![]() Quand on s’appelle Hortense, soit on se laisse pousser la moustache sur un cardigan qui gratte, soit on prend le contre-pied. Parce qu’elle en avait marre de se faire bombarder de pudding à la récré, elle a choisi le contre-pied : un bon sens de l’observation, quelques années de maturation et aujourd’hui, elle en remontre au plus cynique des dépressifs avec ses réparties au vitriol. La vie toute entière d’Hortense est affaire de compensation. Elle a compensé son prénom par la logorrhée argotique d’Eminem, la logorrhée par le look émerveillé de Mon Petit Poney et le look par des culottes en coton noir à tête de mort dignes d’une ado gothique. Son maquillage est noir et ses cheveux roses, son collier clouté et ses chaussettes en dentelle. Elle s’est arrêtée là puisque l’étape suivante, c’étaient les Tampax à la barbe à papa. Alors c’était évident, que les sites de rencontres ne sont pas faits pour elle. N’importe quel mec déduirait de son profil une personnalité un brin schizophrène, voire carrément flippante, et il n’aurait pas complètement tort. Ceci dit, lui a objecté Lucie, ils font pareil quand tu leur parles. Tu te pointes en dentelle et crinière dragée, ils pensent donzelle soumise et dîners fins, ils reçoivent vannes en rafale et surgelés, forcément les pauvres, ils sont perdus. Au moins avec un profil détaillé, ceux qui s’y frotteront sauront à quoi s’attendre. Le raisonnement devait receler une certaine logique, puisqu’Hortense s’est laissée convaincre : elle a laissé Lucie lui mitonner un profil, comment dire, détonnant, puis confirmé vingt fois que oui, c’est bien elle sur la photo et que oui, elle aime les films d’horreur de série B. Que non, elle n’est pas bizarre. Elle est unique et qu’ils aillent se faire tailler les poils par Freddy Krueger si ça ne leur plait pas. Étonnamment, l’un deux a franchi les étapes. Comme un spermatozoïde visant l’ovule, il a résisté, lutté, argumenté, et fatalement quand un homme résiste, lutte et argument simplement pour vous rencontrer, ça intrigue. Quand il a offert de l’emmener voir Requin géant contre crocodile mutant, elle a accepté. Qui pourrait refuser une proposition aussi alléchante ? Il avait vraiment l’air cool, ce type. Elle en avait le palpitant sur un trampoline. Elle s’est donc apprêtée avec soin, brushing Bisounours et smoky gothique, dentelle blanche et motardes en cuir, et puisqu’elle avait décidé de jouer le jeu, a concédé une ultime concession à Lucie, qui soutenait que déjà, avec le collier clouté, elle affichait la couleur : elle a changé de culotte. Juste pour le cas où l’image du spermatozoïde prendrait corps, qu’il ne lui fasse pas une crise d’angoisse au moment de virer la mousseline. C’est que la tête de mort sur le saint des saints, ça peut refroidir. Problème : depuis le temps qu’elle revendique le coton noir, son tiroir à merveilles ne recelait pas grand-chose d’autre, et elle n’avait plus le temps pour une virée shopping. Qu’à cela ne tienne, Lucie a déniché sous ses collants arc-en-ciel un vestige de l’adolescence période Lejaby, l’une de ses premières démonstrations d’indépendance, bien avant qu’elle trouve sa voie stylistique. Une adorable petite chose en dentelle bleue. Bleue, ça passe. Hortense a fléchi. Mais il avait intérêt à valoir le coup, Mr Spermato, parce qu’elle ne lui offrirait pas de passe-droit pour autant. Il devrait la mériter, la dentelle bleue. Voilà. Voilà le cheminement, le pourquoi du comment, l’instrument de sa perte : un site de rencontres et de la dentelle bleue. Enfin, pas vraiment de sa perte, mais… attendez. Qu’elle vous explique, maintenant qu’elle a surmonté. On ne sait pas pour vous mais Hortense, depuis ses dix-sept ans, elle a pris quelques grammes. Quelques centaines, bon. Disons que ses hanches ont plus de relief, et que ses fesses ont joué les radines sur les croissants, elles ont tout gardé. Affublez donc un fessier trentenaire de dentelle pré pubère, et vous comprendrez ce qu’Hortense a subi. Élastique qui glisse, dentelle qui gratte, couture qui dérape, l’objet du délit ne couvrait pas tout ce qu’il aurait dû couvrir et appelons un chat un chat, la culotte d’Hortense lui rentrait dans la raie. Hortense, familière du coton noir et pas du string invasif, absolument pas armée pour affronter pareille sensation. Hortense qui a donc passé les vingt minutes de trajet à se tortiller sur son siège de métro, avant de mettre la main à la pâte pour replacer la dentelle qui ne l’entendait pas de cette oreille. Ça l’énervait, Hortense. Plus ça l’énervait, moins elle était subtile, et elle attendait Mr Spermato. Ce qui devait arriver est arrivé. Vous vous dites qu’il l’a surprise en flagrant délit ? Que nenni. Dans un accès de rage, Hortense s’est précipitée dans les toilettes du Mac Do voisin, a retiré l’intruse et l’a fourrée au fond de son sac. Vous vous dites que Mr Spermato a eu un aperçu de la marchandise avant l’heure ? Non plus. Enfin, un peu. Puisque quand il est enfin arrivé, fidèle à sa photo et sexy comme un ZZ Top, elle a sorti la main de son sac pour la lui tendre. A la place, elle lui a tendu sa culotte en dentelle bleue accrochée à sa bague.
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![]() Pinterest est une mine de trésors, tu le sais, Lecteur/trice. Et si tu ne le sais pas, dis-toi que tu gagnes beaucoup, beaucoup de temps. Sur Pinterest, tu épingles pendant des heures du DIY que tu ne feras jamais, des recettes que tu ne cuisineras pas et des fringues que tu ne peux pas te payer, mais ça te rend heureuse. Va comprendre. Aujourd’hui, donc, je te présente la Fuck card que Pinterest a porté à ma vigilante attention. Oui, tu m’as bien lue. Et pour la peine, on expérimente une nouvelle page « Goodies » sur le site, depuis laquelle tu peux télécharger ta Fuck card version jpg ou pdf. Download, imprime, découpe, amuse-toi bien et raconte-moi, parce que je te l'assure, cette merveille de petite carte va transformer ta vie. Démonstration. Option 1 – Tu es en chaleur/en pétard/en pleine déprime ? Exprime-toi grâce à la Fuck card ! Rentrant d’une dure journée de labeur, ton chéri trouve, plantée dans le mur avec une fléchette ou glissée dans une coupelle de Monchéri selon l’humeur, la Fuck card dûment cochée. Il sait ainsi s’il doit se désaper illico, ressortir t’acheter des fleurs ou se faire la malle pour ne pas revenir. La Fuck card, c’est bon pour ton couple. Option 2 – Tu as organisé un dîner, tout est parfait, la musique, les roulés saucisse et les invités, mais entre les timides et les mal lunés, la sauce ne prend pas ? Qu’à cela ne tienne, anime ta soirée avec la Fuck card ! Déposes-en négligemment un petit tas sur la table basse et lance le jeu : chacun remplit sa carte, la planque, puis raconte sa journée en 1min chrono. Voyons si les invités devinent quelle case il a coché en fonction du niveau de sa journée. Tu peux même pimenter en remplaçant la narration par du mime, tu verras, ils en oublieront de manger. Pas de boire, par contre. La Fuck card, c’est bon pour tes amis, moins pour ton portefeuille. Option 3 – Un repas de famille moribond ? Recycle la Fuck card ! Tout le monde est là, Tonton a son chapelet bien en main et Mamie pique déjà du nez, éclipse-toi donc deux minutes avec ton marqueur. Sous le « fuck », tu as juste la place pour transformer l’objet en charmant porte-nom. Ajoute un bouquet de stylos dans la corbeille à pain et laisse mijoter, tu devrais obtenir un certain succès quand chacun cherchera sa place : entre Tonton qui s’insurge, Mamie qui coche scrupuleusement « everybody » et tes cousins qui la prennent en photo, tu réduis le fossé entre les générations. La Fuck card, c’est bon pour ta famille. Ah, cette grande phrase qu’on entend un peu partout : « de nos jours, on se sépare trop facilement ». Vrai. Mais pas si simple, et surtout, difficile de faire de généralités. Parce qu’on ne juge pas une relation de l’extérieur, parce que chaque histoire, chaque rupture n’est accessible qu’à ses protagonistes. En revanche, si tu me demandes mon avis, Lecteur/trice (tu peux toujours me dire non dans les commentaires mais soyons lucide, il sera déjà trop tard), je l’ai trouvé il y a peu sur Pinterest, parfaitement synthétisé. Une femme à qui on demande par quel miracle elle peut être mariée avec le même homme depuis 65 ans, et qui répond : « nous sommes nés à une époque à laquelle on réparait ce qui était cassé. On ne le jetait pas ». Voilà. Tout est dit. …de sortir avec un amateur de vintage 1) Il ne jette pas. Quand il déniche aux puces un vieux meuble bien patiné dont le pied lâche à peine installé dans l’appartement, il ne panique pas, il sort sa trousse à outils. Parce qu’il sait qu’un couple, comme un meuble, gagne en richesse à chaque fissure rafistolée.
2) Il aime le vieux. Plus tu vieillis, plus tu gagnes en valeur. L’amateur de vintage glorifie le temps qui passe, l’expérience qui sculpte et les épreuves qui patinent. Tes vergetures sont pour lui les veines sur le marbre. Sans elles, tu n’es qu’une pierre comme les autres. 3) Il est réactif. Il ne laisse jamais pourrir la situation. Habitué à veiller sur ses trésors avec la patience d’une mère pour son ado casse-bonbons, il ne te laisse jamais t’étouffer sur tes reproches. Tu craches, tu expliques, un coup de pâte à bois et vogue la galère. 4) Il est patient. Rodé aux mois de recherche à la poursuite de la perle rare sur les marchés aux puces, il ne s’imagine pas une seconde que tu sortiras de la salle de bains avant vingt minutes quand tu lui dis « je suis prête dans cinq minutes ». 5) Il est branché. L’amateur de vintage qui se respecte porte la barbe or au cas où tu aurais loupé le phénomène, la barbe est grave à la mode. Du coup, lui qui était jugé ringard il y a encore un an passe aujourd’hui pour un hipster, entre menton garni, lunettes en écaille et pantalon feu de plancher. 6) Il est attentif. C’est que du bon vintage, ça se guette, ça se traque, ça se surveille. Ça se mérite, quoi. Toi, tu es la cerise sur son gâteau, le trophée sur son podium, la chaise Louis XI dans une brocante du Gers. Et quand tu vas chez le coiffeur, il ne lui faut pas trois jours pour se dire que quelque chose a changé. 7) Il est drôle. Il ne le sait pas, mais quand il se lance dans un récit détaillé sur l’utilisation des pots de chambre au moyen âge, il est absolument hilarant. 8) Il est plein de ressources. L’amateur de vintage sait que tout problème à sa solution, qu’il s’agisse de termites dans un bureau art déco ou d’une lampe introuvable par les circuits classiques. Quand la paire de bottes que tu reluquais est signalée en rupture de stock, il sort son téléphone. 9) Il est économe. Pas besoin de te faire un dessin, il ne jette pas grand-chose. Pourquoi racheter quand on peut réparer ? 10) Il est rare. Et je sais, je vais passer pour une vieille réac mais je le pense. De nos jours, il est plus facile de tirer un trait et de passer au suivant que de lutter bec et ongles pour sauver son couple. Sauf qu’à jeter l’éponge avant de finir la traversée du désert, on ne découvre jamais l’oasis de l’autre côté, et voilà que je m’emballe sur la métaphore. Mamie se tait et retourne tricoter, promis. ![]() Colombe n’est pas une fan de mariages. Vraiment pas. Présentations, salutations, sourires crispés, jeux, karaokés et incontournables montages photo, temps qui s’étire et Macarena, mousseline et canapés, talons sadiques et populace imbibée, très peu pour elle, merci. Sauf que quand votre sœur se marie, se faire porter pâle devient un chouïa plus compliqué et que d’ailleurs, celle de Colombe l’avait promis, pas de jeux débiles, on allait rester classe. Réflexe idiot. Colombe lui a fait confiance. Elle a pris sur elle, serré les mains, signé le registre, pire, dédaigné le champagne pour mieux porter la traîne. La famille vaut bien toutes les privations, a dit sa mère, mais Colombe commençait à douter, salivant discrètement sur la traîne immaculée. Puis sa sœur a pris le micro, le marié a ramené un énorme carton et Colombe a carrément perdu la foi. Pimenter l’ambiance ? Comment ça, pimenter l’ambiance ? L’alcool coulait à flots et Tonton Jacques était en caleçon sur la balançoire, d’où ça sortait, pimenter l’ambiance ? Elle était malheureusement plus ou moins seule de cet avis, ou seule à jeun. La foule s’est ruée sur le carton. Casquettes à oreilles, hélices, casque distributeur de bière, les dignes costumes de cérémonie en ont pris un sacré coup et Colombe s’est dit que l’idée était authentiquement débile, mais qu’elle pourrait difficilement faire pire que sa mère, le brushing écrasé sous une corbeille à pain jurant terriblement avec sa robe Ralph Lauren. Et voilà. Voilà comment provoquer bêtement le destin et se retrouver en dernier devant le carton de chapeaux, la traîne toujours fichée entre deux doigts, un œil mortifié sur le dernier couvre-chef disponible. A savoir, des bois. Des bois maison, genre serre-tête et branchage, genre Bambi fait main, genre une fois plantés dans les cheveux, c’est à la vie à la mort. Genre what the fuck, sister. A peine le temps de couiner que sa frangine lui a planté l’immondice sur le bun, les pointes des branches profondément incrustées dans son joli chignon patiemment construit. Colombe a blasphémé, pour être honnête. Elle a gentiment prévenu la mariée qu’elle lui pourrirait sa lune de miel, expédié la traîne dans la poussière et tracé vers le champagne. Trois pas et elle éborgnait tata Jacotte, dix de plus, elle se coinçait la pointe dans la capeline de Simone, encore huit et elle embarquait le toupet de Christophe. Déjà, ça vous donne une idée de l’ambiance. Qui ne s’est pas améliorée lorsque voulant abandonner l’absurde coiffe, elle a réalisé ne pas pouvoir le faire sans un miroir et une pince à épiler, ses mèches emmêlées ayant d’ores et déjà formé dans les bois un joli treillage style toile d’araignée. Colombe a blasphémé de plus belle. Elle ruminait dans les bulles, l’honneur foulé et le cheveu traumatisé, lorsque l’inspiration lui est venue. Le châtiment se devait d’être exemplaire, autant commencer tout de suite. Après tout elle était demoiselle d’honneur, elle avait les clés de la suite nuptiale, oh la bonne idée ! Elle a vidé une deuxième coupe cul-sec, écarté d’une claque les cousins qui lui embrochaient des petits fours sur les bois et pris la direction du gîte d’un pas vengeur. La bave du crapaud n’atteint peut-être pas la blanche Colombe, mais la blanche Colombe est rancunière. C’est là que Papi, en costume bleu et antennes Télétubbies, l’a prise en photo. Et quand elle reverra la photo, plus tard, elle se dira que si c’était totalement incommode, elle n’avait pas si piètre allure que ça, menton pointé et hanche vengeresse, en chemin vers son destin, avec un rayon de couchant sur les bois. Malheureusement pour atteindre le gîte abritant la suite nuptiale, il fallait traverser le parc. Parc jonché, comme de nombreux parcs, d’arbres et de buissons. Colombe, avec ses escarpins Chloé pas du tout faits pour crapahuter dans un parc jonché d’arbres et de buissons, a patienté à peine trois cent mètres avant de planter un talon dans la glaise, de trébucher sur un tronc et de vaciller entre les feuilles. Pas tombée ! Même pas mal. Elle aurait pu voir la chute évitée comme un appel du destin mais les deux coupes de champagne cul-sec lui chatouillaient les neurones, faire demi-tour ne lui a même pas traversé le brouillard éthylique. Non, elle s’est plutôt penchée pour ramasser la clé de la suite nuptiale lâchée dans sa rencontre avec le tronc, et son destin a basculé. Vingt minutes qu’elle est là, au milieu du parc, tête en bas et fesses en l’air, les bois fichés dans un buisson épineux bien dense. Le buisson ne cède pas, les bois ne cèdent pas, si quelque chose doit céder, ce sera apparemment le scalp de Colombe et honnêtement, elle n’y tient pas. Elle n’a pas son portable, la nuit commence à tomber, elle a faim et vaguement mal au cœur, un peu peur de se vomir sur les Chloé, aussi, et elle commence à avoir mal au dos mais mon dieu, des pas, une voix ? Colombe se lâche, Colombe hurle. Le pote canon de son beau-frère tout frais débarque auprès de Colombe prosternée devant le buisson, avant d’exploser de rire et de repartir chercher un sécateur et un appareil photo. Karma is a bitch. ![]() Cher Lecteur/trice, hier avait lieu le défilé Printemps/été 2014 de Chanel et comme tu l’as peut-être lu, méga scandale, révolution fashion, Karl a fait défiler des sneakers en haute couture. De la basket brodée, lamée, pailletée of course, mais voilà, on ne parle plus que de ça. Pourtant ce qui m’a frappée, moi, ce ne sont pas les baskets, ni même la ligne « cropped » présente dans la quasi-totalité des silhouettes (genre ventre à l’air mais en trompe-l’œil : haut large jusqu’au-dessus du nombril, taille basse volumineuse et entre les deux, effet seconde peau, le tout décliné dans tous les styles et maîtrisé à la perfection). Non, bizarrement, j’ai scotché sur les sourires. Parce que oui, les mannequins de Karl souriaient et que soyons lucides, en dehors de chez Sonia Rykiel on ne se marre pas des masses, sur les podiums de la Fashion week. Au contraire, la tronche de bouledogue est gage d’élégance, et il est très rare de croiser un œil rieur à moins de s’appeler Kate ou consœurs, celles qui sont tellement connues qu’elles font presque de la charité en défilant, et qui du coup peuvent se permettre de ne pas suivre les consignes. Bref, je m’égare, tout ça pour te dire, Lecteur/trice, que plusieurs mannequins Chanel ont été immortalisées sur pellicule avec un sourire, parfois timide, parfois ravi, souvent magique, et que moi ça me réchauffe le cœur, ce genre d'évènement. Il m’en faut peu, je sais. Mais c’est comme ça, chez moi c’est les Bisounours sous acide, et un sourire sur un corps d’allumette dans une fringue sublime, ça me remplit de tout plein de choses toutes roses. Du coup pour la peine, deux bonnes nouvelles :
Bon. Ceux qui me connaissent un peu sont déjà morts de rire, sachant que j’ai tendance à me coucher très très tard pour me lever pas si tôt, mais je vous jure, j’aimerais vraiment réussir à être d’attaque aux aurores. C’est mon corps qui veut pas. Ou mon cerveau, ou peut-être les deux qui se liguent mais quoi qu’il en soit, aucun lien avec moi. Je dégage toute responsabilité quant à mes instincts de serial killer au petit déjeuner. La preuve, je lutte activement, je fais des listes. …de se lever très tôt le matin1) Ça gagne du temps. C’est un fait, à moins de se coucher le soir à 19h pour compenser, ça rallonge la journée. Et plus tu as de temps, plus tu peux faire de choses passionnantes, comme te légumer devant « mon incroyable mariage gypsy », émission de télé réalité sur Vivolta ô combien enrichissante. 2) C’est joli. Les oiseaux qui chantent, le jour qui se lève, la brume qui s’évanouit. Tu te sentirais presque virer mystique, voire religieuse, si tu n’étais pas encore en plein rêve torride incluant Ryan Reynolds et une table de cuisine. 3) C’est tranquille. Si tu te débrouilles bien et ce, peu importe le nombre de squatteurs chez toi, tu peux prendre ton petit déjeuner seule, autrement dit sans avoir à molester à coups de cafetière un énergumène insistant pour discuter et/ou mastiquant ses tartines avec une grâce toute bovine. 4) C’est inspirant. Ce calme absolu, ce fameux moment entre chien et loup, tu sens tes neurones qui vagabondent dans la prairie, tu es prête à écrire ton Ode au soleil sur la nappe de la cuisine avec la confiture de fraise. 5) C’est reposant. Puisque la quasi-totalité de tes fonctions cérébrales sont restées sur l’oreiller, te voilà temporairement libérée de toutes tes muselières inconscientes. Tu es bien dans ton corps, tu te trouves futée et spirituelle, tu ne culpabilises de rien, tu es libre. Profite, ça ne durera pas. 6) C’est économique. Quand tu allumes la lumière, tu es toujours en heure creuse. D’ailleurs puisque tu évolues les paupières encore soudées, parfois tu n’allumes même pas la lumière. 7) C’est bon pour la santé. Il parait, en tous cas. Mais j’imagine que puisque tu as du temps, tu es plus encline à te bouger jusqu’à la salle de sport pour te muscler l’arrière-train, et que ça, c’est bon pour la santé. 8) C’est zen. Avant les sonneries du téléphone, avant les hurlements des enfants, avant la liste de choses à faire, c'est toi face à toi-même, sans envie de meurtre et sans haine universelle. Sans cerveau, aussi, puisqu'il dort toujours. 9) C’est classe. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, c’est bien connu, et c’est toujours mieux vu en société d’annoncer un lever quotidien avec le chant du coq qu’avec les coups du facteur contre la porte d’entrée. 10) C’est un rêve. C’est bien d’avoir des buts dans la vie, même s’ils sont inatteignables puisqu’après quoi on court, quand on n’a plus rien à prouver ? Moi à 6h du matin, j'ai l'amabilité d'une hyène affamée en plein cycle menstruel et ce, que j'aie dormi quatre ou dix heures. J’ai plus de chances de me faire pousser des ailes que de me lever à 6h fraîche et dispose, les neurones au garde à vous. D'où une énorme marge de progression. Ps: si tu fais partie de ces étranges spécimens au taquet dès le matin, Lecteur/trice, explique-moi. Ça me dépasse. Et avant que j'oublie, envie d'un bon bouquin, quelqu'un? Si tu n'as pas eu l'occasion de lire La Boucle sur ce site, c'est drôle, c'est stressant, c'est touchant et c'est gratuit jusqu'à demain!
![]() Un tatouage, ça se mérite. Voilà ce qu’une décennie de lutte contre l’autorité parentale a appris à Apolline. En dépit d’argumentaires poussés et étayés de statistiques plus que convaincantes, elle a dû se contenter de dessins au Bic jusqu’à sa majorité. D’ailleurs même avec le Bic, elle devait se passer les bras à la grattounette avant de pouvoir passer à table. Qu’on ne dise pas qu’elle a eu la vie facile. A dix-huit ans elle s’est dit ça y est, jackpot, à moi l’encre et les aiguilles, les tatoueurs à crête et les magazines spécialisés. Que dalle ! Majorité ou pas, évasion du domicile familial ou pas, ses parents payaient toujours ses études. Tant qu’on t’entretient, pas de mutilation, si tu veux te massacrer le corps débrouille-toi pour gagner ta vie, voilà ce qu’ils répétaient en boucle et Apolline a eu beau tenter de les ignorer, elle s’est dit que c’était bien aussi, un diplôme. Pour payer les tatouages. Cela dit, elle s’est quand même offert quelques petites compensations histoire de passer le temps : elle n’a dragué que du tatoué, du piercé, du rasé, et les a tous consciencieusement ramenés en week-end chez ses parents. Maman passait son temps à faire barrage devant l’argenterie. Alors forcément, à vingt-cinq ans, diplôme en poche et premier contrat dûment signé après une très saine période de chômage – à vingt-cinq ans de nos jours, qui n’a jamais été au chômage n’a pas vécu – elle a fêté l’évènement chez le tatoueur. Un renouveau, une seconde naissance, le commencement d’une œuvre corporelle jamais achevée qu’elle avait dans la tête depuis ses douze ans, au bas mot. Qui sait, peut-être même rêvait-elle tatouages dans son berceau. Cinq ans, ça lui a pris, cinq ans et des kilos de crème anesthésiante, cette crème miraculeuse qui cesse de faire effet après trente minutes, sachant qu’elle passait chaque fois plus d’une heure sous les aiguilles. Oh oui, elle l’a méritée, son œuvre d’art. Même là maintenant tout de suite, elle ne les regrette pas. C’est Jojo, qu’elle regrette. Jojo est vierge de peau. Rien, pas un grain de beauté tatoué, blanc comme une étagère Lack Ikéa. Deux choses ont joué en sa faveur : 1) il était tellement pâle qu’il faisait joliment scintiller ses tatouages, à elle, 2) elle sortait d’une journée pourrie. Il a ramé, elle a cédé, il l’a faite rire, elle est restée. Et si on lui avait dit, à peine une heure plus tôt, sortant de chez son tatoueur favori le bras droit fièrement emballé de Scellofrais, qu’elle pourrait avoir envie de lui refaire le bronzage au chalumeau, à Jojo, Apolline aurait ri. Très fort. Elle aurait dit attendez les gars, c’est Jojo, mon Jojo, celui qui caresse mes tatouages du bout des doigts comme il caresserait un vitrail dans une église, celui qui a rayé la voiture du type qui m’avait viré, celui qui me raconte des histoires pour m’aider à dormir, celui que je pourrais écouter parler des heures de ses prêts bancaires, moi, la rockeuse tatouée à des endroits que lui seul connait. Mon Jojo, quoi. Tout a basculé en une heure. Il lui a tenu la main pendant toute la durée du tatouage, il s’est extasié, lui a offert une bière dans le bistrot voisin pour fêter ça, puis une autre, puis un verre de vin et un deuxième et une bouteille de champagne parce que les deux bras tatoués de haut en bas quand même, c’est champagne. Là, elle l’aimait encore plus que ses tatouages, c’est dire. Ensuite… ensuite pour être honnête, ils étaient un poil pompette. Juste un poil. Un cheveu, à la limite, un cheveu long. Toujours est-il que lorsque jojo a voulu immortaliser le bras gauche, celui qui est déjà cicatrisé, dans une ode à la rue poético-éthylique, elle a trouvé l’idée brillante. Elle pourrait peut-être envoyer la photo à des sites spécialisés, elle qui a toujours rêvé d’une parution. Ni une ni deux, elle a abandonné sa coupe, empoigné son sac à main et enfilé son manteau. C’est qu’on est en janvier, qu’il fait nuit et vraiment très froid. Jojo est remonté en quatrième vitesse récupérer son appareil photo et son sac – quand Jojo se prend pour Helmut Newton, il se déplace toujours avec un sac de matériel, flash, objectifs, laque, brosse etc, et les voilà devant un magnifique mur de brique, vacillants mais motivés, emplis de créativité vinicole. Froid ou pas, il faut souffrir pour réussir. Ou un truc du genre. Apolline a tombé le manteau, le gilet, le pull et le tee-shirt, ignorant bravement la chair de poule. Oh qu’ils sont beaux, ses tatouages. Plus près, a crié Jojo. Genre langoureuse, vas-y ma cocotte, attends j’ai une idée, faut que ça brille, que ça luise, et hop le voilà qui lui colle un coup de brumisateur en pleine tronche, histoire de mieux lutter contre le froid glacial. Apolline est une femme amoureuse. Et un peu pompette aussi, en tous cas elle a fait confiance à son homme. Plus près, qu’il a répété, pose ta joue sur la brique, avec le flash la lumière sera divine, tu vas emballer le Tattoorialist*, garanti ! Il a utilisé l’argument qui tue, le salopiau. Apolline veut par-dessus tout paraître sur le site du Tattoorialist. Elle a donc sagement obéi et collé sa joue au mur de briques. Sa joue humide. Sur le mur gelé. Alors voilà. Elle est collée. Il a plutôt intérêt à ce que la photo soit un chef-d’œuvre, son abruti de binôme, parce qu’elle est ventousée au mur, en débardeur par -10°C, en pleine rue et en pleine nuit, sous les regards des passants et des clients du bistrot dans lequel Jojo est parti en pleine panique chercher un pichet d’eau tiède. Tiède, qu’elle lui a hurlé de sa moitié de lèvre non engluée. S’il lui inonde le make-up d’un litre d’eau bouillante, ce n’est pas le bronzage au chalumeau mais l’appareil reproducteur au broyeur, qu’elle lui refait. Dimanche, procrastination intensive, télé, que faire ? Clips, of course. Disséquer les clips musicaux, découvrir les derniers trucs à la mode, détailler Miley qui caresse son ventre en creux ou Justin qui caresse son torse imberbe, me sentir vieille mais me gausser en pyjama/queue de cheval des nanas en micro short/ chaîne en or. Instants bénis.
Bref, un œil dans un magazine et le second sur la télé, je capte une chose étrange, comme ça, au détour d’un clip de Pink, une image de deux secondes à peine mais j’ai besoin de ta confirmation, Lecteur/trice. Va donc voir ici. Avance à 2’42 très exactement et dis-moi, honnêtement, ce que tu vois (essaye de ne pas te laisser distraire par le potentiel érotique de Carey Hart, il est marié, je te le rappelle). Moi, je vois ZE look of love et je sais, je suis une vraie lopette, chamallow bien déguisé etc, je te l’ai déjà avoué, je l’assume. Ce petit regard entre deux cabrioles m’a tout retourné le palpitant. Le regard-oxymore, celui qui dit tout et son contraire, qui dit « mais quel boulet » et « c’est la mienne », qui dit « t’es barge » et « je t’aime ». Ce petit truc incompréhensible qui fait que quand tu aimes, tu trouves hilarantes des blagues pas drôles du tout. Qui fait que tu caresses amoureusement un catogan, toi qui as toujours eu horreur des mecs aux cheveux longs. Ce petit truc qui fait que tu aimes un tout, pas des morceaux, et que même si tu soutiendrais le contraire sous la torture, tu ne changerais pas la moindre miette de ta moitié de binôme. Alors je te l’accorde, le look of love chez un Carey Hart fait un chouïa plus d’effet que le look of love chez un Gollum. Je te l’accorde aussi, le look of love c’est pire que la coke, et le sevrage est au moins aussi violent parce que ne nous leurrons pas, ça arrive qu’il plie bagage. Mais nous sommes en 2014, Lecteur/trice, rappelle-toi ce que je t’ai promis dans les articles précédents : underthinking, miracle de la vie. Le verre est à moitié plein, c’est déjà pas mal. Cher Lecteur/trice, tu commences à me connaître un peu, tu sais que je suis un Bisounours qui se rêve grizzli. Je voudrais être rockeuse badass, je ne suis qu’un chamallow bien déguisé, mais j’y crois quand même et j’essaye avec beaucoup d’ardeur. C’est pourquoi en cette nouvelle année je me suis dit fuck it, des résolutions, moi ? Que nenni ! Chuis une rebelle. J’fais pas comme tout le monde. Je vais faire des listes. Oui, des listes. Des listes pour me prouver à quel point c’est beau la vie après l’orage mais avant l’arc en ciel. Pour me prouver à quel point faut y aller, faut foncer, faut se lancer parce que de toute façon, il ne peut rien se passer de vraiment grave. La pensée positive, en somme, puisque j’aurais tout aussi bien pu faire des listes en sens inverse, m’objecteras-tu. Sauf que, te répondrai-je, ça ne m’aurait pas franchement aidée côté célébration du miracle de la vie, et que je ne suis pas maso. …d’être célibataire en 2014. 1) C’est économique. Plutôt que de te couper un bras pour offrir à Jules la virée en deltaplane de ses rêves, tu t’offres le joli sac à dos fleuri Marc by Marc Jacobs que tu zieutes depuis des semaines. Du coup, tu ne perturbes pas la migration des oies sauvages avec un vilain deltaplane. Et puis le sac est en toile, tu sauves des vaches.
2) C’est écolo. Tu peux faire l’impasse sur la douche quand tu te réveilles en retard, personne ne viendra te renifler d’assez près pour deviner. Tu participes donc à l'effort mondial d'économie aquatique, et tu en es fière. Tu envisages même de te laver les dents un jour sur deux, pour aider un peu plus. 3) C’est rebelle. Tu peux fumer deux paquets dans la soirée, descendre dix shots de vodka et finir l’aïoli à la cuillère, personne ne se plaint de ton haleine de fennec au réveil. Si ton singe en peluche pouvait parler, il en redemanderait même, c'est sûr. 4) C’est zen. Personne ne t'adresse la parole le matin au petit déjeuner, toi qui avant deux cafés et trois tartines a l'énergie de Droopy sous Prozac. On ne te parle pas politique, on ne te demande pas où sont les chaussettes à rayures bleues et on ne te dit pas que tu as l'air fatiguée. Ça fait toujours ça de violence conjugale en moins. 5) C’est gain de place. Le placard n’appartient qu’à toi, tu règnes sur le matelas, le frigo ne déborde jamais et la salle de bain est ton royaume. Même que parfois, tu ne ranges rien pendant quinze jours et tu ne te nourris que de Pépitos, juste pour te prouver que tu fais ce que tu veux quand tu veux où tu veux parce qu'ici, c'est chez toi. 6) C’est moderne. Pas besoin de te jeter à corps perdu dans la lutte ancestrale pour ta part de couette, comme le font les couples depuis la naissance de la peau de bête. La couette est à toi. Tu peux t'y enrouler comme une saucisse dans la pâte feuilletée et mariner toute la nuit sans que personne n'y trouve à redire. 7) C’est bon pour la santé. Parce que personne n’implante ses microbes directement dans ta bouche. Ça change tout. Et qu'en plus, puisque tu n’as pas besoin de t’agripper à la couette pour marquer ton territoire, tu dors mieux. Tu es bourrée d'anticorps hyper compétents. 8) C’est sexy. Tu peux twerker avec la grâce d’un gorille en rut dans ton salon et te convaincre que c’est torride, personne n’est là pour dire le contraire. Tu peux même arriver à te persuader que tu es bombastique avec ton pyjama Bambi et ta coupe à la Cindi Lauper (périodes 80's). 9) C’est propre. Pas de chaussettes dans le couloir, pas de liquide jaune à côté de l’abattant relevé, pas de poils de barbe incrustés dans les rebords du lavabo. Parce que sérieusement, c'est quoi leur problème avec les poils de barbe? On leur a intégré un filtre anti-poils, ou ils ont juste de la merde dans les yeux? "T'as vu, j'ai essuyé", qu'il claironne fièrement alors que tu scrutes avec désespoir la moitié de son système pileux agglutinée dans les joints. 10) C'est pas tout. Bon, en fait, il n’y a qu’une seule vraie raison bien valable et bien balèze au fait d’être célibataire en 2014. C’est qu’on est mieux seul que mal accompagné. Et maintenant à toi, Lecteur/trice, de poursuivre cette liste ou de commencer son alter ego. |
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Mars 2018
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