Cher Lecteur/trice, tu me connais. Ce qui va suivre n'a absolument rien d'autobiographique. Les situations sont fictives et toute ressemblance avec un fait existant serait une coïncidence fortuite. Je ne suis en aucun cas une loque humaine avec des courbatures à des endroits jusqu'alors inconnus et je ne me déplace actuellement pas avec la grâce d'une nonagénaire. Sur ce, je vais courir un marathon avant de démolir une grange à mains nues pour mieux préparer ma séance de saut en parachute. Soit ça, soit je vais cliquer toute la journée avec pour seul challenge une économie absolue de mouvements brusques dans l'attente du sacro-saint apéro du lundi. Ce n'est pas que j'y tienne, d'ailleurs, mais c'est prescrit par le médecin pour écarter tout risque de dépression du lundi. Je tiens à ma santé, tu comprends. très bonne semaine, Lecteur/trice. ...d'arpenter une ville à pied1. Parce que tu démarres toujours plein(e) de grands principes. Comment, payer du transport alors que tu as dix orteils, trois muscles et un grand soleil? Que nenni, la surconsommation ne passera pas par toi, tes pieds tu utiliseras.
2. Parce que quand tu démarres comme ça, tu ne te poses pas la question cruciale de la chaussure. Tu ne te dis pas que parcourir 20 kilomètres à pied en Converse pourrait bien rassembler à une idée foireuse. Tu ne dis pas non plus que la Converse est vicieuse et pourrait bien attaquer sournoisement la chair fragile de ton peton. 3. Parce qu'une fois que tu as démarré, tu t'autocongratules joyeusement de ta présence d'esprit en dégommant du piéton à coups de sac à main. Voire de sac de voyage, quand tu es particulièrement prévoyant(e). Ah, la joie du trottoir bondé de touristes. Tu es la boule de bowling sur le jeu de quilles, et que celui qui ose te défier frontalement vienne donc se frotter à l'ordinateur caché dans ton sac. Tu es de bonne humeur, tu lui laisseras deux dents. 4. Parce qu'après deux bonnes heures à ce train-là, tu commences à rêver de louer une pelleteuse pour dégager le trottoir. A défaut d'en avoir une sous la main, tu mets beaucoup d'entrain à te rappeler en quoi marcher plutôt que de prendre le métro était une si bonne idée, au départ, et éclates discrètement une paire de testicules qui sous prétexte de cohue, a la fâcheuse tendance de s’aimanter à ton arrière-train. 5. Parce qu'après trois heures à battre le pavé, l'affaire se transforme en défi, tu ne peux plus abandonner. Et puis d'ailleurs, ton ingénieuse idée de marteler le bitume en Converse te permet d'acquérir une conscience aiguë de ton petit orteil contre la chaussure et de la forme de ton talon contre la semelle, là où la peau est en train de se faire la malle. Personne n'a jamais dit que l'apprentissage de soi-même était une partie de plaisir. 6. Parce qu'après quatre heures, tu investis en Compeed ce que tu as économisé en transports, en espérant étrangement que le pansement magique va te rénover le peton de fond en comble. Je préfère te le dire, ce n'est pas le cas, et ça tiendrait même plutôt du cache misère. 7. Parce qu'après cinq heures, tu es capable de nommer un par un tous les muscles de tes jambes. Il y "nom de dieu ça tire", "purée ça fait maaaaaaal", le fameux "aïe aïe aïe aïe aïe aïe b*** de c*** " et le non moins célèbre "wtf depuis quand y a un muscle ici". Encore une fois, la connaissance n'a pas de prix. 8. Parce qu’après six heures, tu es capable de nommer le moindre recoin de la ville. Il y a « la place où j’ai perdu un orteil », « la rue où j’ai laissé trois tendons », « la ruelle où j’ai commencé à boiter avec dignité », « le carrefour où j’ai dit adieu à la dignité », et last but not least, « l’avenue où mon ampoule a éclaté et où j’ai décidé de me laisser mourir sur les pavés ». 9. Parce que vu que la mort tarde à venir, tu finis par ramper jusqu’à la première terrasse venue, fidèle à ta résolution de communier avec le grand air. Tu savoures ton thé glacé à 8€ avec brushing au monoxyde de carbone et lifting au tabac, et tu dis merci. D’ailleurs quand tu te faxes du fauteuil de bar au fauteuil de resto, tu te tamponnes le coquillard de ressembler aux serpillères de Fantasia post-lessivage, tu ne penses qu’à tes orteils en patate. 10. Parce que le lendemain quand tu remets ça, les muscles bien refroidis et l'ampoule au taquet, tu te dis que c'est juste le temps que ça réchauffe. Et quand tu envisages de braquer le môme qui te passe devant pour lui piquer sa trottinette, tu vas t'acheter des tickets de métro, insistant sur le fait que tu as quand même honoré ton engagement toute une journée, plutôt que sur le fait d’avoir investi en Compeed ce que tu as économisé en transports ou doublé ta fréquentation de terrasses de café pour éviter la gangrène. C’est beau, la volonté.
6 Commentaires
20/4/2015 12:53:39
Je crois que cet article est fait pour moi
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Mamzette
20/4/2015 17:17:52
C'était donc ça... et moi qui espérait qu'en faisant la démarche une fois par mois, je me découvrirais des fesses en béton... L'erreur est humaine, j'ai du confondre les mètres et les kilomètres, le reste du mois je fais 20 mètres par jour. Mais je suis une fille très optimiste.
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21/4/2015 11:59:19
du coup tu préconises quoi? faut aller à Décathlon pour le trio sac-à-dos- chaussures de marche-couverture de survie?Je ne vois que cette solution. Ou arrêter le shopping.
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Mamzette
21/4/2015 16:44:21
Pour les adroits, je préconise la trottinette. Pour les sportifs, le vélo. Pour les riches, la limousine. Pour les gens comme moi, ni riches ni sportifs ni adroits, la résignation pure et simple et/ou le deuil de pieds.
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Mamzette
27/4/2015 07:09:06
Et mon sport préféré :D
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