, pipis qui se baladent ou algues cradingues flottant entre deux eaux. Faire la liste des courses, programmer mentalement les six cocktails qu’elle s’enverra après, visualiser les pectoraux requinqués de Choupi, et ça a plutôt bien fonctionné jusqu’à l’algue. Vous savez, la fameuse algue cradingue qui vient vous frôler le mollet genre étreinte de la mort. Honorine a fait ce qu’elle faisait le mieux : elle a hurlé. Tout en resserrant sa prise sur la jugulaire de Choupi. Pompier ou pas, les réflexes de survie sont les mêmes pour tout le monde : on vous étrangle, vous contre-attaquez. Honorine s’est donc retrouvée en moins de deux seule au beau milieu de la masse sombre, gesticulant comme un gamin dans une piscine de balles truffée de serpents. On ne peut pas dire, Choupi a pigé tout de suite, il a bien compris qu’à ce rythme-là, l’intégralité de l’océan finirait dans les poumons de sa dulcinée. Il a crié plus fort, tenté de la calmer, mais Honorine n’entendait rien. Une bonne panique, ça vous bouche les canaux de communication. En désespoir de cause, Choupi a donc tenté de l’attraper pour l’immobiliser. Tout ce qu’il a attrapé, c’est le bikini d’Honorine. On vous a dit, que Choupi avait de grandes mains très fortes ? En tous cas, bien plus fortes que le bikini cerise d’Honorine qui a cessé de hurler en constatant qu’elle avait le fessier exposé aux habitants du coin, dont les monstres à tentacules. Quand Choupi a enfin réussi à la coincer, elle a arrêté de se noyer pour mieux pleurer. Parce qu’elle allait faire quoi, maintenant, hein ? Jamais, au grand jamais, elle ne rentrerait sur la plage bondée sans culotte. Ils étaient près du bord mais dans une crique éloignée de leur parasol, et non, elle ne passerait pas inaperçue si elle restait derrière lui. Elle aurait toujours soit l’arrière-train en plein courant d’air, soit l’avant-train en plein soleil. Elle allait mourir ici, cul-nul entre deux eaux, voilà. Choupi n’a pas perdu patience, accordons-lui au moins ça. Il a promis d’aller lui chercher son maillot de rechange avant qu’elle ait fini de prononcer Supercalifragilisticexpialidocious, il l’a posée sur un rocher et il est parti comme une flèche grâce à ses pectoraux puissants. Avant qu’Honorine ait pu broncher, cela va sans dire. Si elle avait pu broncher, elle aurait bronché très fort. Le rocher est couvert de mousse glissante, impossible de s’assoir, elle est debout, les fesses à l’air et les orteils tétanisés, au beau milieu d’un monde marin hostile, les mains devant sa pudeur et les épaules qui crament, une famille vient d’émerger dans la crique et les muscles de ses mollets la brûlent. Inutile de préciser qu’elle a eu le temps de prononcer Supercalifragilisticexpialidocious vingt-six fois et que les pectoraux de Choupi ne sont toujours pas en vue. Si elle survit, ce sera douze cocktails, pas six. Happy Valentine, Lecteur/trice ;D
Cher Lecteur/trice, je te présente toutes mes excuses. En ces jours de célébration de l’amour, je vais te faire le coup du discours de remerciement. Et oui. A la base mon truc à moi, c’était de raconter des histoires. Alors un blog, qu’est-ce-que j’allais bien pouvoir dire dans un blog ? « What the hell » fut à peu près ma réponse à moi-même, de toute façon personne ne me lira. Et puis banal, vieux comme le blog, j’ai tâtonné, brouillonné, découvert le plaisir du post, la liberté du ton, la joie du commentaire, le sourire du lecteur et là, comment te dire… Qu’il y ait, là dehors, des gens, des gens normaux avec un cerveau et un avis, avec de vrais doigts et de vrais goûts, et que ces gens me lisent, mieux, qu’ils y trouvent du plaisir, là, c’est genre le tsunami du siècle. La baffe du millénaire. Alors qu’ils prennent le temps de me le dire… à mon premier commentaire, j’ai frôlé le malaise vagal. Aujourd’hui, je me contente de hurler à la lune à chaque petit mot. Lecteur/trice, je me dois de te le dire, tu es mon prozac, ma vodka, ma cocaïne et mon cupcake, le plaisir d’écrire est presque surpassé par le plaisir de te lire et voilà, je l’ai dit. T’es mon pote, quoi. Merci. ![]() Tu croyais que c’était fini ? Tu pensais sérieusement que j’allais te planter là, comme ça, à deux jours de la Saint Valentin ? Lecteur/trice, comprenons-nous bien : je n’ai rien contre cette charmante fête à but non lucratif (dans ma culture, toute occasion de porter un toast est appréciée à sa juste valeur), encore moins contre l’amour (Ryan, si tu me lis…). Ceci étant dit, écrire un post célébrant le monde des Bisounours, ça n’a rien d’amusant. Oui, moi, avec mon addiction aux happy ends et ma positive attitude de Télétubbies sous LSD, je préfère jouer les suppôts de Satan que les angelots énamourés, comme quoi on ne peut plus se fier à rien, en ce bas monde. Je te propose donc aujourd’hui de rencontrer mon alter-ego du matin, la hyène mal lunée. Qui trouve, comme beaucoup, que la St Valentin ça craint du boudin et qui a rêvé une collection de tee-shirts et de fonds d’écrans pour faire un joli doigt d’honneur à Cupidon, ce rat. Clique sur les images pour télécharger, analyser, conspuer, rhabille ton ordi, reculotte ton portable, imprime-toi un oreiller ou tague ta chemise de nuit, fais ce que tu veux mais amuse-toi, en gros. Et tout de même, joyeuse Saint Valentin, Lecteur/trice. Ps: figure-toi qu'Une fille d'érable -bon, elle n'est pas vraiment en érable, en tous cas pas que je sache, mais elle cohabite avec nos charmants cousins caribous donc tu vois, quoi- a eu la même idée que moi avec un jour d'avance. Oui, elle m'a grillé la priorité, mais elle a fait ça très bien. Alors je te mets le lien juste >>là<<, des fois que tu ne la connaisses pas. Ps2: Ici tu peux cliquer sur n'importe quelle image, ça t'emmènera toujours quelque part. Enfin, si ça marche. Mais en théorie, tu peux, tout comme tu peux découvrir la photo que je te raconterai dans la Flashpic de vendredi, ou lire la dernière pour le Cocottes'Mag, qui t'expliquera la véritable histoire Hollande/Trierweiler. Si si, véridique, tu me connais. (liens en bas) Ps3: Pour l'instant, le beige kraft éclate sa face au blanc virginal concernant la couleur de fond du site. Si tu n'as pas encore voté, tu peux toujours te rattraper dans la colonne de droite du blog et si tu as déjà voté mais que ça te tient vraiment très à cœur, tu peux y retourner. Cher Lecteur/trice, vendredi, c’est la Saint Valentin et si tu ne le sais pas, c’est que tu vis dans une hutte au beau milieu de la forêt amazonienne. Et encore. Un petit évènement commercial de rien du tout qui envahit les blogs, les écrans télé, internet, les magazines, les panneaux publicitaires et devantures de magasin, les conversations et les esprits, trois fois rien, quoi. La conséquence, en dehors des restos bondés et des chocolats en forme de cœur ? A ton avis ? Quand tu auras passé une soirée romantique avec ton chéri devant un bon dîner, à lui répéter à quel point tu es insensible à cette fête du marketing et que vraiment fallait pas mais qu’il est beau, le bouquet qu’il t’a offert, le tout en lui susurrant des mots d’amour, tu vas faire quoi ? T’affaler devant la télé ? Reprendre ton tricot ? Plancher sur des mots croisés ? Non. Tu vas envoyer valser ton string rouge avec le sourire, parce que Doudou l’aura ben mérité. Et dans un cas sur mille de cette grande orgie Valentine, un spermato obstiné va profiter de l’occasion pour transformer l’essai. Alors réjouis-toi, Lecteur/trice, et ne viens pas me dire après que j’ai ruiné ta partie de jambes en l’air : bien au contraire, je vais t’expliquer en dix points argumentés pourquoi tu dois l’aimer, ce spermato récalcitrant. …de faire des enfants1) Un enfant ne se lève jamais aux aurores. Jamais, au grand jamais, il n’irait trépigner sur ton lit ou te renverser un café bouillant sur les orteils en voulant, ô adorable bambin, t’apporter le petit déjeuner alors que tu comptais bien sur une grasse matinée. Genre jusqu’à 6h. Du matin, oui. 2) Quand tu as un enfant, tu peux boire comme un trou et fumer comme un pompier, il s’en tape. Il ne planquera pas tes paquets de clopes en te suppliant de ne pas mourir et ne te fera pas payer ta gueule de bois à coups de hurlements d’éléphanteau furieux. Tu es libre. 3) Ça ne coûte rien, un enfant. Ça ne change pas de taille de grenouillère tous les mois et d’ailleurs à l’adolescence, ça a le bon goût de ne jamais réclamer de marques de luxe sous prétexte que c’est la honte de la mort qui tue s’ils n’arborent pas avec dédain les Stan Smith que toi, tu ne peux plus te payer. 4) Avec un enfant, tu te cultives. Bob l’Eponge, Teletubbies, Violetta, Dora l’exploratrice, tu ne te sentiras jamais ridicule dans un dîner parce que plutôt que de regarder ce reportage passionnant sur les rites sexuels du casoar en Nouvelle Zélande, tu t’es tapé Mowgli pour la cinquante-sixième fois en trois mois. 5) Un enfant est un havre de paix. Rien ne viendra perturber ta séance de méditation par de mélodieux hurlements, braillements, reniflements ou crise d’hystérie morveuse parce que Junior a arraché la tête de Barbie avec son tyrannosaure géant avant de la faire bouffer au chien, ce traître. 6) Pas besoin de déménager pour ton enfant, ça ne prend pas de place. Un placard en rab te suffira à caser le berceau, la table à langer, les trente kilos de couches, quarante de talc, quatre-vingt de jouets, d’autant que plus ça grandit, moins ça a besoin d’espace. Un ado ne décolle pas de son lit, après tout. 7) Un enfant ne te fera jamais l’affront de manger ce que tu ne peux pas manger. Tu n’es certainement pas obligée d’acheter de la pâte à tartiner, des biscuits, de la brioche, des bonbons ou du chocolat que tu n’achètes plus depuis dix ans parce que tu grossis rien qu’à les regarder. Il apprendra à aimer le tofu. 8) Avec un enfant, tu as tout ton temps. Tu ne fais pas ta manucure toi-même pendant que tu es sur le trône parce que c’est le seul moment de calme qui te reste, et encore, uniquement jusqu’à ce qu’il soit en âge de marcher. Tu ne perds pas l’usage des mots bain, sieste, lecture, shopping, coiffeur ou tout ce qui inclut calme et volupté. 9) Un enfant n’a absolument aucun impact sur ton physique. Pas de varices, pas de quintal sur la balance, pas d’orteils qui disparaissent sous l’ombre de ton ventre, pas de vergetures ni de lutte acharnée avec toi-même pour rentrer dans ton jean un an et demi après l’accouchement. Ni vu ni connu je t’embrouille. 10) Enfin et surtout, ça n’attend rien de toi, un enfant. Pas d’engagement, pas de responsabilités, tu peux sauter en chute libre depuis un avion avec un parapluie, il comprendra quand il sera grand. Tu ne culpabiliseras pas en songeant à sa bouille d’amour quand il crache sa purée de carotte sur tes genoux, tu ne riras pas quand il ramène des gros mots de l’école, tu ne dégoulineras pas de tendresse quand il se serre contre toi parce qu’il a peur de l’orage, tu ne trouveras pas un nouveau sens à ta vie sous ses mots d’amour, tu n’en oublieras pas d’être égoïste parce qu’une paire de bras miniature se tend vers toi. Tu es plus forte que ça. Ps: si tu n'as pas encore voté, Lecteur/trice, donne-moi ton avis sur la couleur de fond du site! C'est sur le blog, c'est dans la colonne de droite et c'est la baston de la mort entre beige et blanc.
![]() Blasée, Antoinette. Mais genre blasée internationale, genre plus confiance en personne, genre son monde s’écroule. Vous comprenez, elle travaille dans la mode or dans la mode, c’est pire qu’au couvent. Parce qu’au couvent, on sait quel uniforme porter pour se faire accepter. Dans la mode, sans le bon look vous êtes has-been, mais le bon look, c’est subjectif. Faites une erreur de trois perles à la ceinture et c’est fini, votre réputation est grillée pour dix ans. Alors depuis six mois qu’elle cherchait du travail, elle s’est imposée une pression digne de la vache Milka sur les épaules. Cet entretien, elle devait l’assurer. Sa vie en dépendait. Oui, elle connaissait les rumeurs, la boss était folle mais pour être honnête depuis le temps qu’elle traîne dans la mode et le nombre de boss qu’elle a endurés, Antoinette peut vous garantir une chose : les gens posés et sains d’esprit y sont aussi rares –et précieux— qu’une surprise intéressante dans un œuf Kinder. Que porter ? Voilà une question bien triviale qui pouvait pourtant décider de la réussite professionnelle d’Antoinette. Elle a donc passé en revue son dressing avec Mimi et Fanny, ses colocs, sans y dénicher la perle rare. Va pour le shopping, un tour sur Net-à-porter, l’équivalent de deux mois d’allocations chômage et la voilà rhabillée. Denim brut, top léger, broderies, rayures et pois, sa tenue disait employez-moi, je suis une créative barrée mais hyper organisée. Si si, juré. Elle était donc parée, le book affûté et les nerfs dopés au Red Bull, prête à conquérir le monde dans son nouveau jean et son top léger, en talons sadiques et sacoche décalée, trois heures avant le départ puisque vous comprenez la tenue c’est comme un discours, ça se répète. Pointez-vous avec un coton encore raide de l’emballage ou un denim sans plis d’usure, là encore, votre fashion réputation se fait hara-kiri. Maquillée, coiffée, occupée à exécuter une série de fentes très lentement, les fentes pour assouplir le jean, lentement pour ne pas transpirer dans son top tout neuf. Elle était confiante. Puis Mimi a émergé de sa chambre en se grattant le nombril sur un bâillement avant de se figer net, et Antoinette a compris que le pire était arrivé. Quoi quoi quoi, a-t-elle hurlé délicatement. Rien, a menti Mimi. Balance grognasse, a vociféré Antoinette. Ben c’est tes cheveux, a soupiré Mimi. Quoi mes cheveux. Ben c’est fade. Le destin venait d’opérer l’un des ces saltos arrière dont il a le secret. De confiante, Antoinette est devenue verdâtre puisque Fanny l’a rapidement confirmé, son châtain terne sur le top léger avait l’énergie d’un président français. Mais quoi ? Elle n’allait pas se colorer les cheveux deux heures avant son entretien, non plus ? Une tresse, peut-être ? Un head band ? Une mandale dans leur tronche, aux deux casse-bonbons ? Pas de panique, a affirmé Mimi, elle savait exactement quoi faire. De nos jours sur les blogs, on trouve tout, y compris comment exécuter un « ombré » temporaire rose dragée en deux coups de cuillère à pot. Antoinette était moyennement convaincue, pour être franche, mais elle était à un battement de la crise d’arythmie, elle a décidé de se laisser faire. Si dans une heure le résultat n’était pas probant, il serait toujours temps de se laver les cheveux pour les plaquer en chignon. Sans doute aurait-elle dû se douter, face à ses deux copines hilares en pyjama Buzz l’éclair pour l’une, Pacman pour l’autre, que le plan serait forcément foireux, et pas qu’un peu. Mais pour ça, encore aurait-il fallu qu’elle soit en état de penser. Elle s’est contentée de s’assoir sur une chaise, les yeux fermés, priant Mère Térésa de la mener au bout du chemin sans encombre. Mère Térésa, franchement ! Elle aurait mieux fait de prier Anna Wintour. Ce qu’il faut savoir, c’est que Mimi est étudiante aux beaux arts. Elle n’avait pas de gouache sous la main, comme le conseillait le fameux blog, mais elle avait de la peinture à l’huile. Vous savez, celle qui sent l’usine chimique à cinq cent mètres et qui se dilue à la térébenthine. Les deux quiches ont donc appliqué sans se poser de questions un tube de magenta sur les pointes capillaires d’Antoinette, malaxant consciencieusement la mixture avant de paniquer devant l’effet tranche de jambon. Ont-elle exprimé leurs doutes ? Avoué leur méfait ? Rien du tout. Elles ont plongé sans moufter la chevelure ointe de peinture à l’huile dans la térébenthine, avec l’espoir naïf de diluer leur énorme boulette. Térébenthine qui a attaqué les écailles du cheveu, permettant aux pigments magenta de bien pénétrer en profondeur dans la crinière désormais cramée d’Antoinette, qui au silence de mort emplissant la salle de bains, a fini par ouvrir les yeux. Résumons. Pointes cramées, bien que huilées, d’un rose criard, souples comme une botte de foin et parfumées à la térébenthine. Crise de panique, mascara qui coule, traces noires sur le top léger. Drame. Antoinette avait l’élégance d’une péripatéticienne en fin de vie, et ce après huit rinçages à l’eau claire/shampoing/savon/après shampoing/soin. Si elle n’avait pas perdu la tête comme son illustre homonyme, elle avait du moins perdu ses cheveux, comme quoi le prénom, ça plombe un destin. Donc oui, blasée. Parce que le monde est fou. Parce qu’elle est tout de même allée à son entretien, le drame ramassé sous un foulard sombre. Parce que la DRH a fait tomber son stylo et qu’Antoinette, en gentille postulante qu’elle est, s’est penchée pour le ramasser. Le foulard a chu, les mèches roses avec, des restes de peinture à l’huile ont griffé le Balenciaga fauve de la DRH, l’enfer s’est déchaîné et tout ça, en une seconde et demie. Ô, génie ! Ô, idée, ô fashion, ô viens à moi Dieu de la hype et du marketing, maman t’attend. Voilà plus ou moins ce qu’a hurlé la boss tandis que la DRH contemplait son sac tagué avec un peu moins d’enthousiasme. Avant même d’avoir pu ramasser son foulard, Antoinette avait été prise en photo, félicitée, embrassée, avait promis, accepté, validé, brassé beaucoup d’air et peu d’idées, signé un contrat et perdu l’audition sous les couinements surexcités de la boss. Embauchée pour avoir peinturluré un sac Balenciaga de sa chevelure agonisante. Allez savoir pourquoi, elle a du mal à y trouver du sens. Ou du mérite. Et le pire, dans tous ça, c’est qu’elle va devoir remercier les deux Picasso de pacotille qui lui servent de colocs. |
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Mars 2018
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